Khalid Alassane, DG de la Nigelec : « il ne faut rien cacher à la population, elle va passer un mois de ramadan difficile »

La Nigelec est enfin sorti du mutisme dans lequel elle s’est emmurée depuis plusieurs jours, alors que les principales villes du pays dont Niamey la capitale, souffrent de délestages intempestives du courant électrique. C’est l’administrateur général de l’entreprise publique en personne, Khalid Alassane, qui a fait face aux médias pour expliquer la situation, à l’issue d’une visite qu’il a effectué ce jeudi 9 mai en compagnie de la ministre de l’Energie, Amina Moumouni, sur plusieurs installations de la Nigelec à Niamey.

A l’issue de la visite à la centrale de Gorou Banda et à deux Directions techniques de la Nigelec dans la Zone industrielle de Niamey, Khalid Alassane a fait un exposé de la situation qu’il a estimé « encore sous contrôle », malgré « les perturbations imprévisibles » qui expliquent la pénurie actuelle de l’énergie à Niamey et dans plusieurs régions.

La version de la Nigelec

Dans son exposé devant la presse, l’administrateur général de la Nigelec a expliqué que quatre (4) facteurs expliquent l’aggravation de la situation cette année. Il s’agit d’abord du groupe PC4 de Goudel qui est tombé en panne depuis le 26 novembre dernier. Selon Khalid Alassane, après constat, il s’est avéré que « le groupe n’est pas réparable, ce qui occasionne une perte de 10 MW que génère ce poste électrique dans notre capacité de production».  Ensuite, a expliqué l’administrateur de la Nigelec, « le mois de mai qui est traditionnellement le mois de plus forte demande, a coïncidé cette année avec le ramadan, ce qui engendre une hausse de la demande de 10 à 15 MW ». Avec déjà la perte de 10 MW, et une augmentation de la demande, la Nigelec est déjà à bout de ses capacités. D’autant que le troisième facteur selon Khalid Alassane, c’est le groupe 4 de la centrale de Gorou banda, qui est à l’arrêt depuis quelques jours en raison d’une panne de régulateur. Enfin, l’administrateur a justifié les délestages en série qu’on constate actuellement par les perturbations du réseau au Nigeria, « qui n’arrive même pas à satisfaire à un tiers de sa propre demande ». Selon l’administrateur de la Nigelec, la Nigelec a enregistré le mois passé, 12 perturbations du réseau en provenance du Nigeria et qui correspondent à des situations de « blackout », c’est-à-dire nada sur les 75 MW que le Nigeria voisin fournit au Niger. En ce jeudi 9 mai, la Nigelec est déjà enregistré cinq (5) perturbations du réseau en raison de la situation dans le pays de Buhari. « Nous n’avons aucun contrôle sur le réseau au Nigeria qui est instable, et c’est ce que nous subissons », a reconnu Khalid Alassane.

Dans son exposé, l’administrateur de la Nigelec a également évoqué la situation climatique, avec la forte chaleur enregistrée actuellement, et qui influe également sur la fourniture de l’électricité. Au poste Niamey 3 par exemple, un condensateur a explosé du fait de la chaleur et de la surchauffe.

Le calvaire n’est pas prêt de prendre fin

« C’est une situation que même si vous la transportez en Allemagne, pays qui fait référence en matière d’efficacité de la fourniture d’énergie, vous ne pouvez rien changer parce que les facteurs qui l’engendrent sont imprévisibles », s’est défendu l’administrateur général de la Nigelec. Khalid Allasane a ensuite expliqué que plusieurs actions ont été initiées par le gouvernement et l’entreprise qu’il dirige pour pallier au déficit actuel de l’électricité. Au niveau de la panne du poste de Goudel, le PC4 qui est tombé en panne depuis novembre et qui n’est plus réparable, de nouveaux groupes ont été commandés auprès d’un prestataire franco-allemand qui dispose de la meilleure offre sur le marché. Et pour aller au plus pressé, « surtout avec le sommet de l’UA en juillet prochain, la solution rapide a été d’opter pour un transport aérien plutôt que le transport terrestre qui pourrait durer jusqu’en Aout prochain », a expliqué le DG de la Nigelec. Ainsi, selon les explications de Khalid Alassane, les groupes commandés qui totaliseront une capacité de 16 MW, seront acheminés à travers quatre 4 rotations aériennes dont la première est prévue pour le 16 mai. D’ici mi-juin, les groupes qui seront acheminés à Niamey par avion Antonov, loué pour la circonstance, seront effectivement installés, ce qui permettra d’espérer une puissance supplémentaire d’environ 20 MW dans le réseau électrique.

Pour ce qui est du quatrième groupe de Gorou Banda, la commande du régulateur a été déjà effectuée et dès la semaine prochaine, « tout sera réparé » selon la même source. Dans son point de presse, Khalid Alassane a surtout insisté sur la nature des facteurs qui expliquent la situation actuelle. « Ce sont des situations imprévisibles. Nous même on ne s’attendait pas à de telles situations et par conséquent, on ne peut pas communiquer à chaque fois ; ni prévoir un calendrier des perturbations ou des délestages ».

Selon l’administrateur général de la Nigelec, qui espère « que la pluie qui va arriver dans peu de temps », va faire baisser la forte demande, « la situation va s’améliorer et les délestages vont s’atténuer peut-être d’ici la semaine prochaine ». Cependant, il a toutefois prévenu : « je pense qu’il ne faut rien cacher à la population, elle va passer un mois de ramadan difficile ». Autant dire que la fin du calvaire n’est pas pour demain. Et c’est le DG de la Nigelec Khalid Alassane, qui le prévient !

A.Y.Barma (Actuniger.com)