Niger : à Niamey, les difficiles débuts de la médiation de bons offices des Etats-Unis

La sous-secrétaire d’État par intérim, VictoriaNuland, était à #Niamey le lundi 7 août 2023, dans le cadre d’une tentative de médiation dans la situation politique que traverse le pays depuis la prise de pouvoir par le CNSP, la junte militaire qui a renversé l’ancien président Bazoum Mohamed. Lors de son séjour dans la capitale nigérienne, la diplomate américaine s’est entretenue avec le général de Brigade Moussa Salaou Barmou, nouveau chef d’Etat-major des Armées (CEMA), ainsi que des acteurs de la société civile mais elle n’a pas pu rencontrer ni le chef de la junte, le général Abdourahamane Tchiani, ni l’ancien Chef de l’Etat qui est toujours retenu par les militaires. Selon la N°2 de la diplomatie américaine, elle a eu des discussions « extrêmement franches et par moment assez difficiles ». Il faut dire que selon son porte-parole, Victoria Nuland s’est rendue à Niamey pour exprimer « l'inquiétude » des Etats-Unis face à l’évolution de la situation et demandé « la libération immédiate du président Mohamed Bazoum, de sa famille et de ses proches ».

  « Des discussions  extrêmement franches et par moment assez difficiles », a ainsi apprécié, en substances, la sous-secrétaire d’Etat aux Affaires politiques des Etats-Unis à la suite des échanges qu’elle a eu avec les membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le groupe d’officiers qui a pris le pouvoir depuis le mercredi 26 juillet 2023. A Niamey, Victoria Nuland a indiqué avoir rencontré le général de brigade Moussa Salaou Barmou, nouveau chef d'état-major de l'armée et membre de la junte ainsi que d'autres responsables de la société civile, mais n'avoir pu s'entretenir ni avec le chef des militaires au pouvoir, le général Abdourahamane Tiani, ni avec le président renversé Mohamed Bazoum.

Dans une déclaration à la presse, par téléphone, la diplomate américaine a déclaré avoir proposé «de nombreuses options »  pour mettre fin au coup d’État, ainsi que les « bons offices » des États-Unis « s'il y avait un désir de la part des responsables de revenir à l'ordre constitutionnel » Toutefois, elle a ajouté : « je ne dirais pas que cette offre a été prise en compte de quelque manière que ce soit ». Selon la N° 2 par intérim de la diplomatie américaine, le général Barmou était bien au fait de la coopération existant entre le Niger et les États-Unis, en raison de son engagement passé dans les forces spéciales. L’ancien patron des forces spéciales et membre du CNSP a, en effet, été formé en grande partie aux Etats-Unis et a étroitement coopéré avec les forces américaines dans diverses opérations au Niger.

Par ailleurs, Victoria Nuland a souligné que les auteurs du coup d’État « comprennent très bien les risques que fait courir à leur souveraineté une invitation de Wagner ».

Médiation de « bons offices »

Dans un communiqué publié à la suite de cette visite, le bureau du porte-parole a indiqué que la sous-secrétaire par intérim s’est rendue à Niamey pour exprimer  « la vive inquiétude » des Etats-Unis  face à l’évolution de la situation au Niger et « leur engagement résolu » à soutenir la démocratie ainsi que l’ordre constitutionnel. « Les États-Unis continuent de demander la libération immédiate du président Mohamed Bazoum, de sa famille et de toutes les personnes détenues dans le cadre de la tentative extraconstitutionnelle de prise de pouvoir », a poursuivi le communiqué qui rapporte également que la sous-secrétaire par intérim a rencontré la société civile nigérienne et, séparément, des membres du groupe qui revendique le pouvoir au Niger afin d’expliquer ce qui est en jeu si le Niger ne respecte pas son propre ordre constitutionnel. Il s’agit notamment de la perte potentielle de centaines de millions de dollars destinés à soutenir l’économie et la sécurité du peuple nigérien. « Compte tenu de leurs inquiétudes quant à l’évolution négative de la situation politique, les États-Unis ont décidé de suspendre leur aide au gouvernement nigérien tant que la situation reste instable. Au fur et à mesure de l’évolution de la situation, les États-Unis procéderont à une évaluation et mettront à jour leurs orientations en matière d’assistance afin de garantir la cohérence avec l’ensemble des restrictions juridiques et des objectifs politiques des États-Unis applicables », a ajouté le communiqué du porte-parole qui a conclu que la diplomate américaine a aussi souligné que « les États-Unis resteraient en contact étroit avec leurs alliés et partenaires, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ».

A.Y.B (actuniger.com)