Rentrée judiciaire 2025-2026 au Niger : le Président Tiani appelle à une refondation profonde de la justice

Le Centre international de conférences Mahatma Gandhi a servi de cadre, ce vendredi 12 décembre 2025, à la cérémonie solennelle de la rentrée judiciaire 2025-2026 placée sous le thème « La Justice : défis et perspectives dans le contexte de la Refondation ». Un rendez-vous majeur pour l’institution judiciaire, placé cette année sous le sceau de la refondation, et présidé par le Chef de l’État, Son Excellence le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, Président de la République et Président du Conseil supérieur de la magistrature.
La cérémonie s’est déroulée en présence du Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, Ali Mahaman Lamine Zeine, des membres du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), du gouvernement, des présidents des institutions de la République, ainsi que des chefs de missions diplomatiques et des représentants des organisations internationales accrédités au Niger. Le monde judiciaire était fortement mobilisé, aux côtés de nombreuses personnalités invitées.
Fait marquant de cette rentrée : la participation du ministre burkinabè de la Justice et des Droits humains, Edasso Rodrigue Bayala, témoignant, selon les autorités nigériennes, de la dynamique de solidarité et de coopération entre les pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES).

La justice au cœur de la refondation
Dans un discours dense et structuré, le Président Abdourahamane Tiani a rappelé la portée symbolique et politique de cette rentrée judiciaire, la situant dans le contexte particulier que traverse le Niger depuis le 26 juillet 2023. « Notre pays vit incontestablement l’un des moments les plus riches et les plus décisifs de son histoire politique », a-t-il affirmé, évoquant l’exercice de la souveraineté nationale, la défense des intérêts de l’État et la nécessité d’un nouveau cap pour le développement économique et social.
Pour le Chef de l’État, aucun secteur n’échappe à cette dynamique de remise en question, mais la justice occupe une place centrale. « Elle est le socle sur lequel doit reposer toute société qui aspire à la paix et au progrès », a-t-il insisté, soulignant que la refondation engagée place la justice et la justice sociale au premier plan.
C’est dans cet esprit qu’a été retenue la thématique de la rentrée : « La Justice : défis et perspectives dans le contexte de la Refondation ».
Un appel à l’autocritique et à des réformes concrètes
Sans détour, le Président du Conseil supérieur de la magistrature a invité les acteurs judiciaires à un examen lucide de leur institution. Il les a exhortés à s’interroger, sans complaisance, sur la perception de la justice par les citoyens : la confiance du public, les insuffisances du système, les réformes nécessaires et les responsabilités nouvelles de la justice dans la défense de la souveraineté nationale et des intérêts de l’État.
« Le peuple au nom duquel la justice est rendue est-il satisfait de sa justice ? », a-t-il lancé, appelant à des propositions « concrètes et réalistes » et à des réformes pragmatiques, loin des simples ajustements de textes juridiques.
Sur la question des moyens, le Chef de l’État s’est voulu à la fois réaliste et rassurant. Rappelant les sacrifices consentis par les Forces de défense et de sécurité et l’effort national autour du Fonds de solidarité, il a exclu toute promesse « irréaliste et démagogique », tout en assurant que le gouvernement continuera d’accompagner la justice dans l’accomplissement de sa mission.
« La justice est d’abord une question d’homme »
Dans l’un des passages les plus marquants de son allocution, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani a livré une réflexion personnelle sur l’essence même de la justice. « La justice est avant tout une question d’homme », a-t-il déclaré, évoquant successivement le rapport du magistrat à la vérité, au droit et à la société.
Selon lui, la noblesse de la fonction judiciaire ne réside pas seulement dans la maîtrise du droit, mais dans son usage au service de la vérité et de l’intérêt général. Les décisions rendues, a-t-il souligné, définissent à la fois les magistrats et l’image de la justice aux yeux de la société.
En conclusion, le Président de la République a rappelé que la refondation de la justice figure en bonne place dans sa vision pour un Niger « véritablement indépendant et prospère », exprimant sa confiance dans l’engagement du corps judiciaire et du peuple nigérien pour relever ce défi.
Cette rentrée judiciaire 2025-2026 s’ouvre ainsi sur une interpellation forte et une responsabilité partagée : faire de la justice un pilier crédible, respecté et au service des aspirations profondes de la nation nigérienne.






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