Gestion des déchets urbains à Niamey : un casse-tête devenu urgence publique

À Niamey comme dans la plupart des grandes villes du Niger, la gestion des déchets urbains demeure l’un des défis les plus complexes auxquels les autorités doivent faire face. Entre manque de moyens, croissance démographique galopante et comportements inciviques, le système peine à suivre le rythme d’une capitale en pleine expansion.
Selon M. Sékou Abdoul Aziz Mahamadou, Chef du service assainissement et hygiène de la Ville de Niamey, les obstacles sont « multiples et multiformes ». Ils touchent aussi bien la stratégie globale que l’organisation institutionnelle, l’aménagement urbain et même, dit-il, « l’aspect humain », un maillon essentiel souvent négligé.
Les conséquences d’une mauvaise gestion des déchets ne se limitent pas aux tas d’ordures qui s’entassent au coin des rues. Elles se répercutent directement sur la santé publique, polluent les sols et l’air, et pèsent sur l’économie locale. « Sur le plan sanitaire, c’est toute la population qui est exposée ; sur le plan environnemental, la pollution gagne du terrain ; et sur le plan économique, c’est l’attractivité même de la ville qui en souffre », explique le Responsable municipal.
Pourtant, les leviers existent. M. Sékou Abdoul Aziz insiste sur la nécessité d’une stratégie mieux structurée, de points de déversement fonctionnels et, surtout, d’une participation citoyenne plus active. « La gestion des déchets n’est plus seulement l’affaire des collectivités. C’est devenu un enjeu stratégique qui nécessite l’implication de tous », affirme-t-il.
Des dépotoirs officiels… mais des pratiques encore disparates
À Niamey, chaque quartier dispose théoriquement d’un dépotoir officiel. Mais sur le terrain, la situation est loin d’être uniforme. Certains espaces sont gardés, d’autres non. Les fréquences d’enlèvement varient, tout comme la disponibilité des “bagues à ordures” selon les zones. « La gestion des déchets est une chaîne. Et à chaque maillon, il y a des acteurs », rappelle le Chef de service, soulignant l’importance d’un système cohérent pour éviter la prolifération de points de dépôt anarchiques.
Une fois collectés, les déchets sont acheminés vers deux ou trois carrières situées autour de la ville, qui servent de zones de stockage temporaires. Une solution partielle, mais encore insuffisante face à l’augmentation continue des volumes produits.
Initiatives locales et sensibilisation : un chantier toujours ouvert
Pour améliorer la situation, la Ville de Niamey multiplie les actions de sensibilisation auprès des ménages comme des agents de la garde sanitaire. Elle s’appuie aussi sur les journées de salubrité instaurées chaque dernier dimanche du mois. Mais le Responsable municipal reste lucide : sans un changement durable des comportements, les progrès resteront fragiles.
« Les dépotoirs sauvages commencent à diminuer, mais le combat n’est pas terminé », assure-t-il. Plusieurs projets sont d’ailleurs en cours pour renforcer la stratégie d’assainissement, dont l’un des plus ambitieux consiste à créer une vaste décharge publique officielle. « La Ville de Niamey a acquis près de 100 hectares pour accueillir le futur site de dépôt final des déchets », annonce-t-il, voyant dans cette infrastructure un tournant décisif.
À l’heure où Niamey aspire à devenir une capitale plus moderne, plus propre et plus attractive, M. Sékou Abdoul Aziz Mahamadou appelle les habitants à une prise de conscience. « Dans cette nouvelle ère de refondation et de résilience, chacun doit s’engager pour le développement de notre territoire. Notre ville doit devenir un lieu d’attractivité et de fierté », plaide-t-il.
La balle est désormais dans le camp des institutions, mais aussi — et peut-être surtout — dans celui des citoyens. Car sans une mobilisation collective, le casse-tête des déchets urbains risque de perdurer encore longtemps.
(actuniger.com) avec ANP



