Le franc CFA est-il vraiment un frein au développement et à l'industrialisation de l'Afrique, comme l'affirme le vice-président du Conseil italien, Luigi Di Maio ? Pour Hassoumi Massaoudou, le ministre des Finances du Niger, c'est tout le contraire.
RFI : Est-ce que vous êtes d’accord avec ceux qui disent que le franc CFA empêche le développement et l’industrialisation des pays africains qui utilisent cette monnaie ?
Hassoumi Massoudou : Ma réponse est simple. Il suffit de comparer deux pays, la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui sont des pays comparables géographiquement, comparables en termes de population, comparables en termes de ressources naturelles. Je ne pense pas que l’on puisse dire que la Côte d’Ivoire est moins industrialisée que le Ghana. Voilà la réponse. Je ne pense pas qu’il y ait cette relation automatique entre le franc CFA et la désindustrialisation. La Côte d’Ivoire est tout aussi industrialisée, au moins tout autant que le Ghana.
Est-ce que le franc CFA, accroché à l’euro, n’est pas une monnaie surévaluée, qui handicape les exportations et qui avantage les importations ?
Le franc CFA a une qualité essentielle liée surtout à la gestion par la Banque centrale [BCEAO - Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest] c’est la stabilité, c’est la protection du pouvoir d’achat des populations. En ce qui concerne le lien avec l’euro, je voudrais juste rappeler que ce n’est pas un cas particulier. Il y a plus de trente pays africains qui ont des arrangements monétaires du type du franc CFA, donc ce n’est pas quelque chose d’exceptionnel. L’essentiel, c’est la politique monétaire mise en œuvre. Et nous avons une politique monétaire qui a l’avantage de protéger le pouvoir d’achat de nos populations et qui ne va pas contre la croissance, qui attire les investisseurs et qui permet d’avoir des politiques budgétaires, qui permettent de créer les conditions de l’industrialisation et du développement. Dans le temps long, je ne pense pas que les pays de l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine], par exemple, soient plus en retard que les pays hors CFA. Donc ce type de comparaison n’a de pertinence que du point de vue émotif. Sincèrement, ce rappel du lien colonial, je ne pense pas que le franc CFA d’aujourd’hui soit comparable à un franc colonial. C’est un choix tout à fait souverain, qui peut changer, d’ailleurs, qui peut évoluer et qui continuera à évoluer.
Voulez-vous dire que le franc CFA sécurise les investissements ?
Absolument, le franc CFA sécurise les investissements. C’est un avantage apparent et évident. Mais, en plus, le franc CFA sécurise les populations du point de vue du pouvoir d’achat. Le pouvoir d’achat est garanti. Nous sommes immunisés par les politiques de la Banque centrale contre l’hyperinflation. C’est quand même quelque chose d’extraordinaire ! Et sur la période longue, sur la série longue, nous n’avons pas eu moins de croissance que les autres pays hors zone franc CFA. Donc je ne vois pas ces inconvénients que l’on dit. Ce sont des inconvénients qui sont liés à de la propagande. C’est une charge émotive que l’on veut brandir, mais sur le plan des faits, les faits infirment tous ces propos-là. Deuxièmement, il est important de savoir que le franc CFA a évolué et continuera à évoluer. Aujourd’hui, nous sommes dans une dynamique de sortie par le haut, notamment dans le cadre de l’intégration de la Cédéao [Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest] au niveau de la construction de la monnaie de la Cédéao. Donc nous sommes engagés naturellement et sans beaucoup de ruptures vers la monnaie unique de la Cédéao. Mais vraiment, nous n’avons pas ce problème-là.
Le compte d’opérations vous oblige à passer systématiquement par le Trésor français. Est-ce que cela ne donne pas un pouvoir important au gouvernement français, qui peut orienter vos politiques économiques et financières ?
Non, non… Le compte d’opérations, c’est d’abord 50% de nos réserves de change. D’ailleurs, il est rémunéré et ce compte d’opérations pourrait exister à la Banque d’Angleterre ou bien dans une autre banque. C’est un choix qui a été fait. C’est pour cela que je dis que ce type d’accord monétaire existe aussi ailleurs. Il existe pour plus de trente pays africains et il existe un peu partout dans le monde. La liberté que nous avons de changer de lieu de compte d’opérations est là, elle existe. Deuxièmement, la politique monétaire se décide au niveau de la Banque centrale et au niveau de l’UEMOA. Elle ne se décide pas à Paris. C’est nous qui décidons de la politique des taux d’intérêt, etc. Donc, vraiment, cela se fait ici, sans l’intervention de la France, sans un mot à dire du gouvernement français. Je pense que nous n’avons pas ce lien de subordination du point de vue des politiques économiques vis-à-vis de la France. Vraiment, ce sont des mythes que l’on continue à brandir et qui n’ont plus d’effet aujourd’hui.
Oui, mais beaucoup d’Africains disent que leurs Etats n’ont pas la totalité de leur souveraineté à cause de ce franc CFA…
Non, le franc CFA, c’est d’abord la première mutualisation de notre monnaie ! C’est un franc commun à l’ensemble de nos pays, dans le cadre de l’Union monétaire, de l’UEMOA, c’est déjà cela. A partir de ce moment-là, nous avons cédé, au profit d’un ensemble plus grand, la souveraineté de chacun de nos Etats, mais c’est un choix libre, c’est un choix positif, qui va dans le sens de l’histoire. Justement, nous voulons capitaliser ce genre de choix pour aller vers une monnaie de la Cédéao, dans un ensemble encore plus large. Je pense que cet abandon de souveraineté de chacun des Etats au profit de l’ensemble de l’UEMOA ne veut pas dire que cet abandon de souveraineté soit au profit de la France. Du point de vue de la distribution des pouvoirs, la France n’a pratiquement aucun rôle dans les choix fondamentaux que font nos Etats du point de vue monétaire et économique.
Comment se fait-il que vous soyez l’un des rares hommes politiques africains à défendre publiquement le franc CFA ?
Non, l’ensemble des ministres des Finances de l’UEMOA défendent le franc CFA. Nous n’avons aucun complexe. Nous le faisons à chaque fois que nous nous réunissons. Nous sommes tout à fait à l’aise, donc nous n’avons aucun complexe dans la gestion de nos affaires et dans nos choix.
Mais n’y a-t-il pas un courant anti-CFA en Afrique de l’Ouest ?
Mais bien sûr, il y a toujours un courant anti-CFA, qui découle des résidus de courants anti-impérialistes. Mais ça, c’est un discours des années 1960. C’est un discours, aujourd’hui, assez marginal.
Oui, mais visiblement, dans la société civile, c’est un courant de plus en plus fort, quand même !
Mais non… D’abord, la société civile, aujourd’hui, est très embryonnaire en Afrique. Cela a un écho à l’extérieur, mais dans nos pays, cela n’a pas vraiment de prise sur les positions dominantes.
RFI
Commentaires
Dans tous les cas, le pouvoir éternel est celui d'Allah pas d'un quelconque bouffeur du sorgo !!!
- dire que l'impérialisme n'existe plus. c'est une simple vue d'esprit
- dire que l'exploitation impérialiste de nos pays n'a jamais existé.
- féliciter la France ( seule ex-puissance coloniale qui ne compte aucune de ses ex-colonies parmi les économies émergentes) pour sa générosité envers ses colonies. .
Est-ce déjà la danse du ventre autour de la France pour les futures élections présidentielles?
1. Ce qu'a dit le Ministre des finances est clair.
2. Et c'est une insulte pour tous les peuples des (ex)-colonies françaises liées à la France par ces accords monétaires.
3. C'est une insulte à la mémoire de tous les africains qui ont dénoncé ces accords et qui ont souvent payé de leur vie le fait de dénoncer cette colonisation monétaire.
4. Je pense surtout à Joseph. Tchundjang Pouemi, cet intellectuel camerounais qui a écrit "monnaie, servitude et liberté" et dont les circonstances de la mort n’ont pas été clarifiées.
L’Afrique écrira un jour son histoire.
Pauvre con!! Comme il a trahi la volonté de tous les Africains!
L’Italie a accusé la France d'être responsables de la misère de nos pays et c'est à un nigérien, ministre des finances de son état de défendre le contraire, de défendre la France en affirmant le contraire.
Ce n'est plus une affaire de Hasoumi. C'est une honte nationale. Tous les autres africains vont se mettre à nous maudire, à nous insulter, nous nigériens, à cause de cette malheureuse intervention de notre ministre des finances. Pourquoi notre Ministre des finances?
Que cherche-t-il? Quelle la rançon d'une telle trahison?
C'est un véritable scandale.
Ce que dit Hassoumi est plein de contradiction.
Si le franc CFA n'est pas une monnaie coloniale, si elle nous épargne de l'inflation, si elle renforce le pouvoir d'achat de nos populations pourquoi vouloir la changer ? Pourquoi changer un cheval qui gagne? Pourquoi ne pas convaincre les autres pays membres de la CEDEAO de l'adopter comme monnaie?. Tout simplement.
Avec des responsables comme notre ministre des finances aux commandes il n'est pas étonnant que nos pays fassent appel aux "expert" européens pour venir réfléchir sur la création de notre future monnaie.
Comme quoi on n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Vous avez dit pauvre Afrique?
Si le franc CFA n'est pas une monnaie coloniale, si elle nous épargne de l'inflation, si elle renforce le pouvoir d'achat de nos populations pourquoi vouloir la changer ? Pourquoi changer un cheval qui gagne? Pourquoi ne pas convaincre les autres pays membres de la CEDEAO de l'adopter comme monnaie?. Tout simplement.
Avec des responsables comme notre ministre des finances aux commandes il n'est pas étonnant que nos pays fassent appel aux "expert" européens pour venir réfléchir sur la création de notre future monnaie.
Comme quoi on n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Vous avez dit pauvre Afrique?
Pauvre Afrique ! Et dire que RFI utilise les Africains pour defendre la France. Hassoumi mange bien, il dort bien, il circule en voiture climatisée. Ou est son probleme. Le FCFA lui sert bien. Le reste il s'en fout completement.
Le ministre ne represente le people.. Tt simplmnt son ministers et la can fair son probleme
espece de focu
si ce n'est pas la cote d'ivoire donne un autre exemple dparmis les pays francophone
vous etes nul
On a compris que ce Monsieur vise le fauteuil en 2020 donc il faut chercher l'appui des faiseurs de président en Afrique francophone.
Dans cette course à la candidature le premier s'est tiré une balle dans le pied.
Avec cette intervention sur RFI Massaoudou ne peut prétendre à rien de sérieux dans ce pays.
Il est définitivement disqualifié.
Massaoudou nous a montré qui il est réellement. Nous sommes prévenus.
- Intermédiaire dans les échanges : elle brise le troc en deux échanges indépendants
- Mesure des valeurs : à travers les prix qui est l’expression monétaire de la valeur
- Réserve de valeur :
Mais au delà de cette définition la monnaie est un symbole de souveraineté.
C’est pour mieux réaffirmer leur souveraineté que plusieurs ex-colonies ont créé leurs propres monnaies après leurs indépendances.
Voilà pourquoi les premières monnaies métalliques portaient les têtes des rois.
La monnaie est aussi un moyen de donner des ordres aux autres comme le disait Sékou Touré.
Voilà pourquoi c'est l'Etat qui a le monopole de frapper la monnaie.
Regardez le Dollar, l'Euro, la Livre vous trouverez sur ces billets les faits marquant de l'histoire des pays concernés.
La monnaie n'est donc pas seulement un simple pouvoir d'achat.
Nous africains restés sous cette dictature du CFA avons oublié l'essentiel pour ce qui est de la place de la monnaie dans le développement économique et social d'un pays.
Nous avons oublié que, sur la durée, ce sont des économies fortes qui font la force et la crédibilité des monnaies.
La lutte contre l'inflation ne peut être la première priorité d'un pays qui aspire au développement.
C'est d'abord l'obtention d'une certaine croissance génératrice d'emploi qui est la première priorité.
Malheureusement la France nous a convaincus de contraire. Voilà pourquoi nos responsables pro-français nous parlent de la lutte contre l'inflation et de la force du CFA à tout bout de chemin.
Le CFA est plus fort que la naira mais qu'en est-il de l'économie du Niger face à celle du Nigeria ? Sait-on qu'à un moment donné le PIB du seul Nigeria faisait 61% du PIB de toute la cedeao?
Quoi? Que dites-vous? Ne plus parler du CFA? Mais c'est encore le CFA que nous utilisons. De plus notre ministre nous dit que ce n'est pas une monnaie coloniale, qu'elle nous protège de l'inflation, qu'elle sécurise nos populations. Dans ce cas pourquoi changer une monnaie qui a tant de qualités? Pourquoi avoir besoin d'une autre monnaie? Il y a quand de quoi en débattre Mr midou.
N'oublions pas que CFA c'était d'abord Communauté Française d'Afrique.
Voilà un monsieur,de surcroit, ministre des finances, même si c'est celui du pays le plus pauvre qu'il a d'ailleurs contribué à rendre encore plus pauvre alors que lui, s'est grossièrement enrichi. Non M. Hassoumi, on ne peut jamais connaitre tout, tu es un minier, ça c'est de la science économique, tu peux te faire assister au préalable par un spécialiste; c'est la preuve que tu as trop de difficultés pour gérér le ministère des finances. Ton seul mérite c'est de pouvoir tenir tête à la société civile et le Président ne te garde à ce poste que pour ça. La société civile!!! ah! vis à vis de laquelle, vous manifestez un complexe clair... Même sur des sujets purement techniques, il vous faut revêtir la veste du "politique".
Vous avez profité de cette interview pour encore désavouer Mahamadou Issoufou, le Président qui vous a tout donné même si c'est dans des conditions d'illégalité frappante..
Vraiment, le Niger fait pitié avec vous et vos semblables
Vous avez raison sur un point: Hassoumi est parti sur un terrain qu'il ne maîtrise pas. Les questions monétaires sont trop complexes pour être traitées à la légère.
N'est ce pas la faute de nos économistes qui se taisent courageusement sur des questions aussi vitales pour nos pays?
Est -ce la faute de nos politiques qui ont la prétention de tout connaitre?
Certaines rumeurs ont fait état des "experts" européens recrutés pour guider nos dirigeants dans la création d'une monnaie commune.
Je souhaite que cette information soit non fondée.
Sinon autant fermer toutes nos universités et demander à nos enseignants chercheurs d'aller vendre du bois, de la viande, de la cola...
c'est dommage!!!