Sommet de la Cedeao sur le Mali : le président Issoufou annonce les principales mesures prises par les chefs d’Etat (Discours)
Le Sommet extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO sur la crise sociopolitique en République du Mali a débuté ce lundi matin, 27 juillet 2020, par visioconférence, sous la présidence de SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République, Président en exercice de la CEDEAO. A l’issue du sommet, les dirigeants de l’organisation ont adopté une série de décisions que le président en exercice de l’organisation, le chef d’Etat nigérien Mahamadou Issoufou, a résumé dans son discours de clôture.
ALLOCUTION DE CLOTURE DE SEM ISSOUFOU MAHAMADOU, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT, PRESIDENT EN EXERCICE DE LA CEDEAO
Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes au terme de notre Sommet Extraordinaire consacré à la situation du Mali.
Nous avons procédé à un examen minutieux de la situation dans ce pays frère et nous avons convenu d’appeler solennellement tous les maliens, dans leur diversité, à un sursaut pour protéger leur pays des périls graves auxquels il se trouve exposé aujourd’hui. Nous les avons en particulier engagés à éviter les violences et à privilégier le dialogue.
Nous avons en outre décidé de soutenir toutes les propositions faites par la Médiation de la CEDEAO conduite par le Président Goodluck Jonathan. Nous avons demandé instamment à ce que les mesures suivantes soient prises relativement aux questions institutionnelles ci-après :
- La démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée y compris le Président du Parlement. La Majorité Présidentielle devra mettre tout en œuvre pour obtenir cette démission qui ouvrira la voie à des élections partielles. En attendant ces élections partielles, le Parlement pourra fonctionner avec les 116 députés restants.
- Une recomposition rapide de la Cour Constitutionnelle, conformément aux dispositions constitutionnelles du Mali. Le Parlement proposera ses représentants après la démission des 31 membres dont l’élection est contestée. En cas de difficulté de nomination des membres de la Cour Constitutionnelle par les différentes Instances, le Président de la République utilisera l’article 50 de la Constitution pour nommer les 9 membres.
- la mise en place rapide d’un Gouvernement d’union nationale avec la participation de l’opposition et de la Société civile. L’opposition, particulièrement le M5-RFP est encouragé à participer à ce Gouvernement d’union nationale en vue de contribuer au règlement des problèmes de gouvernance qui affectent le Mali et ce dans un esprit de patriotisme. La tâche prioritaire de ce Gouvernement d’union nationale sera de mettre en œuvre toutes les réformes, recommandations et décisions issues du Dialogue National Inclusif et de traiter les questions de gouvernance. En particulier, la mise en œuvre des accords d’Alger devra être accélérée. Compte tenu des nombreux défis auxquels fait face le pays, certains membres du Gouvernement pourront être nommés avant la formation du Gouvernement d’union nationale. Il s’agit de ceux en charge de la Défense, la Justice, les Affaires Etrangères, la Sécurité intérieure et les Finances.
- La mise en place rapide d’une commission d’enquête pour déterminer et situer les responsabilités dans les violences qui ont entrainé des décès et des blessés les 10, 11 et 12 juillet 2020 ainsi que les destructions des biens publics et privés.
- La mise en place d’un Comité de Suivi de toutes les mesures ci-dessus prises qui comprendra des représentants du Gouvernement, du Parlement, de la Société civile, de la Magistrature, du M5-RFP, des femmes et des jeunes, avec la participation de l’Union Africaine et des Nations Unies, sous la présidence de la CEDEAO.
- La mise en place par la CEDEAO d’un régime de sanctions contre ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation de cette crise, étant entendu que l’ensemble des décisions et mesures ci-dessus devront être mises en œuvre au plus tard le 31 juillet 2020.
Nous avons également réitéré notre solidarité avec l’Honorable Soumaila CISSE, Chef de file de l’opposition enlevé depuis le 25 mars 2020. Nous demandons aux Autorités Maliennes d’intensifier leurs efforts déjà en cours, en vue de sa libération.
Notre souhait c ‘est de voir ces différentes propositions rencontrer l’agrément des différentes parties prenantes de la situation au Mali.
Je voudrais enfin, Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, Mesdames et Messieurs, réitérer l’engagement inébranlable des Chefs d’Etat et de Gouvernement et des peuples de la CEDEAO à n’épargner aucun effort pour promouvoir la stabilité et la paix au Mali.
En tout état de cause, la CEDEAO sera toujours présente aux côtés du Mali, acteur important des dynamiques communautaires en cours pour l’approfondissement de l’intégration de notre sous-région ouest africaine.
Je vous remercie
Ce sommet fait suite à la mission de paix conduite par le Président en exercice de la CEDEAO ayant à ses côtés quatre autres chefs d’Etat ouest africains, le jeudi, 23 juillet 2020 au Mali.
Discours d’ouverture de SEM Issoufou Mahamadou, Président en Exercice de la CEDEAO
Excellences, Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Monsieur Goodluck Jonathan, ancien Président e la république Fédérale du Nigéria,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi de présenter mes sincères condoléances à notre frère et ami, Alassane Dramane Ouattara, suite au décès le 8 juillet 2020, de son Premier Ministre, Monsieur Amadou Gon Coulibaly. L’ensemble de notre organisation commune est solidaire avec lui dans cette lourde épreuve. A la mémoire de l’illustre disparu, je vous demande d’observer une minute de silence.
Mesdames et Messieurs,
Je tiens à vous exprimer mes remerciements pour votre participation à la présente session extraordinaire de notre Sommet, que la pandémie de la COVID-19 nous oblige à tenir en visioconférence. Un seul point est inscrit à l’ordre du jour de cette visioconférence : la situation au Mali qui connaît une quadruple crise, sécuritaire, sanitaire, économique et politique.
Permettez-moi de rappeler que la crise politique, dans ce pays frère, a été déclenchée par l’arrêt de la Cour Constitutionnelle sur les élections législatives des mois de mars et avril 2020. C’est en effet sur cette base qu’est né un mouvement de contestation qui exige, entre autres, la démission du Président de la République, ce qui est contraire aux dispositions du Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, dispositions qui constituent des principes constitutionnels communs à tous les Etats membres. Il est bon d’insister ici sur le caractère supranational de ce protocole qui s’impose à tous les Gouvernements et Institutions des pays de notre espace. C’est le cadre légal qui justifie les missions dépêchées par la CEDEAO à Bamako, dont la dernière, avant celle des Chefs d’Etat, a été conduite par l’ancien Président du Nigéria, Son Excellence Monsieur Goodluck Jonathan, désigné comme médiateur et que je salue et félicite, pour l’excellent travail accompli. J’associe à ces félicitations le Président de la Commission de la CEDEAO ainsi que les Ministres des Affaires Etrangères du Nigéria, de la Côte d’Ivoire et du Niger. Le résultat de leur travail a été d’un apport inestimable dans la préparation et le déroulement de la Mission des Chefs d’Etat que j’ai conduite à Bamako le 23 juillet dernier. Je salue et remercie les Présidents Alassane Dramane Ouattara, Muhammadu Buhari, Nana Akuffo-Ado et Macky Sall, pour avoir consacré une partie de leur temps précieux à cette mission.
Je tiens également à réitérer mes remerciements au Président Ibrahim Boubacar Keita, au peuple malien, à la classe politique et à la société civile maliennes pour leur disponibilité et pour la chaleureuse hospitalité dont a bénéficié notre délégation. Les échanges francs que nous avons eus avec tous les interlocuteurs nous ont permis de mieux comprendre la situation qui prévaut dans ce pays frère.
Mesdames, Messieurs,
Notre rencontre d’aujourd’hui a pour but de vous rendre compte de notre mission. Après analyse de la situation, il revient à notre Sommet d’adopter une Déclaration forte qui préconisera, sur la base des principes qui régissent notre organisation en matière de prévention, de gestion et de règlement de conflits, des solutions fortes pour une sortie de crise rapide au Mali.
Le temps presse et les risques sont grands. N’oublions pas de tirer leçons du passé. N’oublions pas que l’effondrement des institutions maliennes en 2012 a failli ouvrir la voie au contrôle du pays par des organisations terroristes et criminelles. N’oublions pas que le Mali, comme les autres pays du Sahel et du Bassin du Lac Tchad, est en guerre, guerre qui est une des conséquences de la crise de 2012, prouvant ainsi que l’effondrement d’un Etat dans un pays, n’en fait pas payer les frais seulement à ce pays mais à tous ses voisins et même au-delà. Cette vérité est bien illustrée par la crise libyenne suivie de la crise malienne qui, toutes les deux, ont permis au terrorisme de prendre pied dans le Sahel.
Le terrorisme et la pauvreté, voilà l’ennemi principal du peuple malien. Créons donc les conditions pour que les Maliens concentrent leurs efforts dans la lutte pour sortir le pays des crises sécuritaire, sanitaire et économique.
Mesdames et Messieurs,
La situation que connaît le Mali nous interpelle. Nous devons donc sortir de ce Sommet Extraordinaire avec des solutions durables et des décisions fortes, à même de garantir la stabilité du Mali et donc de la région. La situation nous interpelle tous, mais elle interpelle au premier chef tous les maliens. Cette situation exige d’eux un sursaut national. Elle exige l’union sacrée de tous les maliens. Nous avons le devoir d’en créer les conditions !
Le Mali a aujourd’hui besoin d’une Assemblée Nationale conforme aux résultats des élections législatives, d’un Gouvernement d’union nationale, d’une nouvelle Cour Constitutionnelle, d’une enquête sur les évènements des 10, 11 et 12 juillet 2020, ainsi que de la mise en œuvre rapide des conclusions du dialogue national. Le peuple malien a aussi une autre attente très forte : la libération de l’honorable Soumaila Cissé, enlevé au mois de mars dernier par des organisations terroristes. Il s’agit là d’autant de points qui feront l’objet des délibérations du présent Sommet Extraordinaire dont je déclare ouverts les travaux.
Je vous remercie
Commentaires
Il faut plutôt appeler les nigériens à pendre leur destin en main. Pour les maliens c'est déjà fait.
Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) Communiqué n°005 – CS/M5-RFP sur les décisions du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO sur la crise sociopolitique au Mali
Le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a appris avec étonnement les conclusions du Sommet extraordinaire de la Conférence des Chef d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO tenu ce 27 juillet 2020, lequel à l’instar de la Mission conduite par M. Goodluck Jonathan, continue de ramener la crise sociopolitique au Mali à un simple contentieux électoral du deuxième tour du scrutin législatif.
Aussi, les décisions « instamment » prises par le Sommet réitèrent aussi « la démission immédiate des 31 députés contestés, la recomposition rapide de la Cour Constitutionnelle, la mise en place rapide d’un Gouvernement d’union nationale, ainsi que la mise en place rapide d’une commission d’enquête » pour situer les responsabilités dans les cas de décès, de blessés et destructions des biens,
, et la mise en place d’un Comité de Suivi de toutes les mesures prises.
Par ailleurs, le Sommet a cru bon d’insister sur la mise en place par la CEDEAO « d’un régime de sanctions contre ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation de cette crise ».
En fait, les décisions du Sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO reposent sur des approximations très improbables telles que la démission hypothétique de députés dont l’élection est contestée, l’injonction faite à M. Ibrahim Boubacar Keïta d’user de pouvoirs exceptionnels constitutionnels pour une reconstitution au forceps de la Cour constitutionnelle, la composition partielle d’un gouvernement, etc.
Aussi, le M5-RFP constate, avec regret, que les conclusions du Sommet des Chefs d’Etat ne tiennent pas compte de la profondeur et de la gravité de la crise sociopolitique qui hypothèque l’avenir du Mali, ne correspondent aucunement aux attentes et aspirations du Peuple malien et surtout violent les lois et la Constitution du Mali que respectent le Mouvement.
Pourtant, les conséquences catastrophiques de la mauvaise gouvernance de M. Ibrahim Boubacar Keita, les violations récurrentes de la Constitution de son fait et sous son magistère, la confiscation des principes républicains garantissant l’alternance démocratique, jurent avec la protection dont ses pairs semblent le couvrir, en méconnaissance totale de l’article 32 du Protocole A/SP1/12/01 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance disposant que : « Les Etats membres conviennent de ce que la bonne gouvernance (…) est essentielle pour la préservation de la justice sociale, la prévention des conflits, la sauvegarde de la stabilité politique et de la paix et le renforcement de la démocratie ». A défaut, une gamme de sanctions prévues aux articles 44 et suivants dudit Protocole frapperait l’Etat contrevenant.
Par ailleurs, des insinuations tentent de diluer les revendications populaires républicaines en brandissant l’épouvantail terroriste-islamiste et divertir le Peuple malien qui a, depuis des siècles, opté pour la tolérance religieuse, l’islam choisi et la laïcité.
Venant de M. Ibrahim Boubacar Keïta à l’endroit de l’Imam Mahmoud Dicko, qui avait pourtant fortement infléchi les revendications populaires à son encontre, de telles insinuations relèvent d’une tentative désespérée de noyer sa propre incapacité à juguler une lancinante crise multidimensionnelle qu’il a lui-même fortement aggravée.
Le M5-RFP, réaffirmant sa détermination à mener son combat pour sauver le Mali menacé de disparition en tant qu’Etat, Nation, Démocratie et République laïque, exige plus que jamais la démission de M. Ibrahim Boubacar Keïta et de son régime qui portent l’entière responsabilité de cette sinistre perspective pour notre Pays.
Le M5-RFP réitère son exigence d’actions judiciaires y compris devant la Cour pénale internationale (CPI) contre les auteurs, commanditaires et complices des tueries et exactions commises contre les manifestants à mains nues par les Forces spéciales antiterroristes (FORSAT), tant à Sikasso qu’à Bamako, dans les rues, domiciles et lieux de culte, et sa demande de libération de l’Honorable Soumaïla Cissé, Chef de file de l’opposition.
Le Peuple malien demeurera mobilisé et déterminé pour la mise en œuvre de son droit constitutionnel à la désobéissance civile, sur l’ensemble du territoire national et dans la Diaspora, jusqu’à l’aboutissement de son combat patriotique pour la restauration d’un Mali démocratique, républicain et laïc, doté d’une gouvernance responsable et vertueuse.
Bamako, le 27 Juillet 2020
Pour le M5-RFP
Choguel K. MAIGA
Et quand TOTO A DIT rajoute
un problème.... ?
Comme disait un Malien , le Mali n'a pas un problème de dépendance avec la CEDEAO , le Mali peut se passer de la CEDEAO .....
Comme pour dire la CEDEAO se range toujours du côté de ses Bêtes d'Etat, qui cherche à sauver un des leurs et s'en fout royalement des aspirations et préoccupations des populations de cet espace ,
Je voudrais par rapport à cette décision de la CEDEAO que lePR Buhari et du Ghana PR Akufor qu'ils se délient de cette déclaration car ces présidents corrompus veulent les utiliser alors que Buhari et Akufor jouissent d'une considération pour tous les peuples Africains. Buhari et Akufor faitent attention, ne suivez pas ces présidents renies par les peuples dans leurs jeux machiavéliques !
IBK à été élu par le peuple du Mali et le peuple n'en veut plus de lui. La présidence n'est pas un heritage mais un choix du peuple, donc le peuple n'en veut plus.