jeudi 8 juin 2023

2614 lecteurs en ligne -

fraren

Reddition de l'UFPR: après avoir déposé les armes, Mahamoud Sallah tente d'expliquer les raisons de son mouvement politico-militaire

UFPRsallahBazoum BIS1

Deux jours après avoir été reçu au Palais de la Présidence par le Chef de l'Etat Bazoum Mohamed, le Président du Comité politique de l'Union des Forces Patriotique pour la Refondation de la République (UFPR), Mahamoud Sallah Browmi, a animé une conférence de presse, dimanche 14 mai 2023 à Niamey, pour expliquer les raisons du retour dans les rangs du mouvement politico-militaire qu'il a lancé en août 2020 dans l'extrême nord-est du pays. Selon le désormais ex-chef rebelle, l'UFPR a décidé de répondre à la main tendue du Président Bazoum "sans conditions" et après avoir constaté "les actions menées ainsi que la volonté affichée par le Président de la République pour combattre la corruption". Une position aux antipodes de la position affichée jusque-là et depuis plusieurs années par l'ancien syndicaliste et ex-révolutionnaire qui a été un des plus fervents et virulents critiques du régime du PNDS Tarrayya.

Zeyna_transfert_argent_bis.jpg

Comme lors de la réception officielle par le Chef de l'Etat, à laquelle il a eu droit vendredi dernier au Palais de la Présidence, c'est en compagnie de plusieurs cadres du groupe rebelle que le Président de l'UFPR a été face à la presse lors de la conférence qu'il a animée ce dimanche 14 mai 2023 à Niamey. Face aux médias, Mahamoud Sallah a tenté d'expliquer la décision prise par le mouvement politico-militaire après trois (03) de maquis, "celle de déposer les armes et de faire la paix avec la République". Selon le Président du Comité politique de l'UFPR, après des "négociations internes" et suite "l'appel du Chef de l'Etat", le mouvement s'est concerté et, "nous avons accepté de répondre à la main tendue du Président de la République sans condition".

"Il y a eu des négociations et des médiations en interne car c'est une affaire nigéro-nigérienne et depuis un certain temps, nous avons constaté qu'il y a un changement et des améliorations. Le Président de la République nous a tendue la main et nous avons entendu cet appel et pris la décision, après concertation, de répondre à cette main tendue du Chef de l’Etat qui est en quête perpétuelle de la paix. Il y a les actions menées et la volonté affichée pour combattre la corruption par le Président de la République. Nous avons décidé de faire la paix avec le gouvernement et avec la République et cela sans condition". Mahamoud Sallah Browmi, Président du Comité politique de l'UFPR.

UFPRsallahBazoum BIS1

Une reddition sans condition mais des ambitions et un programme

Face aux journalistes de plusieurs médias du pays, le Président du Comité politique de l'UFPR a beaucoup insisté sur le fait que le mouvement qu'il dirige n'a pas déposé les armes pour obtenir "des postes".  "Je n'ai pas besoin de ça pour obtenir un poste, j'ai un poste bien avant l'arrivée de ce pouvoir et aujourd'hui le Niger est une terre d'opportunités qu'il suffit d'avoir de la matière grise pour en profiter", s'est-il défendu tout en reconnaissant toutefois, qu'ils pourront être "mal compris" par une certaine opinion. Des propos en référence certainement aux commentaires qui ont suivis l'annonce de cette reddition sans condition de l'ex groupe rebelle.

Sur l'avenir du mouvement politico-militaire, Mahamoud s'est montré assez vague. "Nous avons des ambitions et un programme", a-t-il indiqué avant d'ajouter qu'une décision sera prise après concertation avec ses camarades sur cette question. Bien qu'il a rappelé avoir tourné le dos à la politique depuis 2016, il n'a pas écarté l'éventualité l'idée de transformer le mouvement en "association" comme la Constitution en garantit le droit à tout citoyen nigérien. "Le Niger est vaste de 1.267.000 Km2 et dispose sur une étendue de plus de 250 kilomètres des terres fertiles avec de l’eau à moins de 2 mètres de profondeur", a-t-il souligné, laissant entendre que c'est opportunité à saisir d'autant que la situation politique et socioéconomique du pays est en train de s'améliorer.

Un front de moins et un opposant virulent dans les rangs

Dans son intervention, Mahamoud Sallah a rappelé que c’est en 2019, après plusieurs réflexions que ses compagnons et lui ont décidé de la création de l'Union des Forces Patriotiques pour la Refondation de la République (UFPR) et de prendre par la suite les armes et rejoindre le maquis pour combattre "la gabegie et la mauvaise gouvernance" ainsi que les autres tares dont ils tenaient pour responsable le régime du PNDS Tarrayya dirigé alors par l'ancien Président Issoufou Mahamadou.

UFPRsallahBazoum BIS1

Officiellement pourtant, c'est le 20 août 2020 que le mouvement a été lancé à travers une déclaration publique qui avait tenu lieu de manifeste de création du groupe politico-militaire. "C'est parce que nous sommes déçus de la gouvernance actuelle du pays, inquiétés des perspectives d'avenir, fatigués de vivre la misère abominable et profondément attachés à l'avenir d notre nation, que nous décidons ce jour, 20 août 2020, de la lancer le mouvement dénommé l'Union des Forces Patriotiques pour la Refondation de la République (UFPR) qui a pour but d'œuvrer à l'avènement d'une république véritablement souveraine, démocratique capable d'assurer la paix, le développement et la justice sociale pour tous", pouvait-on lire dans le dit manifeste. A l'époque, et sans qu'on puisse véritablement s'en assurer, le mouvement qui se disait actif dans la partie nord-est du pays, aux confins des frontières avec la Libye et le Tchad, revendiquait jusqu'à 10.000 combattants. Depuis son lancement, l'UFPR s'est plus manifestée par des déclarations politiques truffées de critiques acerbes contre le régime de Niamey que par des actions militaires sur le terrain. Sur sa page Facebook, des images de quelques dizaines de combattants armés ont été certes régulièrement postées à ses débuts et mêmes quelques attaques contre les Forces de défense et de sécurité (FDS) revendiquées par le mouvement. Cependant, dans cette autre zone des trois frontières qui a de tout temps été une sorte de "no man's land" et qui est devenue une véritable poudrière depuis le déclenchement de la guerre en Libye et la chute de Khaddafi, difficile de savoir qui est qui entre bandits armés, trafiquants de tout acabits ou membres de groupes rebelles.  Pour ainsi dire et malgré les menaces, l'UFPR n'a pas véritablement constituée une menace sérieuse plus que les autres groupes armés criminels qui pullulent dans cette partie de l'extrême nord-est nigérien.

Cependant, pour les autorités de Niamey, c'est une belle victoire surtout pour le régime du PNDS Tarrayya et en premier lieu, le Chef de l'Etat Bazoum Mohamed, qui a selon plusieurs sources, des liens de parenté certes éloignés avec le Président du Comité politique du mouvement rebelle.  Avec cette reddition de l'UFPR, c'est un front de moins mais aussi et surtout, un opposant virulent qui rentre dans les rangs après avoir observée une posture des plus radicales contre les "camarades socialistes" depuis leur accession au pouvoir en 2011.

Ancien syndicaliste passé par l'Université de Niamey, où il fut Délégué de la Faculté des sciences économiques et juridiques, Mahamoud Salah a également milité au sein du MODEN/Lumana de l'opposant Hama Amadou, parti au titre duquel il s'est d'ailleurs présenté sans succès aux élections législatives de 2016.  Il a aussi flirté avec la Révolution démocratique (RD), une structure qui se réclamait de la société civile avant de rejoindre également le camp du pouvoir.

Très radical, Mahamoud Sallah a été plusieurs fois interpellé par la Police judiciaire et a séjourné ans les geôles de la Cellule anti-terroriste entre 2016 et 2019 pour ses prises de position virulentes contre le régime de Mahamadou Issoufou.  Une posture qu'il a maintenue contre Bazoum Mohamed. L'alternance démocratique de 2021 ? "un coup d’Etat électoral préparé par le régime mafieux de Mahamadou Issoufou", selon lui.  Lors du second tour de l'élection présidentielle de 2021, il a appelé d'ailleurs à voter pour Mahamane Ousmane, "le candidat du moindre mal", selon lui face à Bazoum Mohamed qu'il qualifiait alors de "marionnette".

Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous le pont et le mouvement créé par Mahamoud Sallah n'a pas fait long feu pour ainsi dire. Fin 2020, il a été même arrêté puis placé en détention en Libye où il a passé cinq (5) mois dans une prison de Joufra, dans le centre du pays. A sa libération, le 20 janvier 2021, il a accusé les miliciens de la tribu Ouled-Souleyman, des parents à Bazoum Mohamed selon l'UFPR.

Désormais donc, c'est la paix des braves entre les autorités et l'UFPR et entre le Président Bazoum et Mahamoud Sallah. Il reste à savoir quelle sera la vraie portée de cette reddition et à quelles conditions elle a été faite car malgré cette tentative de convaincre l'opinion et en dépit de l'inexistence d'un accord officiel, la polémique va continuer à s'enfler. Du reste, le Président du Comité politique de l'UFPR n'a pas dévoilé où et quand seront remises les armes que le mouvement politico-militaire affirme avoir déposées et combien de combattants ont suivi le Comité dans sa reddition. Des zones d'ombres qui persisteront certainement encore longtemps, le temps de savourer les fruits de la paix !

A.Y.Barma (actuniger.com)

.

Commentaires  

+6 #1 Mano Dayak 15-05-2023 10:17
Pourquoi ne pas recevoir aussi au palais Amadou Arouna, president du comite Union Tillabery qui pourtant n'a pas pris les armes contre son pays. Si Bazoum croit faire la paix avec ces arrangements laches sur fond de corruption, alors il se met le doigt dans l'oeil. Quiconque prend les armes contre l'etat doit etre traite comme il le merite et non recu avec les honneurs au palais avec des surement des mallettes, passeport diplomatique et autres avantages indus. Cette approche lache et hypocrite ne sera pas sans consequence sur la paix au Niger. Ces rebelles se sont juste calmes en attendant des jours meilleurs pour reprendre la guerre. En outre, il affiche clairement sa politique sectaire, clanique et discriminatoire dans la gestion des evenements aussi graves. Si ces bandits etaient dune autre partie du Niger qui reclament des puits d'eau, des centres de sante ou des ecoles pour leur communaute, ils seraient taxes de terroristes et combattus avec l'aide des forces etrangeres. Allons seulement, tout se paie ici bas.
Citer | Signaler à l’administrateur
+4 #2 Mallama 15-05-2023 11:57
Comment un President peut il poser fierement avec des bandits qui ont pris des armes contre l'etat qu'il est sense diriger?
Citer | Signaler à l’administrateur
+4 #3 BLACKMARKET 15-05-2023 12:16
Je pense qu'il ne faut pas faire d'amalgame entre groupe rebelle et groupe de voyous ou badits armés.
Anyway, si je comprends bien, ce monsieur ne répondra pas des actes qu'il a eu à poser. Notament l'attaque contre nos FDS il y a quelques mois, occasionnant la mort de certains d'entre eux. J'espère au moins (c'est la moindre et la plus noble des choses) qu'il ira demander pardon aux morts et aux familles qu'il a endeuillées. Ce serait une bonne chose à mon avis.
Citer | Signaler à l’administrateur
+1 #4 Gangara 15-05-2023 14:31
Le premier magistrat du Niger a tranché sans juger. C'est facile de déposer les armes au Niger. Libérer donc tous les voleurs de pigeons, de poule, de coq, de pintade, de chèvre du moment où l'étranger qui se réclame du Niger peut s'entendre avec des criminels et puis on enterre la hache de guerre sans procès.
Le ridicule ne tue pas!
Citer | Signaler à l’administrateur
+1 #5 TOTO A DIT 15-05-2023 23:01
:o :o S'ils décident de déposer les armes en revenant dans la légalité , n'est ce pas à leur honneur ....

Maintenant , des attaques , destruction et tueries des militaires et civlis qu'ils ont dû engendrer étant dans l'illégalité seront ils poursuivi ou insinue t on qu'ils ont été amnistiés et ne seront pas poursuivis?

Insinue t on ou à déduire que ces militaires et civils morts sont morts comme des moustiques en vain ???

Est ce le message pour les orphelins et veuves et familles de Niger tombés par leurs actions ?
Citer | Signaler à l’administrateur
+1 #6 AAM 16-05-2023 11:04
Je suis Amadou Arouna Maiga, President du Comite Union Tillabery. Je demande pardon pour ma declaration. J'attends donc d'etre recu au palais presidentiel pour une photo avec SE le President.
Citer | Signaler à l’administrateur
+1 #7 Ganda Koy 16-05-2023 12:40
La paix se conquiert avec la determination a se battre pour elle et non par des compromissions laches. Le cas de ATT avec amees touaregues revenues du Mali le prouve.
Citer | Signaler à l’administrateur
0 #8 TOTO A DIT 16-05-2023 13:00
Citation en provenance du commentaire précédent de AAM :
Je suis Amadou Arouna Maiga, President du Comite Union Tillabery. Je demande pardon pour ma declaration. J'attends donc d'etre recu au palais presidentiel pour une photo avec SE le President.


En effet , quel paradoxe et pays !!!

Quand un Citoyen INOFFENSIF, DÉSARMÉ, SANS ARME, à l'image de Amadou Arouna, Maiga, comme des millions se retrouvant dans son combat, décrit une situation vécue qui se révèle le quotidien de millions de Nigeriens aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est, l'insécurité et l'abandon de villages, écoles fermées, des Nigeriens devenus par la réalité des choses , des réfugiés déplacés dans leur propre pays, l'inutilité des FORCES D'OCCUPATION, on met ce monsieur en prison.

Quand des Nigeriens , à l'instar de ces Maquisards, équipés armés et entraînés par l'on ne sait qui s'en prennent à d'autres Nigeriens , attaquant et tuanr des militaires, ils sont reçus accompagner de photos OP, impunis...au prétexte qu'ils ont déposé les armes, où ont ils reçu les armes de prime abord ?

Ne dit on pas que l'on ne compte en disant un ( 1) sans deux ( 2).., quand BOUZOUM ABOU AZOUM reçoit et fait liberer des terroristes reconnus pour une dite quête de paix sociale quand dans l'entre temps d'autres Nigeriens militaires , civils croupissent en prison mais pour qui ces roitelets roses que ces Nigériens sont plus dangereux que ces terroristes libérés.

Quel pays !

Q
Citer | Signaler à l’administrateur
-2 #9 Ide 17-05-2023 02:27
Tu es vexé TOTO parce que ce monsieur a attaqué nos vaillants FDS? Pourtant, tu passes une bonne parti de ton temps sur ce forum soi à dénigrer ou à minimiser les faits de ces mêmes FDS à chaque occasion que tu trouves? Et cela tout en chantant les louanges des armés maliennes et burkinabés à chaque opportunité que tu trouves. Donc tu comprends bien pourquoi bien pourquoi ta frustration, qui aurait pu être bien reçu, me semble complètement insincère.
Citer | Signaler à l’administrateur
-2 #10 Ide 17-05-2023 02:31
Citation en provenance du commentaire précédent de BLACKMARKET :
Je pense qu'il ne faut pas faire d'amalgame entre groupe rebelle et groupe de voyous ou badits armés.
Anyway, si je comprends bien, ce monsieur ne répondra pas des actes qu'il a eu à poser. Notament l'attaque contre nos FDS il y a quelques mois, occasionnant la mort de certains d'entre eux. J'espère au moins (c'est la moindre et la plus noble des choses) qu'il ira demander pardon aux morts et aux familles qu'il a endeuillées. Ce serait une bonne chose à mon avis.


Nos FDS? Depuis quand tu parles comme ça toi ki passe ton temps ici à insulter nos FDS à chaque opportunité que tu trouves ? Je dois rêver.
Citer | Signaler à l’administrateur
-2 #11 Ide 17-05-2023 02:44
En fin de compte, toute initiative qui peut éviter que des frères nigériens s’entretuent est une initiative. On a vu dans le passé comment des petits groupes rebelles peuvent s’agrandir en recrutant une jeunesse désœuvrée et abondante. Si ça nécessite une visite avec le chef d’état, tant pis.
Citer | Signaler à l’administrateur
0 #12 TOTO A DIT 17-05-2023 12:04
Citation en provenance du commentaire précédent de Ide :
Tu es vexé TOTO parce que ce monsieur a attaqué nos vaillants FDS?


Qui a compris le bêlement de ce mouton ...car au cours d'alphabétisation du soir , un tel programme ny figure pas ..

Autant ignoré les demeurés !!! C'est mieux pour la santé...
Citer | Signaler à l’administrateur

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Image

Site web d'informations générales sur l’actualité politique, économique, culturelle, sportive au Niger et dans le monde.

Tél: (+227) 89 99 99 28  / 92 55 54 12
Email: contact@actuniger.com