Bénin : mandat d’arrêt international contre Kemi Seba, l’ex-ministre Candide Azannaï interpellé à Cotonou

Cinq jours après la tentative de coup d’État déjouée contre le président Patrice Talon, le Bénin se retrouve sous le choc de nouvelles arrestations qui secouent le paysage politique national. Ce jeudi 12 décembre, la justice béninoise a émis un mandat d’arrêt international contre l’activiste franco-béninois Kemi Seba et Sabi Sira Korogone, président du Mouvement populaire de libération (MPL), pour « apologie du terrorisme » et « incitation à la révolte ». Les deux hommes encourent des peines de deux à cinq ans de prison et des amendes pouvant atteindre dix millions de F CFA, selon une source judiciaire.
Kemi Seba, également conseiller spécial du président nigérien Abdourahamane Tiani, avait publié le 7 décembre une vidéo dans laquelle il se félicitait du prétendu renversement de Patrice Talon. Dans la vidéo, diffusée dans les premières heures de la matinée, l’activiste évoquait une première tentative qui pourrait être renouvelée si le chef de l’État ne se remettait pas en question. « Aujourd’hui est le jour de la libération, notre peuple a été humilié, brimé, ostracisé, économiquement parlant discriminé et étouffé. […] Ils ont mis aux arrêts le président Talon. […] Le Bénin libre ou la mort », déclarait-il, suscitant l’indignation des autorités.
Dans le même temps, Candide Azannaï, ancien ministre de la Défense et figure majeure de l’opposition, a été interpellé vendredi matin à Cotonou. L’arrestation a eu lieu au siège de son parti, Restaurer l’Espoir, où il participait à une séance de travail. Il est actuellement entendu par la direction de la police judiciaire.
Pour l’heure, les motifs exacts de son interpellation n’ont pas été précisés. Cependant, Azannaï s’était publiquement désolidarisé du putsch manqué du 7 décembre, dénonçant sur Facebook « des manœuvres sordides d’instrumentalisation des événements criminels […] à des fins de confiscation du pouvoir ». La veille du putsch, la police avait interdit une réunion de son parti à Sèmè-Kpodji, à une trentaine de kilomètres de Cotonou.
Ancien soutien du président Talon, Candide Azannaï s’est progressivement tourné vers une opposition radicale après sa démission du gouvernement en mars 2017. Depuis, il défend une ligne dite de « résistance », refusant toute participation aux élections organisées par le pouvoir et rejetant toute alliance avec Les Démocrates, perçus comme trop radicaux.
Ces arrestations interviennent dans un climat déjà tendu, quelques jours après la tentative de putsch qui a profondément ébranlé le pays et mis en lumière les fragilités sécuritaires et politiques du Bénin. Les prochaines heures seront déterminantes pour la justice et la stabilité du pays, alors que la communauté nationale et internationale suit de près l’évolution de cette affaire.
Ibrahim Issa (actuniger.com)





