Pluies diluviennes à Agadez : deux morts et d'importants dégâts, la ville les pieds dans l'eau
La ville d’Agadez, habituellement connue pour son climat aride et ses paysages sahariens, s’est réveillée sous un déluge jeudi 10 juillet. Des pluies torrentielles, avec un cumul exceptionnel de 68 mm enregistré à l’aéroport, ont transformé les rues d’Agadez en torrents, emportant sur leur passage deux vies - une femme et un enfant - et causant d’importants dégâts matériels, selon la Mairie d'Agadez. Une tragédie qui rappelle cruellement la vulnérabilité des zones urbaines face aux aléas climatiques, même en plein désert.
En quelques heures, le spectacle était apocalyptique : des quartiers entiers submergés, des véhicules calés dans des eaux boueuses, des murs d’habitations effondrés sous la pression des flots. Les images partagées sur les réseaux sociaux montrent une Agadez méconnaissable, où les habitants pataugent dans une eau montant jusqu’aux genoux.
Les autorités locales ont rapidement activé un comité de crise, mobilisant Protection civile, Forces de défense et de sécurité (FDS) et volontaires pour secourir les sinistrés. « Toutes les équipes de secours, d'intervention et de sauvetage à travers le comité chargé des inondations, en collaboration avec la protection civile et les FDS, ont été mobilisées », a indiqué la mairie dans un communiqué urgent. Mais pour deux familles, l’aide est arrivée trop tard : une mère et un enfant ont péri, victimes des crues soudaines.
Dès jeudi soir, l’administrateur délégué de la Commune Urbaine d’Agadez, le chef de bataillon Assarid Almoustapha, accompagné du secrétaire général et des chefs des services techniques, a effectué des visites de terrain pour évaluer l’ampleur des dégâts causés par les fortes précipitations. Face à la situation, il a lancé un appel à la vigilance : « Ces pluies rappellent l’urgence d’adopter des comportements responsables ».
Les services météorologiques surveillent de près l’évolution de la situation, craignant de nouvelles précipitations dans les heures à venir. Un scénario qui inquiète les secours, déjà débordés par les premiers dégâts : maisons fissurées, commerces inondés, routes impraticables.
Si la ville pleure ses morts et panse ses plaies, dans les zones rurales et montagneuses aux alentours, ces précipitations sont accueillies avec soulagement. Après des mois de sécheresse, les agriculteurs y voient une bénédiction pour les cultures et les pâturages. « L’eau est peut-être une malédiction en ville, mais dans nos champs, c’est une grâce », confie un éleveur rencontré à la périphérie d’Agadez.
Mais ce contraste n’apaise pas la colère des citadins. Beaucoup dénoncent le manque d’aménagements anti-inondations, malgré les alertes répétées ces dernières années. « À chaque grosse pluie, c’est le même scénario : les caniveaux débordent, les maisons se remplissent d’eau. Quand est-ce que les autorités vont agir ? », s’indigne un habitant du quartier de Sabon Gari, l’un des plus touchés.
Agadez, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est prise entre son héritage architectural fragile et la nécessité de moderniser ses infrastructures. Les experts climatiques alertent depuis des années sur l’intensification des phénomènes extrêmes, même dans le Sahel.
Ibrahim Issa (actuniger.com)