AES – Un an après : le REJAES en première ligne pour défendre la souveraineté par la communication

Niamey, 14 juillet 2025 — Un an après la fondation historique de la Confédération des États du Sahel (AES), le Réseau des Journalistes de l’AES (REJAES) a organisé ce lundi 14 juillet un point de presse au Stade Général Seyni Kountché. Devant un parterre de professionnels des médias, d’autorités étatiques et de partenaires, le président de CAP-Niger, M. Moudi Moussa, a livré un message fort : saluant les avancées de l’intégration souverainiste, il a réaffirmé l’engagement du réseau à mener la bataille de l’information à travers un journalisme éthique, rigoureux et résolument engagé au service de l’AES.

Le point de presse du REJAES a réuni plusieurs figures de premier plan, dont l’ambassadeur Adani Illo, président du Comité national pour l’opérationnalisation de l’AES, Halima Mamane, conseillère en communication à la Présidence, Moudi Moussa, président de CAP-Niger, ainsi que des responsables de médias publics et privés, et de plusieurs autres invités.

AES : Un an après, l’intégration par les actes – les journalistes en première ligne contre la guerre de l’information

« Ce n’est pas une organisation de plus, c’est une rupture. » D’entrée de jeu, Moussa Moudi, président de CAP-Niger, a donné le ton. Pour lui, le 6 juillet 2024 marque un tournant historique : « Ce jour-là, à Niamey, nos trois pays ont acté leur volonté de rompre avec les modèles d’intégration inefficaces pour bâtir une alliance fondée sur la souveraineté, la solidarité et la sécurité collective ».

Un an après la signature de la Charte fondatrice, les résultats sont au rendez-vous. Moussa Moudi a listé les avancées concrètes obtenues en quelques mois, preuve selon lui que « la souveraineté n’est pas un slogan, mais un projet opérationnel » : création de l’Agence d’Exécution des Projets de Développement, installation des Comités Nationaux d’Opérationnalisation dans les trois pays membres, déploiement d’une Force Unifiée de plus de 5 000 hommes, et lancement de la Banque Confédérale d’Investissement dotée d’un capital de 500 milliards de FCFA. Autant d’initiatives traduisant, selon ses termes, « une capacité de mobilisation rapide face aux urgences régionales ».

Mais au-delà des avancées institutionnelles, le combat se joue aussi sur le front médiatique. Dans un environnement saturé de récits hostiles, de désinformation et de campagnes d’influence, le REJAES entend se positionner comme le rempart de la souveraineté narrative. « Certains médias internationaux parlent de désintégration alors que nous bâtissons l’unité la plus audacieuse depuis l’indépendance », a dénoncé Moudi, plaidant pour une « information patriotique mais rigoureuse ».

Le réseau a ainsi réaffirmé les engagements pris lors du symposium de novembre 2024 : renforcer les dispositifs de vérification, y compris via l’intelligence artificielle, produire des contenus pédagogiques enracinés dans les réalités sahéliennes, et donner une plus grande visibilité aux voix des jeunes, des femmes et des communautés marginalisées.

Autre axe stratégique : la création d’une plateforme panafricaine des journalistes de l’AES, destinée à mutualiser les ressources éditoriales, renforcer les capacités et maintenir une ligne éditoriale cohérente, fidèle à l’esprit de la Confédération.

Enfin, Moudi Moussa a salué l’initiative du gouvernement burkinabè qui a récemment débloqué une enveloppe de 320 millions de FCFA en soutien aux médias publics, appelant les autres États membres à emboîter le pas. Il a également insisté sur l’urgence de la mise en place de l’Observatoire national de la communication au Niger, conformément aux recommandations issues des Assises nationales pour la refondation.

Un appui stratégique salué par les autorités : Adani Illo souligne l’urgence d’ancrer la Confédération dans les esprits

Prenant la parole à la suite du président de CAP-Niger Moudi Moussa, l’ambassadeur Adani Illo, conseiller diplomatique du président nigérien et pilote du Comité d’opérationnalisation de l’AES a détaillé avec précision les enjeux de la bataille médiatique qui se joue autour de la jeune Confédération.

Il a tenu à saluer l’engagement du réseau des journalistes dans le processus de consolidation de l’AES « En si peu de temps, vous avez accompli un travail remarquable, au pas de charge, conforme au rythme imposé par les exigences de construction de cette Confédération », a-t-il déclaré d’emblée, en insistant sur la rapidité inédite du passage, en dix mois seulement, d’une alliance militaire à une véritable entité géopolitique intégrée.

Il a ensuite levé le voile sur les missions du Comité nigérien qu’il dirige depuis sa création en avril 2024, premier organe du genre dans l’espace AES. Fort de vingt membres sélectionnés sur la base de leur fonction ou de leur expertise, ce comité travaille sur quatre axes stratégiques : la réflexion sur les enjeux géopolitiques, la préparation des organes de gouvernance de la Confédération, la formulation de propositions concrètes à l’attention des autorités, et la coordination des actions institutionnelles liées à l’AES.

Mais au-delà de la structuration, Adani Illo a martelé une priorité : la communication. Vulgariser, sensibiliser, déconstruire les récits hostiles — telles sont, selon lui, les conditions sine qua non de la réussite du projet. « Il faut que chaque citoyen, de Niamey à Diffa, en passant par Tillabéri et Tahoua, comprenne le sens et la portée de cette Confédération », a-t-il insisté, en appelant à une mobilisation médiatique d’envergure nationale.

Reconnaissant le manque d’expertise interne en matière de communication stratégique, il a exprimé la volonté du comité de collaborer étroitement avec les médias publics et privés, afin d’« ancrer le message dans le conscient et le subconscient collectif ». Il a notamment souligné que la refondation de l’État et la construction de la Confédération sont deux processus indissociables, nécessitant une nouvelle culture administrative et un narratif de développement enraciné dans les réalités sahéliennes.

Enfin, tout en soulignant les obstacles exogènes auxquels la Confédération fait face, notamment l’hostilité de certains acteurs extérieurs, il a réaffirmé la nécessité de renforcer la résilience interne par une communication de proximité.

Ce point de presse a permis de rappeler que la construction de l’AES ne saurait être dissociée d’un vaste projet de refondation de l’État. Il s’agit, selon les responsables présents, de tourner le dos à des administrations jacobines et mimétiques pour bâtir des institutions enracinées dans les réalités sociales et politiques sahéliennes.

Abdoulkarim  (actuniger.com)