Journée mondiale de l’enfance 2025 : des enfants plongent au cœur de la gouvernance nationale au CCR
Des enfants venus des huit régions du Niger ont été reçus le vendredi 21 novembre 2025 par le Président du Conseil Consultatif de la Refondation (CCR), Dr Mamoudou Harouna Djingarey, pour une immersion exceptionnelle au cœur de la gouvernance nationale dans le cadre de la Journée mondiale de l’enfance 2025, une initiative portée par les ministères de la Population et de la Communication avec l’appui de l’UNICEF.
Pour beaucoup d’entre eux, c’était une première : franchir les portes de l’hémicycle, s’asseoir dans les sièges habituellement réservés aux conseillers nationaux, explorer l’architecture des lieux, manipuler les micros, suivre l’allumage des écrans au rythme des échanges et comprendre la rigueur du temps de parole, une immersion rare dans les coulisses de la gouvernance.
Face à eux, le Dr Djingarey, entouré de la ministre de l’Énergie, Pr Amadou Haoua – représentant le ministère de la Population –, et de la représentante de l’UNICEF au Niger, Mme Djanabou Mahondé, a pris le temps d’expliquer le fonctionnement de cette institution créée en mai dernier.
« Bienvenue au CCR », a lancé Dr Mamoudou Harouna Djingarey en ouverture, avant d’expliquer avec pédagogie l’architecture et le rôle de l’institution, créée par ordonnance le 1er mai 2025 et composée de 194 conseillers représentant toutes les composantes du pays.
Le président du CCR a longuement détaillé le fonctionnement des six commissions chargées d’examiner les grands dossiers nationaux : paix et cohésion sociale, refondation politique et institutionnelle, justice et droits de l’homme, géopolitique, économie et développement durable, santé-éducation-affaires sociales. « Le CCR peut être saisi par le gouvernement ou le CNSP, mais peut aussi s’autosaisir de toute question touchant à la vie nationale », a-t-il insisté.
« Le CCR peut être saisi par le gouvernement, par le CNSP, sur toute question touchant à la vie nationale. Nous sommes là pour aviser, conseiller, faire des recommandations ».
Une leçon de démocratie grandeur nature
Micros, écrans géants, lumière verte, orange puis rouge pour le temps de parole… Le président a détaillé le protocole des débats avec un sens du concret qui a captivé son jeune auditoire. « Si vous avez 5 minutes de parole, vous ne pouvez pas dépasser les 5 minutes. Une fois que ça passe au rouge, si vous ne concluez pas, le micro est coupé », a-t-il expliqué, déclenchant quelques sourires et regards intrigués.
Une immersion qui visait, au-delà de la découverte, à inspirer. « Vous, vous êtes l’avenir de notre pays. (…) Certains disent qu’ils veulent être médecins, d’autres pilotes, d’autres veulent aller dans l’armée (…). L’avenir du pays, c’est vous. Nous devons frayer le chemin pour que demain, vous puissiez nous remplacer dans de bonnes conditions », invitant les jeunes à la persévérance scolaire et à l’ambition.
Il a rappelé que la refondation nationale, portée par les autorités depuis le 26 juillet 2023, place la réconciliation au cœur des priorités, et que les enfants doivent grandir dans un pays stable, apaisé et tourné vers le progrès.
Un message relayé par la ministre de l’Énergie, Pr Amadou Haoua, Représentant la ministre de la Population, qui a salué l’initiative tout en invitant les enfants, notamment les filles, à croire en leurs capacités :
« Je souhaite vous voir un jour ici, à cette place », a-t-elle dit en montrant le perchoir de l’hémicycle. Rappelant que sans l’énergie « rien ne fonctionne », elle a encouragé les jeunes à la discipline, au respect et à la persévérance, tout en félicitant leurs encadreurs pour leur engagement.
Des questions qui touchent au vif du pays
L’exercice du dialogue n’a pas tardé à prendre vie. Une élève de 5e du CEG Kongou Zarmagandey de Niamey a ouvert le bal, interrogeant le président sur les « projets de refondation éducatifs et sécuritaires ».
Dans une réponse très directe, Dr Djingarey a rappelé que « sans la paix, on ne peut rien faire », évoquant la mobilisation des forces armées, la modernisation des équipements et les efforts de sensibilisation pour permettre aux populations déplacées de regagner leurs villages.
Sur l’éducation, il a reconnu les nombreuses difficultés : écoles délabrées, manque d’enseignants, absence de suivi parental. Mais il a affirmé que le gouvernement, appuyé par les collectivités et les communautés, s’emploie à améliorer la situation afin de « faire de l’école nigérienne l’une des meilleures ».
Une autre jeune fille a présenté une doléance précise, tirée d’une réalité cruelle : « Nous avons remarqué dans les années précédentes il y a eu des pertes (…) dans les villages à cause des cases de paille ». Elle a plaidé pour la construction d’écoles « en matériaux définitifs ». Le président a salué cette « très bonne recommandation » et assuré que le gouvernement s’était engagé à éradiquer les paillotes, privilégiant même le banco en attendant le ciment.
Enfin, une question cruciale a été posée, témoignant des combats qui restent à mener : « Quelles sont les dispositions qui se font pour mettre les filles à l’abri du mariage forcé ? »
« Vous avez posé un problème épineux, parce que c'est un problème culturel, il faut se battre contre les cultures », a reconnu Dr Djingarey. Il a dénoncé une « violence » et affirmé le combat de l’État, appuyé par les partenaires internationaux, pour que la jeune fille puisse accomplir son rêve. « La fille qui étudie peut-être président de la République, peut être ministre (…). Donc, il y a un combat énorme aujourd'hui ».
La représentante de l’UNICEF, Mme Mahondé, a exprimé son admiration pour la maturité des enfants rencontrés durant cette semaine dédiée à leurs droits. Elle a évoqué l’exemple de Mahamane, enfant improvisé représentant de l’agence onusienne la veille, qui avait promis « de mobiliser toutes les communautés pour assurer la scolarisation de tous les enfants ». « Ils sont prêts à contribuer à l’avenir du pays », a-t-elle souligné.
Placer l’enfant au cœur de la refondation
Cette rencontre s’inscrit dans la vision portée par les autorités de transition depuis la création du CCR : faire de la refondation un projet inclusif, où même les plus jeunes ont leur mot à dire. En ratifiant la Convention relative aux Droits de l’Enfant dès 1990, le Niger avait affirmé sa volonté de placer l’enfant au cœur de son développement.
Aujourd’hui, dans un contexte de reconstruction nationale, cet engagement prend une résonance particulière. Le CCR, présenté comme un « espace fédérateur de dialogue », se veut le relais de cette cause unificatrice, enracinée dans les valeurs nigériennes.
Alors que la visite des lieux s’est poursuivie après les échanges, il restait dans l’hémicycle comme un écho des voix juvéniles et des promesses faites. Des graines d’espoir et d’avenir semées dans l’enceinte même où se dessine le Niger de demain.
Abdoulkarim (actuniger.com)



