AN2 du CNSP : le Président Tiani exhorte les Nigériens à l’unité et à la résilience face aux défis

À l’occasion du deuxième anniversaire de l’arrivée au pouvoir du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le Général d’armée Abdourahamane Tiani, Président de la république a livré ce vendredi 25 juillet 2025, un discours d’une densité politique rare, à la fois austère dans le ton, solennel dans le fond, mais surtout ancré dans une rhétorique de combat long et de résilience collective.

Dans un contexte de tensions multiples — isolement diplomatique relatif, pression sociale grandissante, guerre informationnelle et attentes internes toujours plus pressantes — le président nigérien a choisi une posture d’endurance politique. À travers ce discours, il n’a pas cherché à séduire ni à promettre des miracles : il a appelé le peuple à faire bloc, à endurer, à comprendre, et à s’engager. Une rhétorique que l’on peut qualifier de mobilisatrice, qui fait de la résilience et de la solidarité nationale les seules réponses possibles aux défis d’une transition mouvementée.

Le peuple comme bastion de la souveraineté

Dès les premières lignes de son allocution, le président installe un registre de reconnaissance et de communion : « Cela fait déjà deux ans que nous sommes résolument engagés, tous ensemble… » L’usage du « nous » n’est pas fortuit. Il est une tentative de rétablir un lien direct, presque fusionnel, entre le pouvoir de transition et la population, dans une logique d’appropriation populaire du changement.

En se présentant comme simple dépositaire d’une volonté collective de souveraineté, le Président Tiani inscrit son action dans un récit plus large que sa seule personne ou que le CNSP lui-même : celui d’un peuple enfin levé pour reprendre sa destinée en main, contre l’« ordre néocolonial » accusé d’avoir réduit le Niger à un statut de vassal.

L’adversité comme constante de la transition

Le cœur du discours repose sur une affirmation centrale : le chemin choisi est le bon, mais il sera dur. Tiani ne nie ni les difficultés ni les doutes, il les accueille même dans son argumentaire. Il reconnaît « la complexité de la situation », les sacrifices consentis, les effets immédiats mais brutaux des pressions économiques, sécuritaires et diplomatiques. C’est ici que sa rhétorique prend toute sa consistance : transformer les épreuves en preuves de grandeur, les obstacles en raisons de tenir bon.

Face à ce qu’il qualifie de « guerre informationnelle implacable », de subversions économiques et de manipulations politiques, il oppose une foi presque stoïcienne dans la capacité du peuple nigérien à « faire face victorieusement », armé de patience, de travail, et d’unité. L’adversité, dans ce récit, n’est pas une défaite : c’est une confirmation que le pays a quitté la voie de la soumission.

Construire un “nous” résilient

Tout au long du discours, le Général d'armée Tiani articule son message autour de la résilience comme ciment national. Il en appelle à une forme de discipline collective, à un engagement soutenu dans l’effort national, mais surtout à une lecture patiente et lucide du temps politique. À ceux qui attendent des résultats immédiats, il oppose une temporalité du long terme : « Aucun grand projet politique à l’échelle d’un pays ne s’est réalisé dans la précipitation… »

C’est ici que s’installe une tension fondamentale du discours : comment maintenir la mobilisation populaire sans livrer de résultats tangibles dans l’immédiat ? Tiani parie sur une légitimation différée par les institutions refondées (Cour d’État, Cour des comptes, Conseil Consultatif), sur quelques symboles de réussite (absence de soudure alimentaire grâce au programme d’irrigation), et sur la charge émotionnelle de l’histoire et de la foi.

La rhétorique du choix existentiel

Un passage clé de son allocution résume sa vision stratégique : le Niger aurait à choisir entre deux lignes irréconciliables — celle de la soumission et celle de la dignité souveraine. L’objectif est clair : enfermer toute critique ou doute dans un dilemme binaire. Toute opposition devient potentiellement suspecte de sympathie pour l’ancien ordre ; toute réserve peut être perçue comme un manque de patriotisme.

Ce choix assumé de la rupture est renforcé par la référence constante à la Charte de la Refondation, issue des Assises de février 2025. Tiani l’érige en nouveau contrat social, légitimant la lenteur du processus par la nécessité de reconstruire l’État sur des bases souveraines, enracinées dans des valeurs nationales.

La spiritualité comme levier de cohésion

Fait notable : le président termine son discours sur une tonalité spirituelle assumée. Il invite à la prière collective, réduit les festivités officielles à des séances de lecture du Coran et invoque la rahama divine pour accompagner les projets du pays. Cette dimension n’est pas anodine : dans un contexte d’insécurité persistante et de fatigue sociale, la foi devient un outil politique puissant de cohésion, de patience et d’acceptation du présent au nom d’un avenir promis.

Le discours du 25 juillet 2025 n’était pas un discours de célébration. C’était un discours d’endurance. En appelant à la résilience, à l’unité, à la patience et au travail, le président Tiani cherche à consolider une base sociale de soutien autour du CNSP, à contenir les frustrations montantes, et à fixer le cap d’un projet de long terme.

Abdoulkarim (actuniger.com)