Guinée-Bissau : coup de force militaire, le président Embaló arrêté et le processus électoral suspendu

La Guinée-Bissau est plongée dans l’incertitude trois jours seulement après l’élection présidentielle. Ce mercredi 26 novembre, des tirs ont retenti aux abords du palais présidentiel à Bissau, tandis que le président Umaro Sissoco Embaló était arrêté par des militaires, qui ont annoncé la suspension du processus électoral et la fermeture des frontières.
Dans l’après-midi, un groupe d’officiers se présentant sous le nom de « Haut commandement militaire pour la restauration de l’ordre » a annoncé avoir pris le contrôle du pays « jusqu’à nouvel ordre ». La déclaration, lue depuis le siège de l’état-major des forces armées par le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire du palais présidentiel, précisait également la suspension du processus électoral et des programmes télévisés, tout en appelant la population à « garder le calme ».
Lors d’un bref échange avec France 24, le président Embaló a confirmé sa situation : « J’ai bien été renversé, je ne peux pas trop parler car sinon ils vont me confisquer mon téléphone. Je suis actuellement à l’état-major », a-t-il déclaré, soulignant le caractère brutal et inattendu de cette interpellation.
Le président avait précédemment raconté à Jeune Afrique qu’aux alentours de midi, des hommes en uniforme avaient fait irruption au palais alors qu’il se trouvait dans son bureau. Le chef d’état-major général des armées, le général Biague Na Ntan, le vice-chef d’état-major, le général Mamadou Touré, ainsi que le ministre de l’Intérieur, Botché Candé, ont été arrêtés simultanément. Selon lui, aucune violence directe n’a été exercée contre lui lors de cette interpellation, qu’il qualifie de « coup d’État » orchestré par le chef d’état-major de l’armée de terre.
Malgré ces assurances, des témoins ont rapporté des tirs dans le centre-ville et à proximité des locaux de la commission électorale, tandis que des militaires ont pris position sur l’axe principal menant à la présidence, renforçant l’impression d’un contrôle militaire complet de la capitale.
Le scrutin présidentiel, tenu dimanche 23 novembre, avait été marqué par l’absence du principal opposant, Domingos Simões Pereira, empêché de se présenter. Selon Umaro Sissoco Embaló, il aurait remporté l’élection avec 65 % des suffrages, mais les résultats officiels devaient être publiés jeudi. De leur côté, le camp de l’outsider Fernando Dias da Costa et celui du président sortant revendiquaient tous deux la victoire, créant un contexte de forte tension et de contestation.
Domingos Simões Pereira, contacté ce mercredi, a expliqué se trouver en réunion avec des observateurs de l’Union africaine, dont l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, lorsqu’on l’a informé des tirs dans le centre-ville. Selon lui, des militaires ont tenté de pénétrer dans les bureaux de la commission électorale pour forcer la proclamation de résultats favorables à Embaló, alors que Fernando Dias serait le vainqueur dès le premier tour, soutenu par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC).
Ibrahim Issa (actuniger.com)



