MNSD-PNDS : Alliance de « raison » ou de…« cœur » ?

De plus en plus de voix s’élèvent pour certifier un imminent rapprochement entre le PNDS et le MNSD, un des principaux partis d’opposition, deuxième force politique dans la coalition adverse au Président Issoufou Mahamadou et troisième au sein du Parlement, avec une vingtaine d’élus.

Jusque-là, aucune réaction sortant de son Président, Seini Oumarou, n’a été enregistrée, laissant la rumeur régenter l’opinion nationale sur une probable reconfiguration du landerneau politique nigérien. Tout de même quelques membres de l’Exécutif du MNSD ont posé un bémol, niant même ce qu’ils ont qualifié de « folle rumeur », et prédisant l’improbabilité (et non l’impossibilité) d’une telle « alliance ».

Au Niger, (et certainement comme ailleurs), la rumeur n’est pas (forcément) une fausse certitude. Elle constitue le principal « média », constituant même une source principale de l’information, surtout politique. Ce qui laisse donc conjecturer sur une telle éventualité, qui si elle se concrétisait, ne serait pas forcément perçue comme « bonne » au sein du PNDS et de ses alliés, quand elle ne consacre pas une mise en « lambeaux » de l’ex-parti Etat dont l’« âme » prendrait sûrement un coup fatal pour cette énième « cassure », après moult dissidences, ces 5 dernières années.

Si ce rapprochement réussit, cela va permettre de nouvelles perspectives pour une recomposition politique du paysage nigérien. Avec à la clé, une alliance plus élargie et le Président Issoufou pourrait assurément gouverner avec le MNSD et… affidés. Cela veut dire aussi que Issoufou va assurer ses « arrières » pour affronter de manière confortable les prochaines élections locales et même « domestiquer » son « formidable » adversaire qu’est Lumana.

Le Président Issoufou est resté (donc) obstiné : il a réitéré, le 2 août dernier, son appel à une « unité », à la formation d’un gouvernement d’union nationale, « clignotant les yeux » au camp d’en face, comme, quelques années plus tôt, lorsqu’au détour d’un appel semblable, il parvint à arracher au MNSD quelques-unes de ses figures.

Probablement que le même scénario « s’offre » au parti de Seini Oumarou, tourmenté par un score jugé « moins bon » aux dernières élections, une prétendue « mésentente » avec l’allié Lumana au sein de l’opposition, et une « pression » de plus en plus forte de quelques caciques en « diète » et en quête d’horizons plus …fructueux . Sauf que là, on constate volontiers que l’appel à « l’union » du Président Issoufou n’est qu’une sorte de « guet-apens » destiné (une fois de plus !) à consacrer des retrouvailles entre lui et le MNSD, en vue d’une éventuelle coalition gouvernementale.

Et pendant ce temps, les alliés pourraient soit simplifier leur « goût » au risque même de se voir « sevrés » par un système désormais à satiété. Par là aussi, le Président Issoufou pourrait se « défaire » du « chantage » affectif de quelques « petits » partis qui saturent sa coalition et « snober » le clan des naguère dissidents du MNSD, convertis en Jamuhuriya sous l’égide d’Albadé Abouba.

Surement qu’en lieu et place d’une « union nationale », on assisterait à un dialogue « direct » entre Seini Oumarou et Issoufou Mahamadou, sous le regard certainement glacé des hiérarques « roses » et des pontes de la coalition au pouvoir. On sait généralement qu’au Niger, une alliance « bénit » une redistribution des postes et un « partage » des strapontins, ce qui grèverait sur les « éminences » des alliés au PNDS, de certains « camarades roses » et de quelques activistes se réclamant de la société civile. Un vrai jeu de dupes. La finalité ne serait pas que la division du « gâteau », mais évidemment un « néo-concassage » du MNSD dont les forces seront ainsi anéanties et livrées à la « ménopause » électorale.

Et, jusque-là, le Président Issoufou « règne » en « maître » sur le PNDS. Il jouirait tant d’une révérence frisant l’obséquiosité au sein de son parti, même si lui-même, parait comme « prisonnier » d’un clan qui jusque-là semble « cogérer » la mécanique …rose.

On sait que plusieurs frustrations couvent au sein du PNDS, en raison de « promesses non tenues », au lendemain de la « sagace » réélection du « Lion », qui aurait royalement « négligé » certains « cadres » du parti, surtout les jeunes, dont certains ne font plus mystère de leur dépit. Il s’y ajoute quelques « loups roses » qui auraient voulu « dévorer » de gros postes… Quand la montée d’une « certaine » catégorie de « militants », jugés à tort ou à raison « trop proches » du Président, n’est pas aussi de nature à rasséréner la déception de jeunes « cadres » du PNDS.

Cependant, il ne s’agit pas de condamner le principe d’un dialogue, ni celui d’une « alliance » avec le MNSD. Si celle-ci se confirmait, elle aurait effectivement de (graves) conséquences pour certains « sires » du PNDS, amenuisant aussi le « rôle » d’autres apparatchiks dans l’appareil étatique… Au Parlement, le Président Issoufou pourrait se mettre à l’abri de tout chambardement, puisque surfant désormais sur une majorité « qualifiée », qui pourrait même donner quelques ivresses….refondatrices ! Sauf que cela n’est qu’une lecture hypothétique.

Evidemment que l’opposition actuelle va connaitre des frictions. D’ailleurs, tout laisse croire que depuis l’entame de la nouvelle législature, l’opposition nigérienne est « sans âme », devenue taiseuse et languissant même dans un silence extraordinaire, présenté par quelques « prosaïques » de tactique. Il reste que la longue absence de Hama Amadou du pays, (pour officiellement des soins) doublé de son silence, crêpant l’abdication, aura raison des ardeurs de plusieurs militants qui croyaient à la « puissance » de l’opposition à faire fléchir le Guri Système. Ce qui n’est, jusque-là, pas le cas.

Laissant en vadrouille sa « Com », Lumana aura intérêt à resserrer sa « résilience » pour atténuer les « incursions » politiques que pourraient lui assener la majorité au pouvoir. Au risque même de se fragmenter, même si plusieurs analystes soutiennent une « maitrise » par leur président des Lumanistes dans leur unité. Si cela était réel, Lumana sera politiquement « gagnant », se conservant une bonne image, pouvant même s’offrir quelques « extrémistes » du MNSD qui repousseraient toute alliance avec le PNDS. A condition, bien sûr, que « l'exilé », toujours sous le coup d’un dossier judiciaire, se retrouve de grandes forces de….lutte.

Il subsiste une question sur le « sort » des alliés « traditionnels » du MNSD comme Mahamane Ousmane, ou dans une « moindre » mesure Tabatt de Amadou Cissé. Mais si les manœuvres politiques ne se font pas au profit des Nigériens ça risque d’éloigner les populations des hommes politiques…

Saidou Djibril