Liptako-Gourma : les Chefs d'État donnent jusqu'au 31 décembre 2025 pour finaliser la mue de l'ALG en Agence de Développement de l'AES
Réunis en visioconférence ce vendredi 11 juillet 2025, les Chefs d’État du Niger, du Mali et du Burkina Faso, sous la présidence du Général Abdourahamane Tiani, ont franchi une étape décisive dans la refondation de leur espace commun. À l’issue de la 8e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État de l’ALG, ils ont validé la transformation de l’institution en Agence d’exécution au service de la Confédération des États du Sahel (AES), avec pour horizon la finalisation de cette mutation d’ici le 31 décembre 2025. Une décision à la portée hautement stratégique et symbolique, reflet d’une volonté partagée d’intégration et de souveraineté régionales.
Dès l’ouverture des travaux, le Président Tiani a posé le ton : « Il s’avère aujourd’hui urgent et nécessaire de revoir le statut de l’ALG en lui conférant la place appropriée dans l’architecture institutionnelle de la Confédération AES ». Une déclaration qui sonne comme une rupture assumée avec les pratiques d’antan et marque une volonté de rationalisation institutionnelle dans un contexte géopolitique en pleine recomposition.
Créée en 1970 et opérationnelle depuis 1973, l’ALG a longtemps porté l’ambition du développement intégré dans une zone frontalière stratégique de 370 000 km². Mais si ses réalisations sont tangibles – 1 500 km de pistes rurales, 700 forages, 12 000 hectares aménagés, 230 projets exécutés – ses limites sont également connues : fragmentation institutionnelle, faible financement endogène et vulnérabilité sécuritaire.
Nouvelle vision, nouvelles structures
La création de l’AES, officialisée le 6 juillet 2024 à Niamey, offre un nouveau cadre stratégique pour les pays membres. Il ne s’agit plus seulement de coordonner, mais de bâtir un bloc régional souverain, intégré et résilient. Dans cette logique, l’ALG ne peut rester une entité parallèle : elle doit devenir l’instrument opérationnel de développement de la Confédération.
Plusieurs décisions structurantes ont été entérinées : la transformation de l’ALG en Agence de développement de l’AES, le maintien de son siège à Ouagadougou, la désignation prochaine d’un administrateur provisoire, la réalisation d’un audit organisationnel, le transfert progressif des missions actuelles vers la nouvelle structure, avec une échéance ferme fixée au 31 décembre 2025 pour finaliser cette mutation.
Le Président malien Assimi Goïta a salué une orientation pragmatique : « Cette transformation traduit notre volonté commune d’adapter nos institutions aux réalités actuelles, sans multiplier les structures budgétivores ».
Une ambition assumée pour le Sahel
Le Président Tiani a insisté sur le caractère stratégique de cette réforme : « Notre objectif est clair : défendre notre souveraineté, renforcer notre sécurité collective et bâtir un développement endogène. Cela passe par une architecture institutionnelle efficace, portée par nos réalités et nos aspirations ».
Il a également rappelé le contexte qui sous-tend cette dynamique : un nouveau paradigme souverainiste et patriotique, une refondation des institutions, et surtout une volonté populaire longtemps ignorée par les logiques imposées de l’extérieur.
Un cap fixé, des attentes élevées
À l’issue de la session, les chefs d’État ont donné des instructions fermes pour accélérer le processus. Des propositions concrètes sont attendues des ministères de tutelle et des experts pour redéfinir les missions et l’organisation de la nouvelle agence.
Dans un esprit de convergence et de solidarité, les dirigeants du Liptako-Gourma ont réaffirmé leur engagement à faire de l’AES un espace de souveraineté partagée, de coopération renforcée et de développement maîtrisé.
En résumé, cette session aura marqué un tournant : l’ALG s’apprête à tourner la page de ses cinquante années d’existence pour se réinventer au cœur d’un projet panafricain ambitieux. Le rendez-vous est pris pour le 31 décembre 2025.
Alors que la région du Liptako-Gourma fait face à des défis sans précédent, cette transformation de l’ALG pourrait bien être un tournant décisif. En redéfinissant son rôle et en réorientant ses missions, les dirigeants espèrent renforcer la coopération régionale et répondre aux aspirations profondes de leurs populations en matière de sécurité et de développement. Le chemin à parcourir reste semé d'embûches, mais l'engagement renouvelé des États du Sahel laisse entrevoir un avenir prometteur pour cette région stratégique.
Ibrahim Issa (actuniger.com)