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 Panel UN80 BIS

Ce mercredi 22 octobre, Niamey a accueilli un panel de haut niveau, organisé dans le cadre du double anniversaire célébrant les 80 ans de l’ONU et les 65 ans de coopération avec le Niger. Placé sous le thème « 65 ans de coopération Niger–Nations Unies : Perspectives de la réforme UN80 et opportunités pour la refondation nationale », cet événement a réuni diplomates, représentants onusiens, acteurs de la société civile et observateurs internationaux pour commémorer ce partenariat historique et ouvrir une réflexion prospective sur l’avenir, en particulier sur la réforme UN80 et les opportunités qu’elle offre pour la refondation nationale du Niger.

En ouvrant la cérémonie, le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères a donné le ton d’une journée placée sous le signe de la continuité et du renouveau : « C’est pour moi un honneur de représenter le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’extérieur, S.E.M. Bakary Yaou Sangaré, pour célébrer avec vous le 80e anniversaire de la création de l’ONU et les 65 ans de relations entre le Niger et le système des Nations Unies ».

 

Un partenariat enraciné dans l’histoire et tourné vers l’avenir

Depuis son adhésion à l’Organisation des Nations Unies en 1960, le Niger a construit avec le système onusien une coopération multiforme, couvrant la paix, le développement, la gouvernance, la résilience climatique et les droits humains. Ce partenariat, souvent discret mais toujours constant, a accompagné le pays dans les moments charnières de son histoire : de la consolidation des institutions à la lutte contre la pauvreté, de l’éducation à la sécurité alimentaire, en passant par les programmes de santé et de développement durable.

Pour S.E.M. Bakary Yaou Sangaré, Ministre des Affaires étrangères, dont le message a été lu à l’ouverture par le Secrétaire général du ministère, « le Niger salue la vision d’une ONU plus unie et plus efficace. Notre refondation nationale s’inscrit dans cette même ambition de construire un avenir durable et inclusif pour tous ».

La Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Niger, Mme Mama Keita, a, pour sa part, insisté sur la portée de la réforme : « La réforme UN80 n’est pas seulement une réorganisation interne, c’est une transformation profonde de notre manière de travailler, de collaborer et de servir les peuples ».

 

L’Alliance des États du Sahel plaide pour un multilatéralisme rénové

C’est dans un contexte historique dense, marqué par les mutations du système international, que l’Ambassadeur du Mali au Niger, Son Excellence Younoussa Barazi Maiga, s’est exprimé au nom de l’Alliance des États du Sahel (AES). Son intervention, prononcée à l’occasion du panel de haut niveau célébrant les 80 ans des Nations Unies et les 65 ans de coopération entre le Niger et le Système onusien, a donné une dimension géopolitique forte aux débats sur l’avenir du multilatéralisme.

Rappelant que l’ONU fut créée en 1945 pour préserver les générations futures du fléau de la guerre, l’ambassadeur a souligné que cet objectif fondateur reste inachevé. « Les tensions géopolitiques actuelles et les conflits multiples dans le monde constituent des motifs réels d’inquiétude pour la coexistence pacifique et le développement harmonieux », a-t-il averti.

L’Ambassadeur Maiga a mis en lumière le rôle émergent de l’AES, née de la Charte du Liptako-Gourma (16 septembre 2023) et consolidée par la Confédération des États du Sahel (6 juillet 2024). Selon lui, cette architecture régionale vise à « établir une défense collective et une assistance mutuelle pour lutter contre toute forme d’agression, de terrorisme et de criminalité organisée dans l’espace commun de l’Alliance ».

« Les États de la Confédération AES sont à l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme. Nous restons déterminés à sécuriser nos pays et nos populations, tout en évitant la propagation de la menace vers d’autres régions africaines et au-delà », a-t-il ajouté, positionnant ainsi l’AES comme un acteur de stabilité régionale et mondiale.

Au-delà du constat, l’Ambassadeur Maiga a appelé à une réforme en profondeur du système multilatéral, estimant qu’il ne répond plus aux réalités actuelles du monde. « Nous ne pouvons plus, et nous ne devons plus, continuer à faire la même chose avec les mêmes mécanismes inadaptés et espérer des résultats différents », a-t-il martelé.

Son plaidoyer s’inscrit dans une vision claire : celle d’un multilatéralisme équitable, solidaire et inclusif. « Un multilatéralisme où chaque nation compte, porteur de solutions ambitieuses aux défis de notre temps, particulièrement au Sahel ; un multilatéralisme ouvert, qui prenne en charge les aspirations profondes de nos populations à la dignité, à la justice, à la sécurité et à la paix », a-t-il déclaré.

 

La refondation nationale nigérienne au cœur des préoccupations

L’aspiration à un multilatéralisme rénové trouve un écho singulier dans la refondation nationale que le Niger a engagée depuis plusieurs mois. Cette démarche, ancrée dans une vision de souveraineté assumée et de développement endogène, s’inscrit dans la volonté du pays de bâtir un modèle de gouvernance plus résilient, plus juste et plus inclusif.

C’est Bana Ibrahim, président de la Commission géopolitique et représentant du Conseil consultatif de la refondation (CCR), qui en a tracé les lignes directrices, exposant les fondements d’une transformation structurelle profonde. « Depuis son accession à l’indépendance, le Niger a toujours bénéficié du soutien du système des Nations Unies dans ses efforts de développement, de résilience et de paix. Ce partenariat a permis des avancées notables dans des secteurs vitaux tels que l’éducation, la santé, l’agriculture, la sécurité alimentaire et la gouvernance », a-t-il rappelé, soulignant que ces progrès constituent « le socle de la cohésion nationale et de la stabilité du pays ».

Pour lui, cette relation historique incarne à la fois la constance de l’ONU dans son engagement universel et l’attachement du Niger au multilatéralisme — un engagement fondé sur la confiance, le respect mutuel et la recherche d’un développement partagé.

Mais c’est surtout la vision prospective du CCR qui a marqué les esprits. « Aujourd’hui, notre pays est engagé dans une refondation profonde de ses institutions, de son économie et de son contrat social. Cette refondation repose sur trois piliers majeurs », a déclaré Bana Ibrahim.

Le premier pilier, celui de la souveraineté nationale, est présenté comme « le socle de toute politique publique et de notre dignité collective ». Le deuxième pilier, la résilience communautaire, vise à « valoriser la cohésion sociale et l’inclusion de toutes les composantes de la Nation ». Enfin, le troisième pilier, la transformation économique, ambitionne « l’autosuffisance et la valorisation des ressources nationales au bénéfice exclusif des populations ».

« C’est une dynamique nationale menée par le peuple nigérien, pour le peuple nigérien, mais ouverte à un partenariat sincère et respectueux », a-t-il insisté, dessinant ainsi les contours d’un nouveau pacte social et international.

Dans cette perspective, le Niger voit dans la réforme UN80 une opportunité historique d’adapter le système multilatéral aux défis du XXIe siècle : changement climatique, insécurité alimentaire, crises sécuritaires et transitions technologiques.

Le Niger y formule des attentes claires : une représentation accrue du Sahel et de l’Afrique dans les instances décisionnelles, un partenariat fondé sur la coresponsabilité et le respect mutuel, et une orientation résolument tournée vers le développement endogène et la justice sociale.

 

La réforme UN80 : une transformation systémique nécessaire

C'est dans ce contexte d'attentes élevées que Mama Keita, Coordonnatrice Résidente des Nations Unies au Niger, a présenté les contours de la réforme UN80, qu’elle décrit comme « une transformation profonde de notre manière de travailler, de collaborer et de servir les peuples ».

Une réforme qui, selon elle, ne vise pas seulement à moderniser l’ONU, mais à réinventer son rôle dans un monde en mutation — un monde marqué par la crise climatique, les tensions géopolitiques, la précarité économique et la montée des inégalités.

Avant d’aborder les aspects techniques de la réforme, Mme Keita a tenu à revenir aux sources. Relisant avec émotion des passages du préambule de la Charte des Nations Unies, adoptée le 26 juin 1945 à San Francisco, elle a rappelé le serment fondateur de l’organisation : « Nous, peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre... à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine... à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande ».

« Avec ce préambule », a-t-elle ajouté, « nous voyons combien nos devanciers ont fait le choix de la paix, de la coopération internationale et du progrès sur celui de l’intolérance et de la souffrance ».

Ce rappel historique lui a permis de mesurer le chemin parcouru depuis 1945. « Certes, nous avons connu de nombreux conflits régionaux, mais, grâce à Dieu, pas de troisième guerre mondiale. C’est un acquis majeur, dû à la détermination et à la sagesse des décideurs d’hier », a-t-elle souligné.

Mama Keita a dressé un bilan globalement positif de l’action onusienne : la consolidation de la paix mondiale, la création d’agences spécialisées, la promotion du dialogue entre États, l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, la décolonisation, ou encore la mise en place des Objectifs du Millénaire puis des Objectifs de Développement Durable (ODD). « Grâce à la coopération internationale, l’humanité a enregistré de nombreux progrès », a-t-elle observé, citant notamment la baisse de la mortalité, l’amélioration des indicateurs de santé et l’allongement de l’espérance de vie, passée de moins de 50 ans en 1945 à plus de 75 ans aujourd’hui.

Mama Keita Panel UN80

Mais, a-t-elle averti, ces avancées ne doivent pas masquer les défis actuels : « L’ONU fait aujourd’hui face à une crise — notamment financière. Et pour cela, il n’y a pas d’autre choix : il faut être courageux, il faut réformer ».

La réforme UN80 s’articule autour de trois volets majeurs destinés à rendre l’organisation plus efficace, plus cohérente et plus adaptée aux réalités contemporaines. « Nous devons améliorer notre manière de fonctionner, réduire les coûts, rationaliser les moyens et renforcer les impacts, tout en restant fidèles aux idéaux de la Charte et en accélérant l’atteinte des ODD », a expliqué Mme Keita. Le Secrétaire général entend évaluer l’efficacité des nombreux mandats confiés par l’Assemblée générale afin de recentrer les priorités : reconduire ceux qui fonctionnent, repenser ou abandonner ceux qui ne produisent pas les effets escomptés. « Le système onusien compte aujourd’hui une multitude d’entités, d’agences spécialisées, parfois en doublon, parfois en compétition. Nous devons rationaliser, réduire les rivalités et maximiser la cohérence », a-t-elle indiqué, évoquant une restructuration stratégique pour plus d’agilité et de clarté.

Pour Mama Keita, cette réforme n’est pas seulement administrative : c’est un test de pertinence pour une organisation qui doit prouver qu’elle peut encore répondre aux aspirations des peuples. « Être fidèle à la Charte des Nations Unies, aujourd’hui, c’est oser la réformer », a-t-elle conclu, invitant à une ONU plus unie, plus responsable et plus proche des réalités humaines.

 

Un contexte financier contraignant qui impose l’adaptation

La dimension financière de la réforme UN80 a été confirmée par Claudio Tognola, Chef de la coopération suisse au Niger, qui a apporté un éclairage international précieux sur les tensions économiques pesant sur le système multilatéral.

Cette opportunité est liée à un livre présenté par la Chargée d’affaires de la Coopération suisse au Niger.  Le Chef de la coopération suisse au Niger a précisé qu’il s’agit d’un guide pratique du système opérationnel des Nations Unies, récemment publié par le ministère suisse des Affaires étrangères. « Ce livre tombe à point nommé, car il permet de mieux comprendre le fonctionnement interne de l’ONU et d’alimenter la réflexion à un moment où, il faut le dire, la période est difficile — pour les Nations Unies comme pour tout le multilatéralisme — avec une très forte pression sur les finances », a-t-il ajouté.

Ce constat lucide met en lumière un défi central de la réforme UN80 : adapter le système onusien à un monde où les contributions volontaires stagnent, les besoins explosent et les équilibres géopolitiques se recomposent.

Claudio Tognola

M. Tognola a également offert un regard historique inédit sur la relation parfois ambivalente entre son pays et les Nations Unies. « Pour la Suisse, les Nations Unies sont très importantes — au point qu’on confond souvent Genève avec la capitale du pays. C’est Berne, bien sûr, mais Genève est devenue un centre mondial en raison de la forte présence onusienne », a-t-il rappelé, soulignant la place stratégique de la Cité de Calvin dans la diplomatie internationale.

« La Suisse, comme pays, n’a pas été aussi éveillée que le Niger », a-t-il reconnu, évoquant le référendum de 1986 où 75 % des citoyens suisses avaient rejeté l’adhésion à l’ONU.

Il a fallu attendre le 3 mars 2002 pour que 54,6 % de la population se prononcent enfin en faveur de l’entrée du pays dans le système onusien — une décision tardive mais symbolique, qui illustre combien même les démocraties les plus stables peuvent hésiter face aux enjeux complexes du multilatéralisme.

À travers cette rétrospective, le diplomate suisse a livré une réflexion universelle : l’adhésion aux idéaux de l’ONU n’est jamais acquise, elle se reconquiert à chaque crise, à chaque génération. Et dans un contexte de pressions budgétaires sans précédent, l’organisation doit apprendre à faire mieux avec moins, tout en préservant ses principes fondateurs — coopération, solidarité et efficacité.

 

Les trois piliers de la réforme en action concrète

Le panel s'est ensuite structuré autour de l'examen détaillé des trois piliers de la réforme UN80, avec des interventions spécialisées permettant d'appréhender concrètement les transformations en cours.

Le pilier humanitaire, présenté par le Chef de bureau d'OCHA, a mis l'accent sur les réformes attendues au niveau du système humanitaire mondial. Le pilier développement, exposé conjointement par la Représentante Résidente a.i. d'ONUFEMMES et le Représentant Résident de l'UNFPA, a abordé les perspectives de transformation du système onusien en matière de développement durable. Le pilier droits humains, développé par le Représentant Pays du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme, a cadré les enjeux de cette dimension fondamentale de l'action onusienne.

 

La voix des acteurs de terrain

L'originalité de ce panel a résidé dans l'intégration d'interventions d'acteurs nationaux directement soutenus par les Nations Unies au Niger. La Directrice Exécutive Nationale de l'ONG FAD (Fondation pour l'Appui au Développement) et le Président du Conseil National de la Jeunesse ont apporté des témoignages concrets sur l'impact de la coopération onusienne au niveau des communautés et des bénéficiaires finaux.

Ces interventions ont permis de mesurer l'ancrage territorial de l'action des Nations Unies et d'évaluer, du point de vue des acteurs de la société civile, les forces et les faiblesses du système actuel. Elles ont également fourni des pistes concrètes pour l'amélioration de l'efficacité et de la pertinence des interventions, dans l'esprit de la réforme UN80.

 

Un laboratoire pour le multilatéralisme de demain

En définitive, ce panel de haut niveau de Niamey aura été bien plus qu'une simple célébration d'anniversaire. Il aura constitué un véritable laboratoire de réflexion sur l'avenir du multilatéralisme, particulièrement dans le contexte africain et sahélien. Les échanges ont permis de mettre en évidence les tensions créatrices entre aspiration à la souveraineté et nécessité de la coopération internationale, entre respect des spécificités nationales et universalité des valeurs et des objectifs.

L'expérience nigérienne, replacée dans le contexte plus large de l'Alliance des États du Sahel et de la réforme UN80, offre des enseignements précieux pour l'ensemble de la communauté internationale. Elle montre qu'il est possible de concilier refondation nationale et engagement multilatéral, transformation institutionnelle et continuité partenariale, affirmation souveraine et coopération internationale.

Les 65 années de coopération entre le Niger et les Nations Unies, célébrées dans ce contexte de double transformation, illustrent la capacité d'adaptation et de renouvellement du multilatéralisme face aux défis contemporains. Cette commémoration ouvre la voie à une nouvelle étape de cette coopération historique, placée sous le signe de l'efficacité, du respect mutuel et de la recherche de solutions durables aux défis du développement.

L'engagement réaffirmé de toutes les parties prenantes – autorités nigériennes, système des Nations Unies, partenaires internationaux, société civile – augure d'une coopération renouvelée, plus mature, plus équilibrée et mieux adaptée aux aspirations des peuples sahéliens et aux exigences du développement durable. Dans un monde en recomposition, où les certitudes vacillent et où les modèles traditionnels sont questionnés, l'expérience Niger-ONU pourrait bien préfigurer les contours du multilatéralisme de demain. 

Panel UN80Panel UN80 BIS1

Panel UN80 BIS2

 Abdoulkarim (actuniger.com)

 



Commentaires

0
Ah ça ira..
2 heures ya
Le putschistes ont scié la branche sur laquelle l'économie était assise, maintenant ils se tournent vers les institutions financières internationales pour mendier de lignes budgétaires.
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