L’armée malienne a annoncé, ce mardi 14 novembre, son entrée à Kidal, ville stratégique du nord du pays, situé à quelques 1.500 kms de Bamako, où elle était absente depuis une dizaine d’années. Au-delà de la victoire militaire obtenue après plusieurs jours de combats acharnés entre les forces maliennes et la coalition des mouvements rebelles du CSP-CSD, la reprise de Kidal constitue un enjeu majeur de souveraineté pour les autorités maliennes qui ont fait de la reprise du contrôle de ce bastion de la rebelle touarègue, un symbole de la lutte contre le terrorisme et reconquête de l’intégrité du pays. Dans un bref message à la nation, le président de la transition, le colonel Assimi Goita, a salué le succès de l’opération qui selon lui, «ne vise exclusivement que la sauvegarde de l’unité nationale et de l'indivisibilité du Mali, ainsi que la lutte contre le terrorisme pour assurer la sécurité du territoire ». Des manifestations de joie ont aussitôt explosé à Bamako.
L’Armée malienne est enfin entrée à Kidal ! C’est la principale information qui cristallise l’actualité au Mali, et sur les médias nationaux et internationaux, ce mardi, quelques instants après l’annonce par le Chef d’Etat-major des Forces armées maliennes (FAMA) de l’entrée des soldats dans cette ville stratégique du nord du pays. « Le Chef d’état-major des Armées informe l’opinion nationale et internationale que les FAMa ont pris position dans la ville de Kidal ce mardi 14 novembre 2023 », a annoncé, un peu en milieu de journée, l'état-major sur les réseaux sociaux. Et de préciser que « les opérations se poursuivent tout en appelant les populations au calme et de les rassurer que « toutes les dispositions sont prises pour assurer leur sécurité ».
« Un tournant historique » selon Bamako Quelques instants après, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a dans un message lu au cours d'un flash spécial à la télévision d'Etat (ORTM), a déclaré qu’ « aujourd'hui, nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal ». Une déclaration qui marque un « tournant historique » dans la lutte contre le terrorisme au Mali, a commenté la Présidence malienne.
Selon le chef suprême des Armées maliennes, qui tenu à saluer « le succès de cette opération », cette avancée découle de l’application de la résolution 2690 (2023) des Nations Unies. Le colonel Goita a saisi l’occasion pour mettre en exergue « le courage et la détermination exceptionnels des FAMa au cours d’un raid intense mené ces derniers jours », infligeant d’importantes pertes aux groupes armés terroristes. (GAT). Il a cependant insisté sur le fait que « la mission n’était pas achevée », avant de rappeler « l’engagement continu à recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire ». Dans son message, le Président de la transition malienne a aussi rendu hommage aux victimes civiles et militaires tout en rappelant que « cette opération ne vise exclusivement que la sauvegarde de l’unité nationale et de l’indivisibilité du Mali, ainsi que la lutte contre le terrorisme pour assurer la sécurité du territoire ». Pour les jours à venir, il a assuré que les FAMa persévéreront dans leurs interventions, avec le soutien et la confiance totale du vaillant peuple malien. « Dans ces circonstances, la cohésion nationale est une bénédiction supplémentaire pour nos FAMAs », a conclu le Président de la Transition. Peu après ces deux annonces, des appels spontanés à des manifestations de joie pour marquer cette « victoire » ont inondé les réseaux sociaux et des regroupements populaires ont aussitôt été signalés à Bamako et dans plusieurs villes du pays.
Victoire symbolique mais aussi stratégique
Depuis quelques jours, les combats se sont intensifiés aux alentours de Kidal entre les FAMA, soutenus par des instructeurs russes du groupe militaire privée russe Wagner, et la coalition des mouvements rebelles et indépendantistes touarègues du CSP-CSD, auxquels se sont joints des groupes armés terroristes (GAT) notamment le JNIM, affilié à Al-Qaeda. C’est d’ailleurs ce dernier qui a pris, il y a quelques jours, le contrôle de l’ancien camp de la Minusma, après le retrait accéléré et précipité des casques bleus dans la région.
En fin de semaine dernière, une importante colonne militaire stationnée depuis début octobre à Anéfis, à environ 110 km au sud, s'était mise en branle en direction de Kidal. Elle a avancé progressivement avec le soutien de moyens aériens ainsi que de combats réguliers ayant fait des dizaines de victimes des deux côtés ainsi que des déplacés civils. Kidal est une ville stratégique du nord Mali, une région qui est depuis des années, le théâtre de divers conflits entre différents protagonistes notamment l’armée régulière, les mouvements rebelles et indépendantistes ainsi que les groupes terroristes ou jihadistes et les trafiquants de tout acabit.
Après le retrait, sous pression des autorités maliennes de transition, de la force française Barkhane puis celui cette année, et en cours, des casques bleus de la Minusma, l’escalade des violences s’est amplifiée suite à l’opération déclenchée par l’armée malienne pour le contrôle de l’ensemble du territoire nationales et principalement, la reprise des différents camps militaires, ce à quoi s’opposent les mouvements rebelles alors que les groupes terroristes tentent d’étendre leur emprise dans ces zones.
La Minusma a quitté son camp de Kidal le 31 octobre et ce mardi 14 novembre, le FAMa viennent d’y faire leur entrée, dix (10) ans presque après avoir quitté après notamment les défaites militaires subies en 2012 et 2014, face aux nombreux groupes indépendantistes et jihadistes qui depuis avaient mis la zone sous coupe réglée. Pour les FAMa, cette reconquête annoncée depuis longtemps et désespérément attendue à Bamako, sonne comme une revanche…
A.Y. Barma (actuniger.com)
Rien n'est impossible