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Horta NTam president transition Guinee Bissau

Bissau s’est réveillée jeudi sous le poids d’un calme lourd, presque irréel, au lendemain d’un nouveau coup d’État venu brusquement interrompre un processus électoral déjà sous tension. Le général Horta N’Tam, jusqu’ici chef d’état-major de l’armée de Terre, a été investi à la tête d’une transition d’un an, ont annoncé les militaires, mettant fin au mandat d’Umaro Sissoco Embalo, désormais détenu.

En début d’après-midi, la capitale tournait au ralenti. Boutiques closes, marchés désertés, circulation réduite à quelques motos et véhicules de sécurité : l’activité était comme suspendue. Dans plusieurs quartiers, les forces de l’ordre occupaient carrefours et axes stratégiques. Autour du palais présidentiel, quadrillé par des patrouilles armées, les habitants restés sur place racontaient les tirs nourris qui avaient semé la panique la veille.

Dans ce petit pays côtier d’Afrique de l’Ouest, coincé entre le Sénégal et la Guinée, les transitions forcées font presque partie du paysage politique. Depuis 1974, la Guinée-Bissau a enregistré quatre coups d’État et une série de tentatives avortées. À chaque scrutin majeur, la proclamation des résultats a souvent réveillé rivalités internes, soupçons de fraude ou règlements de comptes.

Jeudi matin, dans une cérémonie brève mais fortement sécurisée au siège de l’état-major, le général Horta N’Tam a prêté serment. « Je viens d’être investi pour assurer la direction du Haut commandement en vue de la restauration de l’ordre », a-t-il déclaré devant des dizaines de militaires en tenue de combat. L’officier, réputé proche du président déchu Embalo, est désormais présenté comme l’homme chargé de remettre le pays sur les rails.

« La Guinée-Bissau traverse une période très difficile de son histoire. Les mesures qui s’imposent sont urgentes et importantes et requièrent la participation de tout le monde », a-t-il insisté, tentant de rassurer une opinion inquiète et une communauté internationale déjà sur le qui-vive.

La veille, les auteurs du putsch avaient justifié leur action par la nécessité de « rétablir l’ordre » et d’éviter, selon eux, un complot impliquant des « barons nationaux de la drogue ». Une explication qui laisse perplexes plusieurs analystes, d’autant que l’arrêt brutal du processus électoral semble surtout bénéficier au camp Embalo. Le candidat de l’opposition, Fernando Dias, avait revendiqué dès mardi une victoire « large » après le premier tour de la présidentielle de dimanche.

Malgré la tension, les militaires ont annoncé dans la soirée la réouverture des frontières, fermées depuis le début du putsch. Une manière de montrer que la situation serait sous contrôle, même si de nombreuses zones d’ombre persistent.

Pays pauvre de 2,2 millions d’habitants, gangrené depuis des années par la corruption et les trafics, la Guinée-Bissau occupe une position stratégique dans le passage de la drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe. Pour certains observateurs, évoquer une tentative de déstabilisation orchestrée par des réseaux criminels n’est pas nouveau — mais ne suffit pas pour expliquer les enjeux politiques derrière ce nouveau renversement.

« Je doute de la véracité des allégations mises en avant par le Haut commandement », confie un chercheur ouest-africain interrogé jeudi. « Ce coup d’État vise surtout à empêcher l’opposition de prendre le pouvoir après des élections qui ne jouaient plus en faveur du président sortant ».

À ces incertitudes politiques s’ajoutent des arrestations en cascade. Outre l’ex-président Embalo, le principal opposant bissau-guinéen, Domingos Simões Pereira, a lui aussi été appréhendé mercredi. Le sort de Fernando Dias, lui, restait inconnu jeudi soir.

Les condamnations internationales se sont multipliées. L’Union africaine a exigé la libération « immédiate et inconditionnelle » du président déchu. Le Portugal, ancienne puissance coloniale, a appelé au retour « à la normalité constitutionnelle » et exhorté les militaires à « rendre le pouvoir aux institutions ».

Dans les rues de Bissau, les habitants se replient derrière les portes closes, habitués malgré eux à ces basculements soudains. La dernière crise postélectorale, en 2019, avait déjà plongé le pays pendant plusieurs mois dans une lutte ouverte entre Embalo et son rival Pereira, chacun revendiquant la victoire.

Cette fois encore, le pays entre dans une transition dont personne ne sait réellement où elle mènera — ni si l’année annoncée suffira à dissiper les fractures qui traversent la Guinée-Bissau depuis des décennies.



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