Université de Niamey : le rectorat déclare "illégale" la grève de 72 heures des étudiants

L’Université Abdou Moumouni de Niamey (UAM) traverse une nouvelle zone de turbulence. Un conflit larvé entre l’administration et les représentants étudiants a éclaté au grand jour, promettant un bras de fer tendu en cette début d’année académique. D’un côté, le Comité Exécutif de l’Union des étudiants nigériens à l’Université de Niamey (CE/UENUN) a lancé un mot d’ordre de grève de 72 heures, suspendre toutes les activités académiques jusqu’au mercredi 5 novembre. De l’autre, le Rectorat, par la voix du professeur Barage Moussa, a répliqué fermement, qualifiant sans ambages le mouvement d’"illégal" et les revendications de "non pertinentes".
Le cœur de la controverse, et l’argument massue brandi par le Rectorat, réside dans la personne même du signataire du mot d’ordre. Le communiqué rectoral, publié dans la journée, souligne avec une précision administrative que le texte a été signé par Issoufou Garba Idrissa, dit "Joli", un étudiant frappé d’exclusion par arrêté n° 000966/UAM/R/SG/SCP en date du 22 août dernier. Pour l’administration, la légitimité même de l’appel à la grève en est donc entachée à la source. Un membre du Rectorat, sous couvert d’anonymat, confie : "On ne peut pas dialoguer avec un fantôme administratif. La première règle de toute négociation, c’est de savoir à qui l’on parle. Ici, nous avons affaire à une signature qui n’a plus aucun droit de représenter les étudiants de l’UAM."
Les motifs invoqués par l’UENUN pour justifier ces trois jours de blocage sont lourds. La liste est longue et touche à des problématiques structurelles qui dépassent le simple cadre de cette université. Le "mot d’ordre" des étudiants dénonce pêle-mêle des "réformes académiques suicidaires", une "augmentation des frais de formation", un "retard académique sans solution", des "conditions sociales défavorables" et le "manque criard de bus" pour le transport.
Surtout, ils pointent du doigt "l’exclusion injuste de camarades" et la "sourde oreille" du ministre de l’Enseignement supérieur face à leurs demandes. Un catalogue de griefs qui peint le portrait d’une jeunesse estudiantine en colère, se sentant délaissée et dont l’avenir académique s’assombrit.
Le Rectorat, lui, oppose un front uni et un déni catégorique. Dans sa note, il estime que les points évoqués sont "d’aucune pertinence" pour justifier une telle paralysie. Une position qui a de quoi surprendre, tant les problèmes de transport ou de conditions sociales sont des sujets récurrents de mécontentement. Cette fin de non-recevoir radicale laisse peu de place à une issue rapide et apaisée. Le Recteur a en outre fermement rappelé que les activités perturbées dans l’après-midi du 3 novembre étaient "considérées comme exécutées", un avertissement qui sonne comme une menace implicite pour la suite.
Alors que l’année universitaire est encore jeune, ce conflit ouvert jette une ombre inquiétante sur les mois à venir. Les étudiants affirment rester "ouverts au dialogue sincère", mais face à une administration qui refuse toute légitimité à leurs représentants actuels, la porte semble bien close.
Ibrahim Issa (actuniger.com)
																
										


