Funérailles de Muhammadu Buhari : hommage africain et présence forte du Niger à Daura

Daura (Nigeria), 15 juillet 2024 – C’est dans l’émotion et la solennité que Muhammadu Buhari, ancien président de la République fédérale du Nigéria, emporté à 82 ans après des mois de maladie a été inhumé mardi dans sa ville natale de Daura, dans l’État de Katsina. Une cérémonie sobre mais chargée de symboles, où la présence remarquée du Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine et de l’ex-président Mahamadou Issoufou a souligné les liens indéfectibles entre Niamey et Abuja.

Dès l’arrivée du cercueil drapé aux couleurs nationales à l’aéroport international Umaru Musa Yar’Adua de Katsina, l’émotion était palpable. Le président Bola Ahmed Tinubu, main sur le cœur, a salué son prédécesseur, avant d’escorter la dépouille vers Daura, distant de 80 kilomètres. À ses côtés, le vice-président Kashim Shettima et une imposante délégation composée de chefs d’État, d’anciens dirigeants et de hauts responsables africains ont pris part au cortège, acclamé par une foule nombreuse tout au long du trajet.

Parmi les figures marquantes présentes aux obsèques figurait le Premier ministre du Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine, accompagné de plusieurs membres de son gouvernement. La présence du Niger, pays frontalier et partenaire stratégique du Nigéria, a été particulièrement remarquée, symbolisant les liens profonds entre les deux nations sahéliennes. L’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou, ami et proche du défunt, a également pris part à la cérémonie, rendant un hommage personnel à celui qu’il qualifie de « pilier de la stabilité régionale ».

Après une brève exposition de la dépouille dans la résidence familiale, la prière funéraire (Salatul Janazah) a été dirigée par l’imam de la grande mosquée de Daura, Sheikh Salisu Rabiu. À 17h50, l’ancien président a été inhumé dans sa propriété, dans la plus pure tradition musulmane, sous les honneurs militaires. Une salve de 21 coups de canon a retenti, marquant la fin du parcours terrestre d’un homme dont l’engagement a marqué des générations.

Muhammadu Buhari aura dirigé le Nigéria à deux reprises : d’abord brièvement comme chef d’État militaire entre 1984 et 1985, puis en tant que président civil élu de 2015 à 2023. Patriote austère, il aura fait de la lutte contre la corruption et du renforcement de l’unité nationale les piliers de son action. À l’échelle du continent, son refus des ingérences extérieures, son attachement à la souveraineté africaine et ses efforts pour contenir les menaces sécuritaires dans le bassin du lac Tchad lui valent aujourd’hui un respect unanime.

Dans les jours à venir, une semaine de recueillement national ponctuée de prières, d’hommages publics et d’événements commémoratifs sera organisée à travers le pays, selon la présidence nigériane. À Niamey comme à Abuja, l’heure est au souvenir d’un homme d’État qui, en dépit des controverses, aura marqué son époque par son intégrité et sa vision du Nigéria fort et indépendant.

Muhammadu Buhari s’en est allé, mais son héritage reste inscrit dans les annales du Nigéria et de l’Afrique de l’Ouest. 

Abdoulkarim  (actuniger.com)