STM 960 x 240 px

NITA Fond Site Web 675 x 240

Panel ministeriel foire AES

En marge des activités marquant l’ouverture officielle de la toute première Foire des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), les ministres en charge du Commerce du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont animé, ce mardi 16 décembre au Palais du 29 Juillet, un panel de haut niveau consacré à la promotion des produits locaux comme levier stratégique de la souveraineté alimentaire et économique durable. À travers des échanges sans langue de bois, les trois pays ont affiché une volonté commune : faire du « consommons local » un pilier structurant de leur projet d’intégration et de développement.

Dans l’enceinte solennelle du Palais du 29 Juillet, le panel, modéré par M. Assoumana Malam Issa, ancien ministre,  spécialiste en gestion des entreprises et conseiller technique du président de la Chambre de commerce et d’industrie du Niger (CCIN), a marqué une étape importante : celle du passage du discours à la structuration d’une véritable feuille de route régionale, assumée et portée au plus haut niveau.

 

Une vision commune, un destin assumé

Dès l’ouverture, le modérateur a donné le ton. Pour lui, l’AES n’est pas un simple cadre institutionnel : « L’AES, c’est une vision, un destin commun, une détermination collective à exploiter nos ressources pour le bien-être de nos populations ». Le débat, a-t-il précisé, devait explorer sans détour les questions de l’offre et de la qualité, de la demande intérieure et régionale, du cadre réglementaire, mais aussi les arbitrages délicats entre protectionnisme intelligent et amélioration de la compétitivité intrinsèque des produits locaux.

Premier à prendre la parole, SEM Moussa Alassane Diallo, ministre de l’Industrie et du Commerce du Mali, a livré une intervention dense, nourrie par son parcours d’ingénieur agronome. Son propos a frappé par la lucidité du diagnostic. « Tout est une question de vision », a-t-il martelé, rappelant qu’en dépit d’un potentiel agricole colossal – un million d’hectares irrigables à l’Office du Niger grâce au barrage de Markala – moins de 200 000 hectares sont aujourd’hui aménagés.

Moussa Alassane Diallo Panel foireAES

Pour le ministre malien, la souveraineté alimentaire ne peut se penser de manière sectorielle ou fragmentée. Elle exige une politique agricole globale et intégrée, englobant l’agriculture, l’élevage, la pêche et la sylviculture. Elle suppose surtout de remettre l’homme au cœur du système : formation, encadrement, vulgarisation, recherche agronomique adaptée aux réalités climatiques sahéliennes.

Au-delà de la production, Moussa Alassane Diallo a insisté sur la nécessité d’investissements lourds et structurants : aménagements agricoles à l’échelle de l’AES, financement agricole articulé autour de crédits de court, moyen et long terme, et partenariat renforcé avec les organisations professionnelles, notamment les chambres d’agriculture. « C’est à ce prix que nous pourrons nourrir l’espace AES et dégager des surplus exportables », a-t-il assuré, évoquant le rôle futur de la Banque confédérale pour l’investissement et le développement.

 

Le Burkina Faso, laboratoire du « consommons local »

Prenant le relais, SEM Serge Gnaniodem Poda, ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat du Burkina Faso, a apporté un éclairage résolument opérationnel. Pour Ouagadougou, le consommer local n’est plus un slogan : c’est une politique d’État. « Au-delà d’un choix économique, c’est une exigence stratégique de souveraineté », a-t-il affirmé.

Serge Gnaniodem Poda Panel foireAES

Le ministre burkinabè a détaillé les axes concrets de cette stratégie : investissements publics massifs dans l’agriculture, équipements, semences améliorées, recherche-développement, mais aussi accélération de la transformation industrielle. « Il ne se passe pas deux mois sans l’inauguration d’une unité agroalimentaire », a-t-il souligné, annonçant l’ouverture imminente de nouvelles installations.

L’artisanat, souvent relégué au second plan, a également été présenté comme un pilier de la souveraineté économique. Renforcement des capacités, unités semi-industrielles, intégration dans la commande publique : le Burkina Faso assume pleinement ce choix. Plus de 340 milliards de francs CFA ont ainsi été consacrés en deux ans aux produits locaux dans le cadre des achats publics.

Symbole fort de cette politique, le Faso Danfani est devenu bien plus qu’un tissu : un marqueur identitaire et économique. Toge des magistrats, tenues officielles, bientôt uniformes des forces armées : le coton local transformé sur place s’impose comme un outil de souveraineté assumée. Une expérience que le Burkina partage désormais avec ses partenaires de l’AES.

 

Le Niger, entre rupture mentale et courage réglementaire

Dernier intervenant, SEM Abdoulaye Seydou, ministre du Commerce et de l’Industrie du Niger, a replacé le débat dans un contexte plus large, marqué par les sanctions et les épreuves récentes. « On ne peut pas parler de souveraineté politique sans souveraineté économique, ni de souveraineté économique sans souveraineté alimentaire », a-t-il rappelé, citant l’adage bien connu : ventre affamé n’a point d’oreille.

Pour le Niger, le premier défi est culturel. Il s’agit de redonner de la valeur aux produits locaux dans l’esprit même des consommateurs. « Ce que nous produisons n’est ni inférieur ni moins riche que ce que nous importons », a insisté le ministre, établissant un parallèle avec la revalorisation stratégique de l’uranium nigérien.

Abdoulaye Seydou Panel foireAES

Mais le discours s’est surtout distingué par l’annonce de mesures fortes. Ordonnance instaurant des quotas à l’importation, décret interdisant aux structures publiques et subventionnées d’importer des produits fabriqués localement : l’État nigérien assume un virage sans ambiguïté. Dès 2026, ces dispositifs feront l’objet d’une évaluation pour mesurer leur impact réel sur l’économie nationale.

La question de la normalisation et de la certification a également occupé une place centrale. Harmonisation des normes au sein de l’AES, alignement sur les exigences des partenaires extérieurs, montée en gamme des produits : autant de conditions pour que le produit local ne se contente pas de conquérir le marché intérieur, mais s’impose aussi à l’export.

 

Vers une souveraineté alimentaire et économique assumée
Le panel organisé en marge de la première Foire des pays de l'AES a confirmé une dynamique inédite : Mali, Burkina Faso et Niger ne se contentent plus de promouvoir le "consommons local" comme slogan, mais traduisent cette ambition en actions concrètes. Entre investissements structurants, politiques d'Etat audacieuses et mesures réglementaires fortes, les trois pays posent les bases d'une coopération régionale capable de renforcer la souveraineté alimentaire et économique de l'espace AES. Harmonisation des normes, partage d'expériences et mobilisation de la commande publique apparaissent comme des leviers essentiels pour transformer les ressources locales en moteur de résilience et de développement durable.

Plus qu'un simple panel, la rencontre du 16 décembre au Palais du 29 Juillet a été un laboratoire d'idées et d'expériences, où la volonté de passer du discours à l'action s'est imposée comme la marque d'une ambition régionale forte et décomplexée. Le produit local devient ainsi un véritable instrument de reconquête pour le Sahel.

Panel ministeriel foire AES BIS1



Ajouter un Commentaire

Enregistrer

 actu-niger-banniere-DI.gif

ACTU NIGER CAN DUO 2024

 android_actuniger2.jpg


Télécharger l'application depuis notre serveur ICI
Image
Image
Image
Image

LOWEBTV.png

 
L'eau saine à domicile avec le filtre FAIRCAP - Version Hausa
752 vues
 
L'eau saine à domicile avec le filtre FAIRCAP - Version Zarma
801 vues
 
Forum national sur les décès maternels et périnatals du 13 au 15 novembre 2024 au Palais des Congrès de Niamey
3956 vues
 
DEPART DU DERNIER VOL DE LA FORCE FRANÇAISE CE 22-12-2023
3798 vues
 
Conférence de presse des députés et sénateurs de la CEDEAO
743 vues
 
AUDIENCE DU GOUVERNEUR DE LA BCEAO JEAN CLAUDE KASSI BROU
590 vues
 
Communiqué conjoint de la visite officielle au Burkina Faso de Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, chef de l’État du Niger.
721 vues

logo-white.png

Site web d'informations générales sur l’actualité politique, économique, culturelle, sportive au Niger et dans le monde.

Tél: (+227) 89 99 99 28  / 92 55 54 12

Copyright © 2022, ActuNiger. Tous droits réservés. Designed by KM Media Group

0
Partages