Mutinerie au Bénin : Talon reprend la parole, la CEDEAO déploie des forces

Dimanche a été l’une des journées les plus tendues au Bénin : une mutinerie déclenchée à l’aube par un groupe de militaires a été rapidement maîtrisée selon plusieurs proches du président Talon . En soirée, le président Patrice Talon est apparu à la télévision publique pour confirmer que la situation était sous contrôle et appeler au calme, tandis que la CEDEAO annonçait le déploiement de troupes sur le territoire béninois. Le chef de l’État a livré une déclaration au ton particulièrement ferme : « Nous avons fait front, repris les positions jusqu'à nettoyer les dernières poches de résistance des mutins », a-t-il assuré. Toutefois, certains spécialistes de l’intelligence artificielle considèrent que la vidéo de cette apparition télévisée n’est pas authentique.
Selon le président, les soldats en rébellion ont pris la fuite en emportant des otages. Il a également évoqué des victimes liées à la mutinerie, sans toutefois en préciser le nombre ni l’identité. Talon a néanmoins invité les Béninois à reprendre « dès ce soir » le cours normal de leurs activités, signe qu’il entend projeter une image de stabilité retrouvée.
Détonations en soirée et tensions persistantes
Si la matinée avait été marquée par la diffusion, sur la télévision nationale, d’un message de militaires annonçant la dissolution de la Constitution, l’après-midi a connu une nouvelle montée de tension. Des détonations « assourdissantes » ont été entendues dans plusieurs quartiers de Cotonou, selon plusieurs témoins. L’un d’eux confie avoir localisé les explosions du côté des casernes de la Garde nationale, où certains officiers sont suspectés d’avoir pris part à la mutinerie.
Autre élément troublant : avant ces explosions, des données de vol consultées par des médias internationaux ont montré l’entrée simultanée de deux avions dans l’espace aérien béninois depuis le Nigeria voisin, appareils qui ont ensuite rebroussé chemin vers leur point de départ. Aucun commentaire officiel n’a été fourni sur cet épisode.
Une riposte « républicaine », selon le gouvernement
Dès la matinée, le ministre de l’Intérieur, Alassane Séibou, avait donné la version du gouvernement : « Au petit matin de ce dimanche 7 décembre, un groupuscule de soldats a engagé une mutinerie dans le but de déstabiliser l’État et ses Institutions », a-t-il déclaré. Il a salué la réaction « immédiate » des forces loyalistes : « Les Forces armées béninoises et leur hiérarchie, fidèles à leur serment, sont restées républicaines. Leur riposte a permis de garder le contrôle de la situation et de faire échec à la manœuvre ».
En coulisses, plusieurs sources évoquent encore des vérifications en cours dans différents corps de l’armée, tandis que des mesures de sécurité renforcées restent visibles autour de certains points sensibles de Cotonou.
La CEDEAO annonce le déploiement de troupes
Dans un second communiqué parvenu dans la soirée, la CEDEAO a annoncé l’envoi de contingents de sa Force d’attente régionale pour « renforcer la sécurité sur l’ensemble du territoire béninois ». Les premières unités doivent provenir du Nigeria, du Ghana, de la Sierra Leone et de la Côte d’Ivoire.
Un déploiement rare dans un pays généralement perçu comme stable, et qui témoigne de la préoccupation de la communauté régionale face à cette poussée de fièvre sécuritaire. Pour l’heure, le gouvernement béninois assure que l'ordre constitutionnel n’a jamais vacillé. Mais les événements de dimanche montrent qu’une page délicate vient de s’ouvrir, et que l’enquête sur l’origine de la mutinerie sera scrutée de près.
Ibrahim Issa (actuniger.com)




