Niger : la SORAZ dément les rumeurs d'arrêt de production et révèle des difficultés techniques liées au pétrole d'Agadem
Face aux rumeurs persistantes circulant sur les réseaux sociaux, le Syndicat National des Travailleurs de l'Énergie du Niger à la SORAZ (SYNATREEN-SORAZ) a publié ce vendredi 4 juillet 2025, un communiqué officiel pour démentir catégoriquement les informations faisant état d'un arrêt de production à la raffinerie de Zinder. Ces allégations apparues le 3 juillet 2025, selon le syndicat, évoquaient une crise imaginaire entre le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et la China National Petroleum Corporation (CNPC). Cette mise au point intervient dans un contexte géopolitique tendu autour des ressources pétrolières nigériennes et révèle des enjeux techniques complexes qui dépassent largement le cadre des simples ajustements industriels.
Un démenti ferme mais des réalités techniques confirmées
Le secrétaire général du SYNATREEN-SORAZ, M. Ousseini Malam Moussa Ahmet, a catégoriquement réfuté les allégations selon lesquelles la SORAZ aurait cessé ses activités en raison d'une supposée crise entre le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et la China National Petroleum Corporation (CNPC). « Nous démentons formellement ces affirmations. À ce jour, la SORAZ poursuit ses activités de raffinage en toute sécurité et assure normalement l'approvisionnement en produits finis à la SONIDEP, conformément à sa mission et à ses engagements », a-t-il déclaré.
Cependant, le communiqué révèle une réalité opérationnelle plus complexe en confirmant que la raffinerie a effectivement dû "ajuster temporairement sa production". Cette situation ne résulte pas d'un conflit diplomatique mais de contraintes techniques majeures liées à la qualité du pétrole brut livré depuis le bloc d'Agadem, exploité par la compagnie chinoise CNPC. Le brut actuellement fourni présente "un rendement plus élevé en produits lourds, et donc moins favorable aux produits légers", compliquant considérablement les opérations de raffinage et la production des carburants les plus demandés sur le marché local.
Des problèmes structurels révélateurs d'enjeux plus profonds
L'analyse des difficultés techniques révélées par le SYNATREEN-SORAZ met en lumière des déséquilibres préoccupants dans la chaîne d'approvisionnement pétrolière nigérienne. Deux facteurs principaux expliquent cette réduction de production : un niveau de stock de résidus brut "anormalement élevé" et un niveau de stock de fioul "également trop important". Ces accumulations témoignent d'un déséquilibre dans la chaîne de production qui va bien au-delà des simples ajustements techniques habituels.
Plus révélateur encore, le communiqué indique que "le débit de brut expédié par la CNPC vers la raffinerie a connu une baisse significative ces dernières semaines".
Face à ces contraintes, la SORAZ a engagé plusieurs mesures correctives : l'écoulement progressif du stock de fioul entreposé dans les réservoirs, une demande formelle à la CNPC d'augmenter le débit et d'améliorer la qualité du brut fourni, ainsi que la mise en œuvre d'ajustements techniques appropriés pour garantir la continuité de l'exploitation.
Clarifications sur les mouvements de personnel chinois
Le SYNATREEN-SORAZ a également apporté des précisions importantes sur la présence de nouveaux personnels chinois à Niamey, sujet qui avait alimenté certaines spéculations sur une possible dégradation des relations sino-nigériennes. Selon le syndicat, il s'agit « tout simplement du remplacement du personnel arrivé en fin de contrat de quatre ans, conformément aux dispositions légales et conventionnelles en vigueur ». Cette explication vise à dissiper les rumeurs selon lesquelles ces mouvements de personnel seraient liés à une crise diplomatique.
Le communiqué précise que « quelques anciens techniciens ont également été maintenus pour assurer la continuité et la sécurité des opérations », soulignant l'importance de préserver l'expertise technique nécessaire au bon fonctionnement de la raffinerie. Cette approche équilibrée entre renouvellement du personnel et maintien des compétences critiques témoigne d'une gestion prudente des ressources humaines dans un contexte géopolitique sensible.
Une dimension politique assumée et un soutien affiché aux autorités
Le ton du communiqué révèle une dimension politique clairement assumée, avec un soutien explicite aux autorités de transition. Le SYNATREEN-SORAZ rappelle que « la récente intervention publique de Son Excellence le Président de la République, Général d'Armée, Chef de l'État Abdourahamane Tiani, au sujet de la situation à Agadem, reposait sur des faits vérifiés et documentés ». Cette position reflète, selon le syndicat, « un acte de responsabilité et de fermeté, pleinement assumé pour la défense des intérêts du Niger ».
Le communiqué adopte un ton particulièrement ferme en appelant « l'opinion nationale et internationale à faire preuve de vigilance et à ne pas se laisser influencer par des messages alarmistes, non vérifiés et contraires à la réalité ». Cette mise en garde s'inscrit dans un contexte plus large de guerre informationnelle autour des ressources énergétiques nigériennes, où les enjeux économiques et géopolitiques alimentent régulièrement rumeurs et désinformation.
Une rhétorique combative contre les "ennemis du Niger"
Dans un passage particulièrement virulent, le SYNATREEN-SORAZ dénonce « les ennemis du Niger, qui espèrent l'effondrement de nos structures industrielles et la mise en échec de la transition ». Cette rhétorique combative reflète la perception des autorités nigériennes d'être confrontées à des tentatives de déstabilisation visant leurs infrastructures stratégiques et leur processus de transition politique.
Le syndicat va plus loin en condamnant « fermement les comportements de certains citoyens, notamment à l'étranger, qui, par des propos irresponsables et malveillants, souhaitent la déstabilisation de leur propre pays au service d'intérêts extérieurs ».
A.K.Moumouni (actuniger.com)