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Abdoul Salamou vicitime inondations

Dans le cadre des activités entrant dans le cadre de la célébration, le 20 novembre de chaque année, de la Journée mondiale de l’Enfance, actuniger en collaboration avec Unicef Niger, a ouvert les portes de sa rédaction à de jeunes journalistes en herbe. Après quelques séances d’initiation, il leur a été demandé de mettre en pratique ce qu’ils ont retenu du métier à travers la réalisation de petit reportage ou article et en choisissant le sujet qui leur tient à cœur.  Ismael Karim, 14 ans, est élève dans un complexe scolaire privé de Niamey. Il a décidé de faire le portrait d’un autre enfant comme lui, mais qui malheureusement ne part plus à l’école du fait des inondations enregistrées il y a quelques mois et qui ont obligés sa famille à quitter son Damagaram natal pour un périple qui l’a conduit lui jusqu’à Niamey, où il est « talibé » chez un grand marabout d’un quartier de la capitale.

Comme tout garçon de son âge, Abdou Salam M, aurait bien voulu continuer à aller à l’école. « Je voulais devenir enseignant ou médecin ou même travailler dans un projet comme ceux qui venaient dans mon village avec leur belles et grandes voitures », affirme-t-il d’emblée lorsque nous l’avons rencontré en cette fin du mois de novembre, de retour d’école alors que lui n’avait qu’une tasse avec laquelle il circule dans la ville sans vraiment savoir où aller. « J’habite chez mon marabout et chaque matin on doit chercher de quoi manger et un peu d’argent chez les bonnes volontés. C’est pourquoi on parcourt la ville comme ça tous les jours jusqu’à la nuit ». Son âge, il ne le connait pas vraiment. Dix ans peut-être au regard de sa physionomie et les détails qu’il donne sur sa scolarité. « J’ai commencé l’école il y a quelques années et j’ai fait le CI, le CP et le CE1. Je ne sais pas quelle classe j’allais faire cette année si j’ai redoublé ou pas. J’ai quitté depuis car l’année passée on avait pas terminé l’année à cause du corona et après les inondations pendant les vacances ».

Jusqu’au mois d’août dernier, Abdou Salam et sa famille vivait à Damagaram Takaya, une commune et chef-lieu de ce département de la Région de Zinder, à environ 800 kilomètres de Niamey, au sud-est du pays. « Mon village s’appelle Moa mais on habitait à Takaya où je vivais avec mes parents et mes frères et sœurs, et c’est là qu’on m’a inscrit à l’école », raconte-t-il, nostalgique des moments qu’il a passé en train d’apprendre à lire, à écrire et à calculer. Les pluies sont venues tout bouleverser. « Une nuit, on a été réveillé par la pluie, il y avait beaucoup d’eau et notre maison comme beaucoup d’autres s’est effondrée », poursuit le jeune homme qui se rappelle avoir vu son père ne savoir plus quoi faire. Dans la nuit du 3 au 4 août, en effet, une véritable pluie diluvienne a été enregistrée à Damagaram Takaya avec 134 millimètres enregistrés en quelques heures. Un véritable déluge qui a été amplifié par d’autres trombes d’eau durant presque 48h, ce qui a provoqué l’effondrement d’une partie de la digue qui protégeait le village ainsi que celles des maisons qui étaient pour la plupart en banco ainsi que l’inondation des champs et d’autres dégâts importants. Selon les données des autorités que nous avons consultés sur le site du ministère de l’action humanitaire, au niveau de la commune de Takaya, les dégâts sont de six champs inondés, 109 maisons et 149 murs d’habitation effondrés avec 264 foyers sinistrés affectant au total 1176 personnes au niveau de la Commune. Pour le département de Damagaram Takaya, il a été dénombré 777 maisons effondrées, 381 champs inondés, 2503 kg de vivres emportés par les eaux, 951 ménages sinistrés, soit 4132 personnes affectées par le désastre.

« Nous avons dû quitter la maison où nous habitons mais dans les classes, il y avait déjà beaucoup de monde puisque toute la ville était dans l’eau. C’est là que mon père a décidé que nous allons partir à Zinder où nous avons passés plusieurs mois ». Zinder est à quelques 70 kilomètres de Damagaram Takaya et c’est à bord d’une charrette qu’Abdou Salam et sa famille ont fait le périple qui a duré quelques jours. « C’est la première fois que je suis arrivé à Zinder et j’ai vu c’est quoi une vraie ville avec du goudron et l’électricité partout, de grandes maisons et beaucoup de motos, de voitures et de gens. Zinder c’est comme Niamey même si je ne connais pas encore beaucoup cette ville qui est très vaste ».

A Zinder, comme il le raconte avec pleins de détails, Abdou Salam a commencé à fréquenter une école coranique du quartier Randa Bakoye, « chez Malam Ayouba », un érudit reconnu de cette ville religieuse. Il y avait beaucoup d’enfants, « trop même comme dix écoles de mon village et nous dormons dehors, dans la rue », insiste Abdou Salamou. C’est là qu’il a commencé à aller mendier dans la ville et à chercher lui-même de quoi survivre. « Ce n’était pas facile mais ceux qui étaient là avant moi m’ont aidé et j’ai tout appris. Je les suivais et on était toujours en groupe car on ne connaissait pas la ville. Les gens sont gentils plus qu’ici car à chaque fois on revenait avec beaucoup de nourriture et parfois même de l’argent qu’on remettait à notre maitre. Je ne voyais que rarement mes parents et un des marabouts qui avait une école coranique à Niamey,  a dit que c’est mon oncle qui a proposé à mon père de venir avec moi ici à Niamey. C’est comme ça que je suis arrivé dans cette ville », raconte dans un haoussa très clair, Abdou Salam qui semble prendre plaisir à raconter son voyage de Zinder à Niamey à bord d’un bus d’une compagnie privée de transport de la place. « C’est la première fois que je voyage dans une grande voiture comme ça et au départ j’ai eu trop peur. C’était long et fatiguant et bien que je voulais voir toutes les villes qu’on a traversé, quand nous sommes rentrés en pleine nuit à Niamey, je dormais déjà », explique notre jeune interlocuteur qui regrette de n’avoir pas pu voir certaines villes comme Tessaoua, Maradi ou Konni, dont il a entendu beaucoup parler.

Des rêves pleins la tête malgré des conditions de vie difficiles

Depuis quelques semaines, c’est donc à Niamey que réside Abdou Salamou. « Je ne sais pas vraiment quand est ce que je vais rentrer et j’ai pas beaucoup de nouvelles de ma famille. Si un jour j'ai un téléphone, je vais peut-être pouvoir appeler ma maman et mon père pour savoir s’ils sont rentrés à Damagaram Takaya.  Je pourrais rentrer aussi et rependre l’école même si ce n’est pas facile, notre classe s’est effondrée et on était déjà beaucoup d’éleves. En plus, cela fait longtemps que j’ai quitté et la rentrée c’est depuis beaucoup de temps, j’ai oublié beaucoup de chose », reconnait-il, avec une once d’amertume perceptible dans la voix. On comprend que sa famille lui manque beaucoup et qu’il est encore perdu dans cette grande ville où il dort aussi dans la rue, dans une mosquée, et mendie à longueur de journée. « J’aurais bien voulu continuer à aller à l’école, porter de beaux habits et avoir des cahiers et un joli sac comme ici, mais qui va m’aider ? Ici on dit qu’il faut payer et mes parents n’ont pas les moyens », poursuit Abdou Salamou qui affirme vouloir désormais gagner un peu plus d’argent en travaillant. « Je veux vendre de l’eau en sachet comme font les plus anciens de l’école coranique. C’est plus facile que de mendier et cela va me permettre de gagner de l’argent pour moi et aider ma famille. Je vais apprendre un travail quand je serais plus grand peut-être mécanicien, chauffeur ou menuisier. Je pourrais alors retourner chez moi aider mes parents. Je rêve de leur construire une grande maison en ciment pour qu’elle ne tombe pas en cas de pluie. Mais pour le moment, je ne vois pas ce que je peux faire, je sais même pas si ce soir ou demain je vais manger et je dois rapporter quelque chose à la Makaranta », soupire le jeune talibé qui finit par s’en aller avec deux de ses camarades qui l’attendent, habillés en haillons et une sébile à la main. Malgré ce qu’ils vivent intérieurement et qui se perçoit dans leur voix quand on leur demande de parler de leur vie et leur avenir, ils continuent à garder le sourire. Avec des rêves et des ambitions dont eux-mêmes savent qu’ils seront difficiles à réaliser dans leurs conditions actuelles.

Abdoul Salamou vicitime inondations BIS

Depuis qu’il est arrivé à Niamey, Abdou passe beaucoup de temps à mendier avec d’autres « enfants de rue » qu’il a rencontré au hasard de son vagabondage.

Un avenir incertain pour beaucoup d’enfants livrés à leur propre sort

En ces lendemains de la célébration du 31e anniversaire de la célébration de la Convention des Droits de l’Enfant (CDE), cette situation interpelle à plus d’un niveau. Des cas comme Abdou Salamou, il y en a beaucoup à Niamey et dans les autres villes du pays. En raison de plusieurs facteurs notamment la pauvreté, l’insécurité ou les inondations, beaucoup d’enfant s sont obligés de quitter leurs familles et leurs écoles pour des endroits et des avenirs incertains. Beaucoup sont d’ailleurs envoyés dans des pays voisins où les conditions sont encore plus difficiles. Beaucoup d’efforts ont certes été faits par le gouvernement et les autorités pour améliorer les conditions de vie des enfants mais pour beaucoup d’enfants, leurs droits élémentaires dont celui d’aller à l’école sont loin d’être respectés. Du reste, Abdou Salamou et ses compagnons d’infortune que nous avons rencontré pour la réalisation de ce reportage, ne sont même pas au courant que, « nous les enfants, nous avons des droits ». « Parfois on nous chasse même dès qu’on s’approche pour mendier bien qu’il y a des gens gentils qui comprennent que nous voulons juste de l’aide et qu’on aurait pu être comme eux si Dieu le veut », ajoute-t-il d’un trait avant de passer à un autre sujet sur sa vie, préférant ne pas trop parler de son sort et celui de ses amis, qui selon lui, « lui fait honte parce que ce n’est pas une vie comme ça ».

C’est pourtant essentiel d’agir en ce sens et de créer ensemble les conditions pour l’épanouissement à égalité de tous les enfants afin qu’ils aient leur chance dans la vie et puisse contribuer au développement de leurs communautés et leurs pays. Le petit Abdou Salamou a plein d’ambitions dans la tête dont la plus noble, celle d’aider sa famille ! Qui sait, si son école n’a pas été fermée et s’il a pu continuer ailleurs, un jour il aurait pu devenir cet enseignant qui va former d’autres éleves ou ce médecin qui va soigner beaucoup de malades… Pour le moment, et comme il dit, lui-même : « mon avenir est entre les mains de Dieu, c’est lui seul qui sait de quoi demain sera fait ! ».

Cette initiative a été rendue possible grâce à l’appui du Gouvernement du Japon.

Réalisé par Ismael Karim, 14 ans, édité par actuniger.com

#JME2020 #reinventezlemonde

 



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