Dissolution des syndicats de la justice : TI-Niger exige l’abrogation, le respect des libertés syndicales et appelle à la mobilisation internationale
La décision du ministère de l’Intérieur de dissoudre cinq syndicats majeurs du secteur judiciaire continue de susciter de vives réactions. Face à la dissolution de cinq syndicats du secteur judiciaire par le ministère de l’Intérieur, Transparency International Niger dénonce une violation grave de l’État de droit et des engagements internationaux du pays. L’organisation réclame l’annulation immédiate des arrêtés, la garantie des libertés syndicales pour les magistrats et appelle la communauté internationale à se mobiliser contre ce qu’elle qualifie de « démantèlement de l’État de droit ».
Par une série d’arrêtés signés le 7 août 2025, le Syndicat National des Agents de la Justice (SNAJ), le Syndicat Autonome des Magistrats du Niger (SAMAN), le Syndicat Indépendant des Magistrats du Niger (SIMAN), le Syndicat des Cadres et Agents du Ministère de la Justice (SYNCAT) et l’Union des Magistrats du Niger (UMAN) ont été purement et simplement dissous. Officiellement, cette décision s’appuie sur l’ordonnance n°84-06 de 1984, mais TI-Niger rappelle que ce texte ne régit pas l’exercice syndical et considère cette base juridique comme une « manœuvre politique inacceptable visant à museler la voix des magistrats ».
Une remise en cause frontale des contre-pouvoirs
Pour l’organisation anticorruption, ces syndicats jouaient un rôle central dans la défense de l’indépendance judiciaire et la lutte contre la corruption au sein des institutions. Leur disparition « affaiblit délibérément les contre-pouvoirs nécessaires à toute démocratie » et ouvre la voie à « une ingérence politique accrue dans le fonctionnement de la justice », avec le risque de compromettre son impartialité.
Des engagements internationaux bafoués
TI-Niger souligne que cette mesure viole plusieurs instruments internationaux auxquels le Niger est partie, dont la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que les conventions 87 et 98 de l’Organisation internationale du travail, qui interdisent toute dissolution administrative d’organisations syndicales. « En agissant ainsi, les autorités fragilisent la confiance des citoyens envers l’État et méprisent leurs engagements internationaux », insiste l’organisation.
Trois revendications claires
Selon TI-Niger, cette décision s’inscrit dans un climat politique tendu, où les libertés civiles se restreignent depuis le coup d’État de juillet 2023, les syndicats, la société civile et les médias sont progressivement muselés, et les textes juridiques sont instrumentalisés pour légitimer des atteintes aux droits fondamentaux.
L’ONG met en garde contre « un risque très élevé de dérive autoritaire » qui rendrait « impossible toute lutte efficace contre la corruption » dans un contexte de justice affaiblie.
Face à cette menace, l’organisation hausse le ton et formule trois exigences claires. TI-Niger exige l’abrogation immédiate des arrêtés de dissolution, le respect des libertés syndicales avec la protection des magistrats contre toute pression politique, et appelle la communauté internationale à rappeler au Niger ses obligations en matière de droits humains.
Enfin, l’organisation exhorte les acteurs nationaux et internationaux – partenaires techniques et financiers, défenseurs des droits humains, journalistes et citoyens – à s’opposer à ce qu’elle qualifie de « démantèlement de l’État de droit ».
« La lutte contre la corruption ne peut prospérer sans une justice indépendante et sans voix libres », rappelle TI-Niger, citant l’article 11 de la Convention des Nations Unies contre la corruption.
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