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 Le groupe français Orano (ex-Areva) a obtenu une première décision favorable devant le tribunal arbitral du CIRDI dans le litige qui l’oppose à l’État du Niger au sujet de la Somaïr, dont Niamey a annoncé la nationalisation en juin dernier. Si le tribunal a interdit au Niger de céder l’uranium contesté et rejeté la demande de récusation de l’arbitre désigné par Orano, cette ordonnance partielle ne constitue pas une victoire définitive pour le groupe.

Le tribunal arbitral constitué sous l’égide du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) – une instance de la Banque mondiale basé à Washington – a rendu, le 23 septembre 2025, une ordonnance en faveur d’Orano. Dans sa décision, le tribunal a « enjoint à l’État du Niger de ne pas vendre, ni céder, ni même faciliter le transfert à des tiers de l’uranium produit par la Somaïr retenu en violation des droits d’Orano », comme le réclamait le groupe français.

Cette décision s’inscrit dans le cadre de l’affaire n° ARB/25/8, ouverte après que le Niger eut rompu unilatéralement plusieurs accords miniers avec la France. Elle constitue un revers notable pour les autorités de transition nigériennes, qui entendaient reprendre le contrôle intégral de la Somaïr, coentreprise détenue à 63,4 % par Orano depuis 1968.

Orano a également saisi l’opinion sur un autre front : la « détention prolongée et illégale » de son représentant local, Ibrahim Courmo, arrêté en mai 2025. Le groupe « se réjouit que le CIRDI ait, à son tour, demandé à l’État du Niger de procéder à sa libération conformément à la décision de la cour d’appel de Niamey en juillet 2025 ».

 

La nationalisation de la Somaïr et la rupture des accords miniers

Le litige s’enracine dans la décision des autorités nigériennes, en juin 2024, de révoquer le permis d’exploitation de la mine d’Imouraren – qui recèle l’un des plus importants gisements d’uranium au monde, devait constituer un pilier de l’approvisionnement nucléaire français pour les décennies à venir – puis d’annoncer, un an plus tard, la nationalisation de la Somaïr.

La Somaïr, société exploitant l’uranium dans la région d’Arlit, est détenue à 63,4 % par Orano et à 36,6 % par la Sopamin, représentant l’État nigérien. Depuis 1968, elle a permis à la France de s’approvisionner en uranium, combustible stratégique pour son parc nucléaire. Mais depuis le coup d’État militaire du 26 juillet 2023, les relations entre Niamey et Paris se sont considérablement tendues.

En juin 2025, les autorités nigériennes ont annoncé vouloir s’approprier entièrement la Somaïr, accusant Orano de non-respect des engagements contractuels. Selon Niamey, sur une production totale commercialisée de plus de 80 000 tonnes d’uranium entre 1971 et 2024, le groupe français aurait capté à lui seul 86,3 %, contre seulement 9,2 % pour la Sopamin.

Les militaires reprochent également à Orano d’avoir, après le putsch, interrompu volontairement certaines activités : rapatriement précipité de ses ressortissants employés à la Somaïr, suspension de l’exploitation et déconnexion du système informatique de la société du réseau global du groupe.

 

Des tensions minées par l’histoire

Au cœur du bras de fer : le sort incertain de 1 300 tonnes de concentré d’uranium, d’une valeur estimée à 250 millions d’euros, actuellement stockées sur place. Orano exige que lui soit reconnu un droit de propriété sur ce stock, arguant qu’il a été produit avant la rupture unilatérale des accords.

Cette confrontation autour de l’uranium illustre les tensions profondes entre la France et son ancienne colonie, où le rejet de la présence française est devenu un marqueur politique depuis la prise du pouvoir par les militaires.

Face à ce retrait, Orano avait immédiatement déclenché une procédure d’arbitrage international, dénonçant une rupture unilatérale des accords miniers. Mais pour l’instant, ce stock reste bloqué à Arlit, faute de débouché logistique. La fermeture de la frontière entre le Niger et le Bénin empêche tout acheminement vers le port de Cotonou, principal corridor d’exportation de l’uranium nigérien.

 

Un différend aux enjeux géopolitiques régionaux

Ce contentieux dépasse le simple cadre commercial. Il s’inscrit dans la reconfiguration des relations entre la France et les États du Sahel, après une série de putschs au Mali, au Burkina Faso et au Niger. La question de l’uranium – matière stratégique pour l’indépendance énergétique française – cristallise les tensions postcoloniales et les volontés souverainistes affichées par les juntes militaires.

Si la décision du CIRDI constitue un succès tactique pour Orano, elle n’éteint pas le conflit. Le groupe reste évincé de la Somaïr, son représentant emprisonné, et ses actifs gelés. De son côté, le Niger conteste la compétence du CIRDI et réaffirme sa souveraineté sur les ressources nationales.

Abdoulkarim (actuniger.com)



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