Poutine menace l’Europe et défie les Européens avant des pourparlers avec Washington sur l’Ukraine

Le président russe Vladimir Poutine a assuré mardi 2 décembre que la Russie était prête à faire face à l’Europe en cas de conflit, quelques minutes seulement avant de rencontrer à Moscou les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, gendre de l’ancien président Donald Trump.
Les images diffusées par l’agence RIA Novosti montrent Poutine et Witkoff échangeant des politesses autour d’une table de marbre blanc ovale, tandis que Kushner, sourire aux lèvres, participe aux échanges. À travers un interprète, Poutine se dit « tellement content de vous voir », tandis que Witkoff, en visite à Moscou pour la sixième fois cette année, se dit enchanté par la ville.
Pourtant, derrière ce sourire diplomatique, le ton du président russe reste martial. « Nous n’avons pas l’intention de faire la guerre à l’Europe, mais si l’Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant », a-t-il déclaré. Il a accusé les pays européens de vouloir « empêcher » les efforts américains visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. « Ils n’ont pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre », a-t-il ajouté.
Ces propos interviennent alors que la Russie cherche à imposer un plan de paix en 28 points, présenté le 21 novembre comme un effort négocié par les États-Unis, mais élaboré par Moscou et largement favorable à ses intérêts. Le plan prévoit notamment le transfert à la Russie de larges portions du territoire ukrainien, une réduction drastique des forces armées de l’Ukraine et l’interdiction de toute entrée du pays dans l’Otan. Ni Kiev ni les Européens n’avaient été consultés sur ce texte, ce qui alimente les critiques de Moscou à l’encontre de Bruxelles.
En marge d’un forum économique à Moscou, Poutine a ironisé sur les dirigeants européens, les accusant d’être « vexés d’avoir été écartés des négociations » et de vivre dans l’« illusion » de pouvoir infliger une « défaite stratégique à la Russie ». Il a aussi averti que Moscou « élargira sa gamme de frappes contre les navires qui entrent dans les ports ukrainiens » et pourrait « couper l’Ukraine de la mer » en représailles aux attaques de Kyiv contre deux pétroliers russes en mer Noire.
Au même moment, les Européens observent avec inquiétude les provocations russes. Drones non identifiés, incursions aériennes et cyberattaques se multiplient sur le continent, entraînant la fermeture temporaire d’aéroports et renforçant la perception d’une menace croissante. « Nos capacités de détection et de neutralisation des drones ne sont pas encore suffisantes », a admis mardi le commissaire européen à la Défense, Andrius Kubilius, soulignant que la doctrine européenne de défense doit évoluer face à ces nouvelles formes de guerre.
Les États européens s’inquiètent également des perspectives d’une Russie capable de menacer directement l’Otan. Selon des responsables allemands, Moscou pourrait se préparer à un conflit avec l’alliance dès 2029. « Nous devons dissuader toute nouvelle agression russe, de concert avec nos partenaires et alliés », a averti le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.
À Moscou, les pourparlers avec les émissaires américains se sont ouverts mardi soir. Une délégation ukrainienne pourrait rencontrer Witkoff et Kushner mercredi en Europe, dans l’attente des résultats de cette rencontre. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé à une issue définitive du conflit, et non à une simple « pause » dans les combats.




