Mali : l’ancien Premier ministre Choguel Maïga inculpé et écroué dans une affaire de finances publiques
L’ancien chef du gouvernement de transition, Choguel Kokalla Maïga, a été placé sous mandat de dépôt ce mardi, à l’issue d’une audition à la Cour suprême. Inculpé pour « atteinte aux biens publics, faux et usage de faux », l’ex-Premier ministre rejoint derrière les barreaux un autre ancien chef de gouvernement, Moussa Mara, arrêté il y a tout juste deux semaines. Une décision lourde de symboles qui survient dans un climat politique et sécuritaire déjà tendu au Mali.
Le ton était donné depuis une semaine. Placé en garde à vue le 12 août au sein du Pôle national économique et financier, Choguel Maïga a comparu ce matin devant les juges de la Cour suprême, en compagnie de huit de ses anciens collaborateurs. Tous devaient s’expliquer sur la gestion des deniers publics de la primature entre juin 2021 et novembre 2024, période durant laquelle M. Maïga a dirigé le gouvernement.
Selon des sources judiciaires, les accusations s’appuient sur des audits menés en janvier dernier par les services de l’État, pointant des irrégularités financières présumées – des allégations que l’intéressé a toujours catégoriquement rejetées.
Sérénité et loyauté affichées
Malgré la gravité des charges, l’ancien Premier ministre se dit « serein ». C’est du moins ce qu’affirme son avocat, Me Cheick Oumar Konaré, dans un post publié sur les réseaux sociaux. « Il estime qu’un homme politique doit s’attendre à tout, y compris la prison et la mort », a écrit l’avocat, ajoutant que son client se « réjouit très fortement » que son ancien directeur de cabinet, le professeur Issiaka Ahmadou Singaré, âgé de 80 ans, ait été « poursuivi non détenu » dans la même affaire.
Une forme de soulagement teintée de loyauté, caractéristique d’un homme qui, même disgracié, semble garder le sens du collectif.
Une chute orchestrée ?
Pour de nombreux observateurs, cette incarcération n’est pas une surprise. Elle s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre l’ancien Premier ministre et la junte au pouvoir, qu’il a publiquement critiquée après son limogeage en novembre dernier.
Choguel Maïga avait alors fustigé ce qu’il qualifiait de « gestion clanique » du pouvoir, dénonçant des atteintes aux libertés et accusant les militaires de renoncer à leur promesse de rendre le pouvoir aux civils après des élections initialement prévues pour mars 2024. Des prises de parole perçues comme une trahison par certains cercles du pouvoir.
Cette inculpation intervient alors que la transition malienne traverse une zone de fortes turbulences. Plusieurs officiers et généraux ont récemment été arrêtés à Bamako, soupçonnés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État.
Nommé en juin 2021 par le colonel Assimi Goïta, chef des militaires au pouvoir depuis le coup d’État de 2020, Choguel Maïga avait dirigé la primature jusqu’en novembre 2024 avant d’être limogé.
Commentaires
Tout celui qui soutient ces 3 juntes criminelle finira par regretter