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Cour eveil migrants et demandeurs asile

[REPORTAGE] Dans le cadre de son appui multiforme au gouvernement du Niger pour garantir les droits des enfants,  l’UNICEF en collaboration avec plusieurs partenaires techniques et financiers, a initié plusieurs programmes visant à assurer l’éducation et à renforcer la protection des enfants  en  mobilité dans plusieurs régions du pays. A Agadez, carrefour  par excellence à forte concentration de migrants, le Fonds a ainsi financé un projet de renforcement de la protection et de l’éducation pour les réfugiés et demandeurs d’asile du centre humanitaire et des cases de passages de la ville.  Mis en œuvre par l’ONG INTERSOS, le projet a été exécuté par la nouvelle approche de l’Unicef  qui se traduit par un paquet intégré d’intervention dans les domaines de l’éducation et la protection des enfants en mobilité. Les interventions du projet ont permis d’atteindre des résultats satisfaisants  avec des impacts directs et indirects tant pour les enfants réfugiés et demandeurs d’asile que pour la communauté hôte comme en témoignent les principaux bénéficiaires. Cet article est la seconde partie du reportage que nous consacrons à la prise en charge des enfants en situation de mobilité dans la région d’Agadez à travers le projet de « renforcement de la protection et de l’éducation pour les réfugiés et les demandeurs d’asile du Centre humanitaire et des cases de passage d’Agadez », financé par l’Unicef et mis en œuvre par Intersos, et dont la première partie est à lire sur actuniger sous le titre : Migrations et droits des enfants : à Agadez, l’Unicef accompagne le gouvernement en matière de protection et d’éducation des enfants en mobilité.

Connu principalement comme un pays de transit pour les flux migratoires en provenance d'Afrique de l'Ouest et du centre, principalement vers la Libye et l'Algérie et, dans une moindre mesure, vers l'Europe, le Niger est également devenu aussi ces dernières années à la fois un pays de départ de migrants  notamment vers les pays du Maghreb et un pays de transit pour les migrants refoulés d’Algérie et de la Libye. Le pays accueille aussi des demandeurs d’asile et des réfugiés notamment des somaliens, des éthiopiens, des soudanais etc...

Les sites prioritaires de transit comprennent Agadez, Arlit et Aderbissinat qui sont des zones à forte concentration de migrants. A titre d’exemple, les statistiques officielles font ressortir que 92% des migrants nigérians, transitent par le Niger, principalement Agadez, et se dirigent vers la Libye pour atteindre l'Italie. Ces flux migratoires sont de plus en plus constitués d’enfants en situation de mobilité qui sont extrêmement vulnérables et exposés à de multiples risques, particulièrement au moment où ils doivent sortir des voies sûres et légales ou s'ils sont non-accompagnées ou séparés de leurs familles.

Dans le cadre de son appui au gouvernement du Niger, pays  à la fois de départ, de retour et de transit pour les migrants, l’UNICEF  a mis en œuvre une nouvelle approche d’assistance   et de protection des enfants en mobilité et qui vise à garantir  pour les enfants tout un continuum de protection. L’objectif est d’appuyer le gouvernement à renforcer le système du service public de protection de l’enfant à faire la prévention, à a assurer l’assistance et la protection des mineurs en mobilité et à assurer la coordination des acteurs et des mécanismes communautaires et ce, en respectant les standards internationaux. De manière plus spécifique, l’approche vise à renforcer les offres de service aux mineurs en mobilité dans les zones de transit ; à améliorer la prévention dans les zones de départ et de transit au Niger, à faciliter des solutions durables pour les mineurs dans le pays, et enfin, à améliorer la coordination notamment entre les services au niveau national et régional en charge de protection de l’enfant.

cours eveil et de mise a niveau dans des classes passerelles

Des cours d’éveil et de mise à niveau dans des classes passerelles sont dispensés au profit des demandeurs d’asile et réfugiés.

Garantir les droits des enfants en mobilité dans les zones à forte concentration de migrants

Dans la région d’Agadez, l’Unicef avec l’appui de plusieurs partenaires techniques et financiers notamment l’Union européenne; UK AID; Notcom France  et le ministère italien de l’Intérieur, a financé le « Projet de renforcement de la protection et de l’éducation pour les réfugiés et les demandeurs d’asile du centre humanitaire et des cases de passages de la ville d’Agadez ».  Le projet qui est mis en œuvre par l’ONG internationale INTERSOS basée à Rome et présente au Niger depuis février 2019, vise à renforcer la réponse en protection et éducation donnée aux réfugiés et aux demandeurs d’asile hébergés dans le site humanitaire qui est situé à 13 Km de la ville d’Agadez et dans les cases de passage dans la ville d’Agadez ainsi que les enfants autochtones de la communauté d'accueil notamment ceux scolarisés dans les écoles de KATANGA, SALKHAD, SABON GARI, TAGLANFAT, MAI ADOUA et NASSARAOUA.

L’un des aspects particuliers et important qui mérite d’être souligné, c’est que le Projet est mis en œuvre à travers une approche intégrée. C’est ce qu’a mis, d’ailleurs en avant, M. Abdoul Razak Mamane Issaka, chef du service communal du développement communautaire et de l'aménagement du territoire : « L'ONG Intersos a opté pour une approche participative et inclusive, elle travaille avec le maximum d'acteurs de la commune. Nous avons donc mis en commun un comité de suivi qui est présidé par le maire. Ce comité tient des réunions périodiques pour faire la situation des activités qui sont réalisées sur le terrain. Egalement de temps en temps, nous effectuons des missions pour constater de visu les réalisations de l'ONG sur le terrain », nous a-t-il expliqué. Aussi, en plus de l'assistance apportée aux enfants demandeurs d'asile, le projet associe aussi les enfants de la communauté hôte qui sont dans le grand besoin. Ainsi, 94 jeunes de la communauté hôte ont pu bénéficier de cet appui. « Le projet a aussi accompagné ces jeunes après leur formation professionnelle dans la formation en vie associative pour les aider à s'associer afin d'exercer leur propre activité, ce qui est pour moi une innovation importante »,  a ajouté M. Abdoul Razak Mamane Issaka, qui tout en exprimant sa reconnaissance à l’UNICEF et INTERSOS, s’inquiète du vide que va engendrer la fin du projet.

Abdoul Razak Mamane Issaka

M.Abdoul Razak Mamane Issaka, Chef du service communal du développement communautaire et de l'aménagement du territoire : « Bien évidemment la fin de ce projet va laisser un vide car les services de protection dont bénéficient ses enfants vont forcément en pâtir. Les enfants continuent d'être enregistrés au niveau de la commune, le flux migratoires bien que réduit demeure, la commune n'a pas les capacités pour prendre en charge ces enfants et jeunes qui ont besoin de protection. Mon souhait est que le maire de la commune urbaine d'Agadez fasse un grand plaidoyer à l'endroit des partenaires techniques et financiers (PTF) notamment l'UNICEF et bien d'autres pour qu'on puisse prendre les mesures nécessaires pour poursuivre ce service de prise en charge. »

La population ciblée par les interventions est formée des garçons et des filles réfugiés et demandeurs d’asile qui résident dans le centre humanitaire d’Agadez, les cases de passage, ainsi que leurs parents et la communauté d'accueil. Les bénéficiaires du projet sont les enfants et adolescents âgés de 0 à 17 ans en famille et les Enfants Non Accompagnés (ENA) y compris ceux qui ne sont plus mineurs mais qui sont rentrés au Niger comme tels,  ainsi que les élèves des écoles d’accueil où sont inscrits les enfants demandeurs d’asile. Ce qui constitue un plus pour les écoles partenaires du projet.

M. Mahaman Ali

M. Mahaman Ali, Inspection communal de l’enseignement primaire Agadez et Représentant de la DREP : « Nous sommes très satisfaits des interventions du projet mis en œuvre par INTERSOS et financé par l’UNICEF car grâce aux actions menées et en plus des fournitures scolaires reçues ainsi que la réhabilitation ou constriction des classes, nous avons constaté après évaluation à la fin de l’année que le niveau des élèves de ces écoles a été considérablement rehaussé. C’est pourquoi nous plaidons vraiment pour la poursuite de ce projet afin qu’il puisse bénéficier à plus d’enfants car les besoins sont toujours là puisque les enfants migrants continuent d’affluer dans la ville ».

EDUCATION : des actions pour garantir le droit des enfants à l’éducation

Le Projet est mis en œuvre à travers deux principaux volets : l’éducation et la protection. Dans le domaine de l’éducation, les interventions du projet ont commencé par une évaluation menée en 2019 par l’Unicef et qui a permis de relever un véritable déficit en la matière comme l’explique M. Ahmed Mahfouz, chef de projet Education et Protection à Intersos.  « A la suite de cette évaluation, nous avons remarqué un énorme gap en matière d'éducation et l’UNICEF a décidé de financer un projet destiné à renforcer l’éducation des enfants demandeurs d'asile qui sont de plusieurs nationalités dont la majorité sont des soudanais », explique-t-il. En effet, poursuit-il, lorsque ces enfants arrivent au Niger, ils ne sont intégrés à aucun système éducatif formel et ne parlent même pas les langues d’enseignement pour la majorité des cas.  C’est pourquoi, des classes passerelles ont été instaurées pour renforcer le niveau de ces enfants afin qu’ils puissent intégrer le système éducatif formel. « Les enfants des classes passerelles sont évalués, à l’issue de l’évaluation et en fonction des résultats et de leurs moyennes, ils sont repartis dans les différentes classes en fonction de niveau », détaillé notre interlocuteur.

Masboula Youssouf

Masboula Youssouf, soudanaise, 15 ans et en classe de CM1 à l'école Katanga : « J'ai quitté le Soudan pour la Libye et de la Libye je me suis retrouvée ici à Agadez. Nous avons été installés au niveau du Centre humanitaire. Par la suite, nous avons commencé à étudier avec mes autres sœurs grâce à l’UNICEF et Intersos. Nous avons aussi reçu des fournitures scolaires et après quelques mois, on a fait une évaluation et j'ai été inscrite en classe de CE2. A la rentrée, on nous a donc inscrit à l'école Katanga où j'ai continué mes études en CM1. Nous remercions vraiment l’UNICEF et Intersos qui nous assistent et qui nous permettent de pouvoir continuer les études. À l'école Katanga, je me suis fait des amies avec lesquelles je cause et je m'amuse pendant la récréation. Je suis très contente car maintenant j'arrive à parler français, au Soudan je ne parlais pas du tout un seul mot du français. »

Pour l’accueil des enfants demandeurs d’asile ou réfugiés, six (6) écoles partenaires ont été choisies comme des écoles d'accueil pour les enfants demandeurs d’asile qui sont hébergés dans le Centre humanitaire et dans les cases de passages.  Il s’agit des écoles de KATANGA, SALKHAD, SABON GARI, TAGLANFAT, NASSARAOUA et MAI ADOUA. « Les enfants sont très bien intégrés au niveau de ses 6 écoles. Certains de ces enfants demandeurs d'asile sont même parmi les premiers de leur classe », tient à souligner, tout admiratif, M. Ahmed Mahfouz.

Des manuels scolaires et des infrastructures pour les écoles partenaires

 Zeinaba Amatawa

« Je peux dire que grâce à l'appui que nous avons reçu avec l'arrivée des élèves enfants demandeurs d'asile, le niveau d'apprentissage des autres d'élèves a aussi été rehaussé puisque les élèves concernés par cet appui font partis des meilleurs de nos élèves. En effet, les élèves sont dans de bonnes conditions, nous les enseignants, avons le matériel nécessaire. Nous pouvons dire que les objectifs sont atteints du moment où les résultats sont probants, nos élèves ont de bons résultats», témoigne Mme Zeinaba Amatawa, enseignante à l’école TAGLANFAT.

Les écoles d’accueil ont, en effet, bénéficié de divers appuis notamment des distributions de kits scolaires ; la construction ou la réfection des infrastructures scolaires, l’instauration de classes passerelles et d’éveil, des cours de français et l’insertion de demandeurs d’asile et des réfugiés dans le système scolaire formel. C’est ainsi que les 6 écoles partenaires qui accueillent les enfants réfugiés ou demandeurs d’asile et qui totalisent un effectif de 2971 enfants dont 1498 filles de 4 à 15 ans ont bénéficié de manuels scolaires et ont vu leurs  salles de classe construites ou réhabilitées ;  4 classes passerelles pour 23 enfants dont 12 filles de 7 à 13 ans ainsi que 5 classes d’éveil pour 73 enfants dont 34 filles de 3 à 6 ans ont été érigées. En plus des séances de cours de français qui ont bénéficié à 104 enfants, 81 enfants demandeurs d’asile ou réfugiés dont 39 filles de 5 à 12 ans ont été inscrits dans le système scolaire formel. En matière de renforcement d’infrastructures, 6 classes ont été réhabilitées au sein de 3 écoles (Katanga, Sabon-gari et TAGLANFAT) et 1 bloc de 2 salles à structure évolutive construite à l’école de Mai Adoua.

classes evolutives ecole Mai Adoua

Bloc de 2 salles à structure évolutive à l’école de Mai Adoua.

Comme on le constate, les différents appuis profitent aussi bien aux enfants demandeurs d’asile ou réfugiés qu’aux élèves des écoles partenaires. Ce qui permet de renforcer considérablement leur niveau ainsi que leur capacité d’accueil. C’est ce que met en avant M. Abdoulkader Alzouma, directeur école TAGLANFAT : « le financement obtenu grâce à l'arrivée de ses enfants nous a beaucoup servi. Preuve à l'appui, cette classe dans laquelle nous sommes présentement a été entièrement réhabilitée par des fonds alloués par le Projet. Grâce à l’UNICEF et Intersos, notre établissement a bénéficié également des fournitures scolaires et aussi en formation de plusieurs enseignants et même les structures d'appui de l'école, chacun en fonction de ses responsabilités, a bénéficié d’un appui ».

Les organisations communautaires de gestion des établissements scolaires témoignent également du même sentiment de satisfaction et de gratitude à l’endroit des initiateurs et partenaires du projet. C’est le cas de M. Assalam Ibrahim, membre du COGES et parent d'élève de l’école TAGLANFAT qui nous parle des réalisations et de l’impact : « nous ne pouvons que dire merci à Intersos et à l’UNICEF car nous avons vu de l'évolution  et constaté du changement suite aux différentes actions et interventions de ce Projet. Avant, nos écoles manquaient presque de tout, ce qui impactait le niveau des enfants car les parents ne pouvaient pas tout prendre en charge. Mais depuis l'arrivée de ce projet à travers UNICEF, tout le matériel nécessaire a  été mis à notre disposition, et aujourd’hui notre école et nos enfants font notre fierté au delà de l’école au regard de leurs résultats scolaires qui se sont nettement améliorés et des infrastructures qui ont été renforcées ainsi que les manuels scolaires qui sont désormais disponibles. Nous en demandons davantage car nous avons vu l’impact  que cela a engendré».

Formation professionnelle : des métiers pour une intégration économique réussie

En plus de la préparation des élèves enfants demandeurs d’asile et refugiés ainsi que de l’appui aux élèves des communautés hôtes et des écoles partenaires d’accueils, les interventions du projet s’étendent à la formation professionnelle des jeunes dans divers métiers. Là, c’est le Centre de Formation au Métiers (CFM) d’Agadez qui est le principal partenaire en matière de formation dans des domaines variés comme le tricotage, la coiffure, la couture et la restauration pour les filles. D’autres formations sont aussi assurées pour les filles comme pour les garçons notamment en mécanique-auto, électricité-bâtiment ou informatique. Mahamane Ilo Djibril, formateur en mécanique-auto a tenu à témoigner sur le cas d’un demandeur d'asile qui suit des cours de mécanique avec lui et qu’il l’a visiblement séduit : « Il est vraiment très brave. Il aime vraiment ce qu'il fait. On sent qu'il aime ce qu'il fait, il est très ambitieux. Il m'a même demandé dès le début de la formation de lui permettre d'intégrer un garage de réparation. Aujourd'hui, ce jeune guinéen est capable de démonter et remonter tout seul un moteur, de faire l'entretien, la réparation d'une culasse de moteur, il a même des notions pour les boîtes de vitesses. C'est vraiment un modèle, car cela a fait que les autres enfants sont pressés aussi de toucher aux réparations difficiles. A l'endroit de Intersos et UNICEF, je ne peux que louer cette initiative, ils sont en train de faire un travail formidable. »

L’apprenant en question, c’est Boubacar Diakité, 17 ans élève en mécanique  et réparation automobile, originaire de la Guinée Conakry : « Je suis ici depuis 2020. J'apprends beaucoup de choses dans cet atelier.  C’est ainsi que j'ai appris à réparer les moteurs des véhicules, les boîtes de vitesse, etc... J'ai choisi cette formation parce que j'aime bien le métier de la mécanique, c'est mon choix personnel donc je ne peux que me donner corps et âme pour réussir. A la fin de ma formation, mon vœu est d'avoir mon propre atelier et travailler pour moi-même. Je me sens bien ainsi et j’entends intégrer un garage et plus tard avoir mon propre atelier. Je ne pense pas retourner en Guinée ou continuer ailleurs car c’est ici que je me sens bien ».

 Boubacar Diakite

Boubacar Diakité chapeau noir à la tête, 17 ans et originaire de la Guinée, élève en mécanique-auto au CFM d’Agadez

Un autre cas qui nous a émerveillé au cours de ce reportage, c’est celui de Zaliha Ibrahim, 20 ans et originaire d’Agadez. Elle a décidé de suivre une formation en électricité bâtiment au CFM d'Agadez, brisant ainsi un tabou qui veut que c’est un « métier d’homme ». Elle en est d’ailleurs consciente mais a décidé d’aller au delà des préjugés et sa bravoure va certainement faire des émules.  « Grâce à la formation que j'ai reçu ici, je suis aujourd'hui capable de faire des montages d'ampoules: le simple allumage ou le double allumage. C’est vrai que c'est généralement un métier pour les hommes, mais j'aime ce travail, j'ai vraiment envie d'apprendre davantage. A l'avenir, j'envisage de m'organiser en groupe avec des amies afin d'avoir un atelier en électricité. Je demande aux autres filles de suivre mes pas, car il n’y a rien de difficile dans ce travail, il suffit juste de s'y mettre», lance-t-elle tout en continuant son exercice pratique sans complexe aucun au sein de l’atelier de formation où nous l’avons trouvé en compagnie d’autres apprenants.  

Formation professionnelle au profit de jeunes migrants

Zaliha Ibrahim, 20 ans et originaire d’Agadez. Elève en Electricité-bâtiment au CFM d’Agadez.

PROTECTION : un paquet intégré d’interventions pour garantir et protéger les droits des mineurs en mobilité

La protection constitue le second volet du Projet « Renforcement de la protection et de l’éducation pour les réfugiés et les demandeurs d’asile du centre humanitaire et des cases de passages d’Agadez » mis en œuvre par INTERSOS sur financement de l’UNICEF. « La protection c'est  l'ensemble des activités qui visent la prévention et la protection de toute exploitation ou abus sexuel des enfants ici à Agadez. Dans le domaine de la protection de l'enfance, nous menons un certain nombre d'activités qui vont de la fourniture en kit NFI, l'éducation, des activités psychosociales, la gestion des cas. Toutes ses activités nous permettent de prévenir les abus dont   sont victimes parfois les enfants que ce soit dans les pays d'origine, de transit, d'accueil », explique Delphine Essa, chef de base, officier de protection Intersos à la base d'Agadez, qui se dit satisfaite des résultats atteints par le projet en si peu de temps.

Delphine Essa

Delphine Essa, chef de base, officier de protection Intersos à la base d'Agadez

« L’impact de ce projet est pluriforme. Il y a déjà dans un premier temps l'intégration de l'enfant au sein du pays d'accueil, les enfants essaient de s'intégrer à la communauté hôte à travers les activités psychosociales, le football, le sport de manière générale. Il y a aussi l'intégration sur le plan économique, ils essayent de s'intégrer dans la vie active à travers les petits boulots qu'ils font et aussi sur le plan culturel où ils apprennent la culture nigérienne et vice-versa. C’est pourquoi nous remercions le partenaire Unicef qui a été d'un grand appui aussi bien sur le plan technique que sur le plan financier pour la réalisation de toutes ces activités qui ont été faites ici. UNICEF nous a fait confiance, nous espérons que ce partenariat, il va se poursuivre parce qu'il apporte un impact très durable et positif à l'endroit des bénéficiaires que sont les enfants, mais aussi à l'endroit des autorités d'Agadez ».

Le processus de protection des enfants vulnérables commence avec l’arrivée des enfants qui sont alors hébergés au niveau de la case de protection après l'obtention d'une ordonnance de placement obtenue au niveau du juge des mineurs du tribunal de grande instance d'Agadez. Les enfants bénéficient à ce niveau d’une prise en charge totale et qui tient compte de leur besoin spécifique. La prise en charge totale s’étend des activités psychosociales (des jeux, des sorties récréatives) à celle de leur éducation qui est également pris en compte avec des cours  de langue française et des cours de formation professionnelle.

réfugies et demandeurs asiles en cours dans une classe passerelle

Moutasim Moussa Ousmane, 11 ans  et demandeur d’asile de nationalité soudanaise se débrouille déjà assez bien en français

« Je suis inscrit à l'école Sabon Gari en classe de CE1. Je suis ici à Agadez depuis 2020. Ici je me sens en sécurité, je me sens bien ici. Mon souhait c'est de devenir docteur ou juge. Je n'envisage pas de rentrer dans mon pays car il n'y a pas de sécurité là-bas. Ici on nous donne des couvertures, de la nourriture, des habits et des manuels scolaires ».

Les enfants qui sont dans cette situation sont gardés au niveau de la casse de protection jusqu'à ce que la vulnérabilité soit déclarée résorber par le diagnostic fait par le psychologue que nous avons à notre disposition. » Au cours de notre passage, une vingtaine d’enfants vulnérables, en majorité des soudanais, étaient pensionnaires au niveau de la case de protection. « Avec la petite enfance, on fait des activités psycho sociales, il y a les jeux récréatifs, des activités d'éveils, des chants, récitations, causerie, langages, contes, bref toutes activités susceptibles de permettre aux enfants de retrouver la stabilité car ce sont des enfants qui la plus part ont connu d'énormes difficultés sur la route de la migration.  A leur arrivée, certains de ses enfants ne pouvaient même pas prononcer un mot, mais à travers ces activités, on arrive à les faire parler petit à petit », rapporte Mme Idrissa Balkissa, travailleur social (TS) à l'ONG Intersos.

 enfants case de passage Agadez

Pour le cas des enfants refoulés d’Algérie, c’est la Direction Régionale de la Promotion de la Femme et de la Protection de l'Enfant (DRPE)  qui les accueille au niveau des centres de protection (CTO). Arrivé au CTO, ils passent une durée maximale de 48 heures. Pendant ces 48 heures, beaucoup de services sont fournis au niveau du centre de transit. Pendant ce séjour, les enfants peuvent donc formuler des plaintes, ce qui devrait permettre d'améliorer la qualité des services. C’est pourquoi Intersos a donc formé les agents de la DRPE pour qu'ils puissent continuer ses services même à l'absence de l’ONG ou la fin du projet. Il faut noter aussi que par rapport à cet aspect, un mécanisme de dépôt de plainte a été mis en place pour que les enfants puissent signaler des insuffisances au niveau des services.  Cette plateforme de gestion de plaintes est gérée par la DRPE en collaboration avec Intersos. Atti Tamaris, travailleur social au niveau du Guichet unique de la DRPE d'Agadez et point focal du mécanisme de gestion des plaintes explique les raisons et le fonctionnement de la mise en place de ce mécanisme : « les enfants qui arrivent ici sont pour la plupart des enfants qui sont effrayés, qui ont vécu des situations difficiles. A leur arrivée, on les sensibilise, pour qu'il nous parle de leur crainte ou de leur problème que ça soit au cours de leur voyage migratoire ou ici même. Pour la dernière vague par exemple, nous avons reçu des plaintes et nous avons traité certaines d'entre elles, les autres sont en cours de traitement présentement ».

Les actions de prévention ont également consisté en la distribution mensuel de kits d’hygiènes à des filles demandeurs d’asile, le renforcement des capacités des acteurs partenaires institutionnels et communautaires sur divers thématiques de protection, la conception d’un mécanisme de signalement des abus sur mineurs et de redevabilité ainsi que la formation des travailleurs sociaux sur la gestion des besoins spécifiques de l’enfant et le mécanisme de redevabilité. Aussi, une trentaine de personnes dont plus de 20 femmes ont été formées sur le comportement pédagogique en période de Covid-19 parmi lesquelles 21 enseignants et 7 animateurs communautaires.  Le projet a aussi consisté dans son volet Protection à la formation de 24 membres des structures d’appui à la gestion décentralisée des écoles (COCES, CGDES, AME, AE) pour une  bonne participation communautaire dans les activités de l’éducation ; la formation de 30 personnes sur la détection, l’identification, le référencement et sur les conséquences du châtiment corporel sur le développement de l’enfant ainsi l’aménagement de 6 Espaces  Amis d’Enfants (EAE) qui ont été équipés et installés au Centre humanitaire (2) et dans les Cases de passage (4) tout comme l’aménagement de 2 aires de jeux dont 1 pour le football et 1 pour le volleyball installés au Centre humanitaires. Au total, 715 enfants et jeunes dont 343 filles et 299 demandeurs d’asile et refugiés ont participé aux activités psychosociales et de cohésion communautaires.

Yasmine Hassane

Yasmine Hassane, réfugiée centrafricaine et mère de famille, ne tarit pas  d’éloge pour UNICEF et Intersos pour « l'appui inestimable » que elle-même et ses enfants ont reçu notamment des habits et autres kits non alimentaires ainsi que la prise en charge de ses enfants qui grâce au Projet ont accès à l’éducation et à la formation.

Les multiples actions et réalisations qui ont été enregistrées dans le cadre e la mise en œuvre du projet ont été de l’avis de tous les interlocuteurs rencontrés et particulièrement les bénéficiaires, les autorités et les membres de la communauté hôte, d’un grand secours pour l’accompagnement de la commune et des services du gouvernement à respecter leur engagement en faveur de l’assistance, la protection et l’éducation des enfants en mobilité ainsi que ceux de  la communauté hôte. L’impact est, en effet, visible et partout où nous sommes passés pour la réalisation de ce reportage, nos interlocuteurs s’inquiètent pour la fin de ce projet et plaide pour sa poursuite afin d’en consolider les acquis car malgré les efforts et les résultats atteints, beaucoup reste à faire tant les besoins sont enormes, les défis immenses et les moyens d’y faire face limités. C’est à la limite un véritable cri de cœur que lancent ces populations à l’endroit des partenaires pour davantage soutenir l’UNICEF et son partenaire INTERSOS, afin que le projet ne s’arrête pas à ce stade au risque même selon certains bénéficiaires, de remettre en cause les résultats satisfaisants enregistrés en matière de protection et d’éducation des enfants en particulier et de manière général des progrès réalisés en matière de promotion des droits de l’enfant…

A.K.Moumouni, envoyé spécial pour actuniger

 



Commentaires

1
TOTO A DIT
2 années ya
SIMPLEMENT PATH
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0
Momo
2 années ya
A ce rythme l
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Zeyna commission0

 

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