Atelier de Sensibilisation à l’Insertion des Jeunes Diplômés : le Secteur Privé Nigérien Appelé à Jouer un Rôle Clé
Niamey, 3 juin 2025 — Un vent d’espoir souffle sur l’employabilité des jeunes au Niger. Hôtel Bravia de Niamey a accueilli ce mardi un atelier de sensibilisation à fort enjeu, organisé dans le cadre du Programme d’Appui à l’Insertion Socio-économique des Femmes et des Jeunes (PAISE-J). Cette rencontre, fruit d’une synergie entre le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Ministère de la Jeunesse et des Sports, l’Agence Nationale pour le Volontariat et le Développement (ANVD) ainsi que la Chambre de Commerce et d’Industrie du Niger (CCIN), visait à mobiliser les chefs d’entreprises autour d’un objectif commun : faciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés nigériens.
Un programme structurant, des impacts visibles
Le PAISE-J, piloté par le PNUD, s’articule autour d’une approche holistique : accompagnement des jeunes diplômés, renforcement des capacités entrepreneuriales, mise en relation avec des entreprises, et promotion de l’entrepreneuriat local. Une vidéo projetée lors de l’atelier a illustré les impacts concrets du programme : des jeunes plus confiants, des compétences renforcées, des perspectives d’avenir élargies.
Un engagement stratégique pour l’avenir du Niger
En ouverture, les différentes autorités présentes ont rappelé l’enjeu stratégique de cette mobilisation. L’objectif national est ambitieux : réduire de 50 % le taux de chômage des jeunes diplômés d’ici à 2030. Un cap qui ne pourra être atteint sans l’implication active du secteur privé, comme l’a souligné M. Moussa Sidi Mohamed, Président de la CCIN :
« Cette stratégie, ancrée dans les axes 5 et 3 du programme gouvernemental 2022–2026, vise autant la croissance du secteur privé que la résorption du chômage des jeunes. Notre jeunesse est notre plus grande richesse. Et c’est ensemble, en alliant nos efforts, que nous réussirons. »
Il a insisté sur le rôle moteur que doivent jouer les entreprises dans ce processus, en accueillant des jeunes dans des stages structurants et en soutenant leur première expérience professionnelle.
Un appel à l’unité et à l’inclusivité
Mme Jane O. Yeboah, représentante résidente adjointe du PNUD, a mis en lumière l’ampleur du défi : chaque année, près de 200 000 jeunes terminent leurs études au Niger. Mais face à cette réalité, les offres d’insertion restent encore insuffisantes.
« Ce que nous proposons aujourd’hui, ce n’est pas qu’un emploi. C’est une vision. Une opportunité de créer un avenir plus inclusif, en particulier pour les jeunes sans réseau ou issus de milieux vulnérables. »
Elle a présenté un nouveau mécanisme national d’insertion, basé sur une base de données de jeunes qualifiés et une collaboration étroite avec les entreprises. Elle a lancé trois propositions concrètes :
- Que chaque entreprise accueille un maximum de jeunes diplômés.
- Que cette action se fasse de manière coordonnée et transparente.
- Qu’un cadre régulier de dialogue public-privé soit mis en place pour ajuster et renforcer le dispositif.
Une parole forte en faveur de l’entrepreneuriat
M. Iddi Ango Ibrahim, Président d’honneur de la CCIN, a rappelé que l’insertion professionnelle ne passe pas uniquement par les stages :
« L’avenir du Niger réside aussi dans la capacité des jeunes à devenir eux-mêmes des créateurs d’emplois. Nous devons accompagner ces jeunes dans leur aventure entrepreneuriale. »
Il a insisté sur la nécessité de dire la vérité aux jeunes : tous ne trouveront pas d’emploi salarié, mais tous peuvent innover, entreprendre et répondre aux besoins locaux. Il a exhorté à promouvoir une culture du mérite, du travail et de l’intégrité.
Le témoignage fort des acteurs du terrain
L’atelier a aussi été rythmé par plusieurs témoignages édifiants de dirigeants d’entreprises et d’institutions, mettant en lumière les réalités du terrain.
M. Abdoulaye Sanda Maïga, DG de l’IPSP, a dénoncé les injustices d’accès aux stages, les pratiques de favoritisme, les discriminations sexistes, ainsi que le blocage générationnel dans le secteur public. Il a appelé à une volonté politique forte et à plus de justice dans le système.
Mme Reki Djermakoye, présidente du Fonds de Solidarité de la Patrie (FSSP), a mis en avant l’impact positif des stages dans sa propre entreprise, soulignant que 98 % de son personnel provient d’anciens stagiaires. Elle alerte cependant sur les changements de comportement après embauche et appelle à mieux encadrer l’accompagnement.
Le DG de Coris Bank Niger a livré un témoignage personnel inspirant : ancien stagiaire en 2007, il est aujourd’hui à la tête d’une banque grâce aux programmes d’insertion de l’État et a appelé à multiplier ces opportunités qui peuvent changer une vie
M. Ali Djimba, DG de CAT Logistics, a soulevé les contraintes économiques actuelles que subissent les entreprises. Il appelle également à encourager la création d’emplois par les jeunes eux-mêmes, à travers l’entrepreneuriat.
Le mot du gouvernement
Dans son allocution de clôture, le Ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Sidi Mohamed Almahmoud, a salué cette initiative de concertation, qui incarne selon lui un tournant stratégique dans la collaboration entre public, privé et partenaires techniques.
Il insiste sur le fait que la solution à la crise de l’emploi des jeunes passe par une réponse patriotique collective et réaffirme la vision du Président de la République Son Excellence le Général d'Armée ABDOURAHAMANE TIANI: faire de chaque jeune un acteur du développement.
L’atélier marque une étape décisive dans la construction d’un écosystème d’insertion économique durable pour les jeunes au Niger. Tous les participants, du secteur public comme privé, ont exprimé leur volonté de s’engager davantage pour offrir une chance réelle à la jeunesse nigérienne. Car l’avenir du pays, comme l’a rappelé l’un des intervenants, se joue aujourd’hui entre les mains de cette jeunesse.
Mamane Adamou, ActuNiger.com