Manifestation interdite contre la corruption : plusieurs leaders de la société civile interpellés à la Pj
Les principaux acteurs de la société civile qui ont appelé à manifester dimanche 15 mars, malgré l’interdiction du gouvernement, ont été interpellés par la Police judiciaire (Pj) quelques heures après les heurts entre manifestants et les forces de l’ordre. Il s’agit notamment et selon des sources proches de la société civile de Nouhou Arzika du MPCR, Moussa Tchangari d’Alternative Espaces Citoyens (AEC) et de Mounkaila Halidou du Collectif Tournons La page (TLP Niger). Ils sont tous membres du Cadre de concertation et d’action de la société civile indépendante du Niger (CCAC/SCIN), et ont passé leurs premières nuits dans les locaux de la Pj de Niamey. Deux autres membres du cadre sont également entre les mains de la police selon nos sources, dont Maikoul Zodi et Moussa Moudi de TLP Niger, ce qui porte à au moins cinq (5), les responsables de la manifestation interdite qui ont été actuellement interpellés.
La manifestation, c’est un rappel, a été violement réprimée par les forces de l’ordre et durant une bonne partie de la matinée du dimanche, des heurts ont opposé des groupes de manifestants à des éléments de la police. Les échauffourées ont eu comme dommages collatéraux, un incendie au marché Tagabati de Niamey qui a coûté la vie à trois (3) personnes selon le ministre de l’Intérieur et (4) selon le syndicat des commerçants. En guise de protestation, le syndicat a d’ailleurs lancé une opération « journée ville morte » pour ces lundi 16 et mardi 17 mars.
L’origine du feu continue toujours à alimenter la polémique en l’absence encore des résultats d’une véritable enquête qui déterminera les circonstances de ce drame.
Marche interdite contre la corruption
Les organisations de la société civile ont appelé à manifester afin d’exiger du gouvernement, la publication du rapport de l'audit des dépenses militaires et son traitement judiciaire. L’audit du ministère de la défense nationale avait, en effet, révélé des surfacturations et des irrégularités. Le gouvernement avait promis de faire rembourser les montants indus et de sanctionner les agents publics mis en cause. La fronde la société civile a été soutenue par des organisations syndicales, des acteurs de la justice dont les magistrats et des partis politiques de l’opposition. Cependant la manifestation a été interdite par les autorités municipales suite à la décision du gouvernement d’interdire tous les regroupements à caractère politique, sportif et culturel susceptibles de mettre ensemble au moins 1.000 personnes, dans le cadre des mesures préventives contre la pandémie du coronavirus (COVID619). Malgré cette interdiction, les organisateurs ont décidé, samedi 14 mars, de maintenir la manifestation, estimant que la décision du gouvernement, alors qu’aucun cas n’a été découvert au Niger, n’est « qu’un stratagème visant comme d’habitude, à justifier l’interdiction des manifestations publiques prévues dans le cadre de la journée d’action citoyenne du 15 mars 2020, des manifestations qui s’annoncent massives et qui ont reçu le soutien ferme de toutes les forces sociales et politiques significatives du pays ».
Les forces de l’ordre ont été massivement déployées tôt dans la matinée du dimanche et le lieu du meeting a été barricadé par la police. Les groupes de jeunes qui ont tenté de braver cette interdiction se sont par la suite affrontés à divers endroits de la capitale.
Il faut noter qu’à Maradi et à Zinder aussi, un imposant dispositif sécuritaire a été déployé pour empêcher la tenue de manifestations prévues dans le même cadre.
Ikali (actuniger.com)
Commentaires