8e Session de l’ALG : l’AES s’apprête à transformer son instrument de développement
La 8e session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État de l’Autorité du Liptako-Gourma (ALG) se tient ce vendredi 11 juillet 2025 par visioconférence, sous la présidence du Général Abdourahamane Tiani, Président du Niger. Ce sommet stratégique intervient dans un contexte marqué par la montée en puissance de l’Alliance des États du Sahel (AES) et devrait entériner la transformation de l’ALG en agence d’exécution au service de la Confédération.
C’est un rendez-vous de haute portée que s’apprêtent à tenir les Chefs d’État du Niger, du Mali et du Burkina Faso. La réunion virtuelle de la 8e session de l’ALG s’inscrit dans un contexte inédit : celui de la montée en puissance de la Confédération des États du Sahel, actée officiellement le 6 juillet 2024, dans le sillage de la Charte du Liptako-Gourma signée le 16 septembre 2023.
À la manœuvre, les Présidents Abdourahamane Tiani (Niger), Assimi Goïta (Mali) et Ibrahim Traoré (Burkina Faso), bien décidés à insuffler une nouvelle dynamique à cette organisation sous-régionale créée en 1970, à une époque où les enjeux géostratégiques et de développement étaient bien différents.
Cap sur l’efficacité et les résultats
La principale décision attendue de ce sommet est la transformation structurelle de l’ALG : d’une autorité de coordination, elle deviendra désormais une agence d’exécution des projets et programmes de développement de la Confédération des États du Sahel (AES). Une réforme qui illustre la volonté des trois dirigeants de passer d’un cadre institutionnel à vocation consultative à un outil opérationnel, apte à répondre aux besoins concrets des populations sahéliennes.
Cette mutation vise notamment à rationaliser les initiatives de développement et à mieux concentrer les ressources sur des priorités communes : sécurité alimentaire, infrastructures, environnement, accès à l’eau, énergie, agriculture et élevage. Des domaines où la mutualisation des efforts pourrait produire des résultats tangibles à court et moyen termes.
Réorientation stratégique et changements à la tête de l’ALG
Au cœur des discussions figure aussi l’agenda de gouvernance. La session examinera les actes mettant fin aux fonctions de M. Saidou Aou, ancien secrétaire exécutif, et de Mme Hawa AW, actuelle titulaire du poste. Il est également prévu la nomination d’un administrateur provisoire chargé d’assurer la transition jusqu’à la finalisation de la nouvelle architecture institutionnelle.
Au-delà du changement de visages, il s’agit d’une véritable réorientation stratégique de l’ALG, pour l’aligner sur les orientations politiques de la Confédération récemment constituée.
Un héritage à moderniser
Créée à l’origine pour valoriser les richesses minières, hydrauliques, énergétiques et agropastorales de la région du Liptako-Gourma, l’ALG avait pour ambition d’assurer un développement intégré et harmonieux entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Cinquante-cinq ans plus tard, le contexte sécuritaire, économique et social exige une adaptation profonde.
En plaçant l’ALG au cœur de la stratégie de développement de l’AES, les Chefs d’État entendent renforcer la souveraineté économique régionale, promouvoir une gouvernance de proximité, et offrir des réponses coordonnées aux défis partagés de leurs territoires.
À travers cette 8e session, la Confédération des États du Sahel affirme un peu plus son ambition de construire une architecture régionale autonome, à la fois politique, sécuritaire et désormais économique. Le virage amorcé pourrait bien redéfinir les bases de la coopération inter-étatique dans la région, à l’heure où les regards se tournent de plus en plus vers des solutions endogènes, portées par les peuples et pour les peuples.
Ibrahim Issa (actuniger.com)