Coopération Chine-Niger : un partenariat énergétique pour le progrès et la croissance
Il y’a presque trois ans, au cours d’une matinée d’Octobre 2022, un diplomate d’un pays accrédité au Niger, animait un déjeuner de presse depuis la terrasse de sa résidence située à quelques mètres des berges du fleuve Niger. L’ambiance était plutôt assez cordiale entre l’ambassadeur et les journalistes. A peine quelques minutes de discussions, celui-ci devient très vite menaçant et commence à s’agacer lorsqu’un journaliste lui faisait remarquer que « c’est plutôt la chine qui est le premier pays pourvoyeur de fonds et d’emplois au Niger ».
Au cours de ce déjeuner, le diplomate annonçait que son pays était jusqu’alors le premier bailleur bilatéral du Niger avec une somme « 700 millions d'euros investis dans 60 projet » dans le pays. A en croire son raisonnement, si son pays se retirait du Niger, le pays ne pourrait pas survivre sur le plan économique. Pourtant, plus de deux ans après le Coup d’Etat du 26 Juillet 2023, un premier verdict de l’histoire montre que le Niger tient toujours malgré la rupture brutale de toute relation diplomatique avec le pays de cet ambassadeur. La scène que nous décrivons plus haut, témoigne d’un spectacle contrastant sur la nature du partenariat entre l’Afrique et l’Occident d’une part et entre l’Afrique et la Chine d’autre part. En effet, le Niger fait partie des pays africains ayant expérimenté les deux types de partenariat, notamment dans le secteur de l’énergie. Exportateur d’uranium depuis la fin des années soixante, le pays reste l’un de pays les plus mal côtés en matière d’accès à électricité alors que son combustible sert à alimenter l’occident en énergie électrique stable et bon marché.
D’autre part, avec seulement 14 années d’exploitation pétrolière, le pays est déjà autosuffisant en matière d’hydrocarbure et est exportateur de pétrole but sur le marché international. Il y’a quelques années, Serge Mombouli, conseiller de la présidence à Brazzaville, caractérisait les deux types de coopération en ces termes : « Les chinois nous offrent du concret, et l’occident des valeurs intangibles ». Au Niger, la coopération avec la Chine a permis au pays de diversifier son économie et fortifier ses ressources budgétaires, mettant ce pays enclavé, à l’abris d’une dépendance de combustible pour le transport et les ménages. Depuis son installation, la principale raffinerie de Zinder (SORAZ), sortie des terres arides du centre Nord-Est du Niger, en seulement trois années de travaux, a finalement donné raison à l’ancien président Tandja Mamadou, qui parlait lors du sommet chine-Afrique de Novembre 2006, de relation « mutuellement avantageuse » et de « partenariat dans la durée ». Aujourd’hui, cette société de raffinage, a fait oublier aux nigériens l’importation de l’Essence, du Diésel et du GPL avec notamment une économie de plusieurs centaines de milliards en devises réalisée.
Durant les dix premières années de fonctionnement, la SORAZ a versé environ 620 millions de dollars US au trésor public nigérien au titre des impôts et taxes. Sur le plan énergétique, depuis sa mise en service le 28 novembre 2011, la SORAZ a apporté une contribution significative à la population du Niger dans sa quête d’autonomie énergétique. La mise en service de la raffinerie a aussi permis aux Nigériens de bénéficier du prix le plus bas de la sous-région pour les produits raffinés et le GPL. En seulement une décennie, la SORAZ a fourni au Niger plus 1,85 million de tonnes de super, 3,17 millions de tonnes de gasoil et 0,37 million de tonnes de GPL, ce qui répond pleinement à la demande nationale de produits pétroliers raffinés et permet à l’Etat d’économiser une grande quantité de devises nécessaires à l’importation de produits pétroliers. La raffinerie a fait du Niger un exportateur de produits pétroliers, exportant 1,08 million de tonnes de super et 2,26 millions de tonnes de gasoil vers les pays voisins que sont le Nigeria, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad.
Année |
Volume de la production estimée (baril/jour) |
Contribution au PIB du Niger (%) |
Création d'emploi estimée (emploi direct) |
2020 |
20000 |
1.5 |
1000 |
2021 |
25000 |
2 |
1200 |
2022 |
60000 |
4.5 |
2500 |
2023 |
90000 |
7 |
3200 |
2024 |
105000 |
7.5 |
3400 |
2025 |
110000 |
8 |
3500 |
Source des données : Open data compilation
On peut aussi noter la facilitation de l’approvisionnement régulier en combustible de la centrale thermique de Zinder (20MW) grâce à la disponibilité d’hydrocarbure depuis la SORAZ ce qui permet de prendre en charge, les abonnés de la NIGELEC de la zone Centre-Est (Maradi, Zinder et Tahoua).
Une autre preuve du caractère « gagnant-gagnant » de ce partenariat, la SORAZ et les autres compagnies chinoises notamment la CNPC se sont engagées à la demande des autorités nigériennes, à accélérer le processus de transfert des technologies et des compétences à leur homologues Nigériens. En dix ans, la SORAZ a promu la politique de « Nigérisation» des emplois et a renforcé le transfert de technologie et la formation. Le nombre d’employés chinois a été réduit de 414 au stade initial de la construction de l’usine à 208 actuellement, et le nombre d’employés nigériens est passé de 44 (fin 2011) à 407(fin novembre 2021). Des séries de formations ont été organisées à la SORAZ et à l’étranger. Elles ont permis de former beaucoup de techniciens dans le domaine du raffinage chimique et ces formations peuvent permettre aujourd’hui à ces techniciens de prendre leurs fonctions en toute autonomie. La SORAZ a récemment terminé l’acceptation du système de formation audiovisuelle, ce qui peut permettre encore d’accélérer la « Nigérisation » des emplois de la SORAZ. Aussi, la SORAZ fait appel de plus en plus aux services de prestataires locaux. À ce jour, environ 500 emplois locaux ont été directement fournis et plus de 3000 emplois ont été indirectement créés. Des stages de formation organisés par le ministère du Pétrole sont régulièrement offerts aux diplômés de l’Université de Niamey, de l’école Nationale de Gaz et de pétrole de l’Université André Salifou de Zinder, et d’autres établissements, instituts professionnels et universitaires. Quelques 400 étudiants ont été accueillis en stage à la SORAZ au cours de la décennie. Le 20 Aout dernier, la CNPC a également procédé pour la première fois de l’histoire pétrolière du Niger, à la nomination d’un Nigérien au poste de manager HR (Chargé des ressources humaines) et plusieurs autres ingénieurs sont en train d’être nommés depuis quelques temps à la tête des stations intermédiaires de chauffage, poste qui était auparavant exclusivement réservés responsables Chinois.
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