Niger : la Banque mondiale salue une économie résiliente et prépare un nouveau partenariat quinquennal

La visite de travail de M. Ousmane Diagana, Vice-Président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, s’est achevée ce vendredi par une audience au Palais Présidentiel avec le Président Abdourahamane Tiani. Après 48 heures d’échanges intenses dans le cadre d’une tournée régionale, le haut responsable financier a salué la résilience de l’économie nigérienne et discuté de la préparation d’un nouveau partenariat quinquennal, plaçant l’optimisation d’un portefeuille de projets majeurs au cœur des discussions.

La rencontre s’est tenue en présence du Premier ministre, Ali Mahaman Lamine Zeine, ministre de l’Économie et des Finances, du ministre-directeur de cabinet et porte-parole du gouvernement, Dr Soumana Boubacar, ainsi que de plusieurs proches collaborateurs du Président, dont Salim Mahamadou Gado, directeur de cabinet adjoint, et Ibrahim Djibir, conseiller en charge des questions financières.

Une économie résiliente face aux « chocs multiples »

Le cœur des débats a battu au rythme de la situation macroéconomique du pays. Interrogé à l’issue de l’audience, M. Diagana a dressé un premier constat, aussi surprenant que révélateur. « Le premier objectif de notre mission était de constater la résilience de l’économie nigérienne qui fait face à des chocs multiples, certains d’ordre externe », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Nous avons en effet pu voir que l'économie en général se porte bien ».

Cette affirmation, venant d’un témoin privilégié des fragilités économiques de la région, ne manquera pas d’alimenter les analyses. Elle semble conforter le discours des autorités sur leur capacité à gérer la double pression des défis sécuritaires et des contraintes internationales. Le vice-président a toutefois immédiatement placé la barre plus haut, évoquant la suite des objectifs : « Voir comment on peut continuer à renforcer cette résilience et aller encore plus loin pour créer les conditions d'une prospérité partagée ».

2 700 milliards FCFA sous la loupe : la feuille de route des cinq prochaines années

La concrétisation de cette prospérité passe par une gestion rigoureuse des financements existants. Le portefeuille actuel de la Banque mondiale au Niger est substantiel : plus de 4,4 milliards de dollars américains, soit l’équivalent de 2 700 milliards de francs CFA. Une manne financière qui irrigue des secteurs aussi variés que l’agriculture, l’élevage, l’énergie ou le désenclavement par les routes.

M. Diagana a confirmé qu’un des buts de sa mission était de procéder à une « revue complète, exhaustive de l'état d'exécution » de ces projets. Dans un contexte où l’efficacité de l’aide au développement est constamment questionnée, cet examen de passage était crucial pour les deux parties.

Surtout, cette visite sert de pierre angulaire à l’élaboration de la nouvelle stratégie de partenariat de la Banque mondiale avec le Niger pour les cinq prochaines années. « Nous avons souhaité que cette stratégie soit alignée avec la vision et les priorités des autorités nigériennes », a précisé le vice-président, laissant entendre qu’un accord sur les grandes orientations a été trouvé. La création d'emplois, au centre des préoccupations sociales, figure en bonne place dans cette feuille de route en cours de finalisation.

Kandaji, le projet phare dans le viseur

Au-delà de l’examen général, un projet emblématique a fait l’objet de discussions « approfondies » : le Programme Kandaji. Présenté par M. Diagana comme un « programme de développement extrêmement important », cet ambitieux projet d’aménagement hydro-agricole et énergétique sur le fleuve Niger est perçu comme un levier de transformation majeure pour la sécurité alimentaire et la production énergétique du pays. Son avancement et les modalités de sa concrétisation étaient donc incontournables dans le dialogue entre Niamey et son partenaire financier historique.

Alors que le Niger navigue dans une période complexe de son histoire, cette visite de haut niveau démontre que les canaux de dialogue avec les institutions financières internationales demeurent ouverts. Le défi, désormais, sera de transformer les diagnostics positifs et les stratégies alignées en réalisations concrètes pour les populations, dans un partenariat où la Banque mondiale mise explicitement sur la « résilience » nigérienne pour construire l’avenir.