Meurtre, cambriolage et chantage numérique : trois réseaux criminels démantelés par la police judiciaire à Niamey
En l’espace de quelques jours, la Direction de la Police Judiciaire (DPJ) a frappé fort contre la criminalité dans la capitale. Trois réseaux ont été neutralisés : une affaire de meurtre sordide liée à une transaction de drogue, un cambriolage méthodiquement exécuté sous prétexte de location, et un cas de chantage sexuel numérique visant de jeunes candidates au baccalauréat. Menées par les divisions des Investigations Criminelles et de la Cybercriminalité, ces opérations lèvent le voile sur la diversité inquiétante des actes criminels qui gangrènent Niamey.
Un meurtre crapuleux à la cité Airtel pour quelques grammes de drogue
L'affaire la plus sordide concerne l'assassinat d'un ressortissant étranger de passage à Niamey, découvert le 24 juin dernier dans le quartier Cité Airtel. Le corps de la victime, retrouvé la gorge tranchée dans une mare de sang, a mobilisé immédiatement les services de la Division des Investigations Criminelles.
L'enquête a rapidement permis de reconstituer le drame. Tout commence par une transaction de drogue qui tourne mal. La victime, fraîchement rentrée de voyage, cherche à se procurer deux grammes de "Tchali" auprès de son voisin, lui-même dealer. Ne disposant pas de liquidités, elle propose son téléphone portable en échange d'un gramme de stupéfiants. Cette dette va lui coûter la vie.
Harcelé par le fournisseur principal pour récupérer son dû, le dealer intermédiaire organise avec ses complices une expédition punitive. Le 24 juin, persuadés que leur débiteur dispose d'argent frais, trois hommes âgés de 22 à 43 ans s'introduisent chez lui. Pendant que l'un d'eux immobilise la victime par derrière, les deux autres lui tranchent la gorge à l'aide d'un couteau. Les trois assassins, tous de nationalité nigérienne, ont été interpellés et écroués.
Un cambriolage méthodique sous couvert de location
Le second réseau démantelé illustre l'ingéniosité croissante des voleurs de la capitale. Le 1er juin, un individu se présente comme un client ordinaire souhaitant louer une villa meublée pour une nuit. Une fois les clés en main, il organise méthodiquement le déménagement complet de la propriété, emportant meubles et électroménager.
La propriétaire ne découvre le pot aux roses que le lendemain soir, vers 17 heures, en constatant que sa villa a été entièrement vidée. Cette plainte, déposée le 6 juin à la DPJ, déclenche une enquête qui aboutit rapidement à l'identification du réseau. Les investigations permettent non seulement d'interpeller l'auteur principal et ses complices, mais aussi de récupérer l'intégralité des biens volés, certains lors de perquisitions, d'autres chez des receleurs.
Chantage numérique : un prédateur piégé
Le troisième réseau démantelé révèle une face particulièrement sombre de la cybercriminalité. Un individu, déjà poursuivi en mai 2024 pour viol, usurpation d'identité numérique et escroquerie, a perfectionné ses méthodes en exploitant l'angoisse des candidats au baccalauréat.
Son mode opératoire, d'une perversité calculée, consiste à se faire passer sur Snapchat et WhatsApp pour une personnalité publique ou un enseignant prétendant détenir les sujets du baccalauréat 2025. Il cible principalement les candidates, leur promettant cadeaux ou fuites de sujets d'examen en échange de faveurs sexuelles. Une fois les actes accomplis, il prétend avoir filmé les scènes à leur insu et fait chanter ses victimes sous la menace de diffusion.
L'analyse de son téléphone portable a révélé l'existence de trois autres victimes qui ont préféré garder le silence, témoignant de l'efficacité redoutable de cette méthode de chantage qui joue sur la honte et la peur. Deux plaintes déposées le 28 juin ont permis son interpellation.
Des méthodes d’escroquerie numérique en hausse
Ces arrestations s'inscrivent dans un contexte d'explosion des fraudes électroniques à Niamey. La Direction de la Police Judiciaire a identifié trois méthodes particulièrement répandues qui font des ravages dans la population.
La première technique consiste en l'usurpation d'identité de personnalités publiques. Généralement orchestrée par des binômes, cette escroquerie vise à se faire passer pour des hauts responsables politiques, militaires ou directeurs d'institutions. Les fraudeurs contactent leurs victimes par téléphone ou WhatsApp en prétendant gérer un projet de construction. Après avoir demandé à la victime de proposer un entrepreneur, ils finissent par lui proposer d'exécuter elle-même le marché. Une fois les fonds virés, ils disparaissent dans la nature.
La deuxième méthode exploite la compassion en se faisant passer pour un policier en détresse. L'escroc prétend qu'un proche est hospitalisé et sollicite une aide financière urgente. Cette technique, particulièrement vicieuse, joue sur la solidarité naturelle des citoyens envers les forces de l'ordre.
Enfin, la troisième escroquerie, probablement la plus répandue, utilise les groupes WhatsApp pour proposer des articles à vendre. Souvent gérée par des individus opérant depuis l'étranger, cette méthode consiste à créer des groupes de vente en ligne. Une fois le paiement effectué sous prétexte de livraison via des services comme DHL, les escrocs coupent toute communication.
