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Le contexte - Le Niger est l’un des premiers pays d’Afrique noire francophone à éveiller des vocations de cinéastes dès le début des années 60. La France avait directement mis à la disposition des cinéastes nigériens par l’intermédiaire du Centre Culturel Franco Nigérien une assistance technique et a fait don au Niger d’un important matériel de tournage.

Ceci a permis la réalisation de quelques films par des cinéastes indépendants, qui avaient fait notre notoriété sur le plan international. Même si la crise du cinéma des années 90 fut générale sur le continent africain, l’avance que notre pays avait prise, notamment sur les plans structurel et professionnel, pouvait lui éviter une telle déchéance, si nous avons réagi avec conséquence, discernement et chauvinisme. La Conférence nationale de 1991 a permis de relever les différents problèmes du cinéma dans notre pays, ce qui avait obligé le pouvoir politique à porter un intérêt particulier au secteur, en consacrant un chapitre spécial dans le cahier des charges du Premier ministre de la transition. Ainsi, il a été décidé de renforcer les structures existantes en créant un Centre National de la Cinématographie (CNCN), de l’équiper, et de créer une règlementation cinématographique. Les réflexions faites à cette époque se basaient sur des faits bien précis : notre culture et nos arts, doivent avoir un statut particulier dans notre système économique. Au début des années 2000, les cinéastes nigériens avaient cru que toutes ces réformes engagées conjuguées avec l’avènement des nouvelles technologies, allaient ouvrir la voie à de nouveaux espoirs. En 2013, nous constatons hélas que malgré les facilités offertes par le numérique, et les différents engagements pris, le cinéma du Niger peine à se relever et les spécialistes continuent de tenir les mêmes discours que ceux tenus dans années 80.

Les dernières décisions et leurs faiblesses

En janvier 1998 une Direction nationale de la cinématographie (DCN) fut créée, puis érigée dix ans plus tard en Centre National de la Cinématographie du Niger (CNCN). En 2009 l’État lui attribut un fond de trois cents 300 millions de FCFA qui a servi à l’achat de matériels techniques de production et de postproduction ; de véhicules et d’un terrain d’une superficie de 7502 m2. Si les deux premières dépenses sont légitimes et nécessaires, l’achat d’un terrain à ce moment critique de notre cinéma ne se justifie pas. Nous devons réussir par des actions pérennes et ne plus accepter de retomber dans les erreurs du passé, poser des actions qui doivent tenir compte des enjeux à même de ressortir les interrelations possibles aux niveaux de la formation, de la production, de la distribution et de l’exploitation cinématographique au Niger à l’ère du numérique. Tout développement cinématographique au Niger, ne peut être effectif sans que nous ne changions de regard et d’approche. Comme l’avait dit le cinéaste tunisien Tahar Cheriaa, fondateur du festival de Carthage « ce qui apparaissait aux cinéastes les plus militants, comme une carence étatique, corrigible par une meilleure prise de conscience, relevait en réalité d’une politique globale cohérente et nullement fortuite». Tous les cinémas d’Afrique noire francophone, disait-il en l’occurrence, ont quelque chose de commun : « chacun d’entre eux est structurellement […] une espèce de monstre… […] Une anomalie biologique. C’est une tête (des auteurs et leurs films) sans corps (sans marchés susceptibles de rentabiliser ces films et aussi sans public puisque sans structures de distribution normales. » (2005 p. 155-156)

Pour une nouvelle approche du cinéma nigérien

Si nous voulons que ces premières années de l’apparition du numérique, donnent un résultat stimulant et un nouveau souffle à notre cinéma, ce ne sera que grâce à un engagement politique au plus haut niveau. La valeur du cinéma nigérien ne doit pas essentiellement reposer sur la qualité des locaux du CNCN, mais beaucoup plus sur les structures de production, de distribution ou d’exploitation, que ce centre pourra soutenir, mais aussi sur la valeur esthétique des productions nationales et donc sur une formation de qualité.

Les différents gouvernements avaient sous-estimé la mission primordiale de ce médium qui pouvait aussi, à l’image de la télévision nationale, si non mieux encore, assurer auprès du peuple nigérien des missions de formation, d’information et de sensibilisation, et permettre au monde entier de découvrir notre pays, son peuple et sa culture. Donc, un soutien politique fort aux cinéastes va aussi aider le pays dans sa politique de développement. Cette stratégie de la politique de développement doit utiliser le cinéma dans le seul but qu’il est censé revêtir comme disait le professeur Samba Gadjigo « de mener à une forme de compréhension conçue comme instrument dans notre lutte quotidienne pour déterminer nos vies et former nos sociétés. » (1995, p. 69-79).

Toute appréciation globale de la sortie de crise du cinéma au Niger, doit requérir une approche particulière en replaçant le secteur dans le contexte politique et économique national.  Plus de 23 ans après son naufrage, le cinéma nigérien, ne semble toujours pas avoir droit au chapitre, alors que partout dans la sous-région, au Nigéria, au Burkina Faso, au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Bénin, au Togo, bref, dans toute l’Afrique, sauf chez nous, l’audiovisuel et le cinéma sont en expansion et une véritable industrie est en train de se mettre en place. Nous restons des passifs consommateurs des cultures d’autrui, au détriment de notre propre culture.

Propositions concrètes

Tous les organismes de coopération sur lesquels nous avions compté jusque là, ne nous ont servi que très peu. Compter sur nos propres moyens pour revitaliser et rendre viable notre cinéma est bien possible. Le projet du centre national de la cinématographie de construire dans les 3 prochaines années son siège avec deux salles de projection, des bureaux, salle de réunion, une buvette, des boutiques, etc. ; projet entériné par le nouveau Ministre de la culture Ousmane Abdou, n’est pas la réponse appropriée. Au lieu de financer la création d’un siège à 1 milliard 600 millions, cet argent devrait être investi dans les priorités du cinéma au Niger, qui se trouvent actuellement:

Dans l’adoption des lois et règlements du secteur pour permettre aux privés d’investir dans la rénovation et la création des salles, dans la distribution, la diffusion et la production nationales.

Dans le contrôle général des activités vidéographiques au Niger en créant une taxe sur l’exploitation des films vidéo qui servira à financer les productions nationales;

Dans la rénovation et/ou la création des salles de cinéma, et cela dans toutes les régions du pays, adaptées au contexte actuel, c’est-à-dire équipées en matériel vidéo et dont les taxes payées viendront enrichir de plus les fonds de production nationale;

Dans la formation des jeunes cinéastes en entreprenant avec l’IFTIC et les universités du pays, des formations dans le domaine de cinéma au lieu de prétendre créer une école du cinéma au nom du CNCN. Le Niger n’est pas le Burkina Faso, encore moins le Maroc et non plus le Sénégal ou la Côte d’Ivoire. Chaque pays à ses particularités, à ses spécificités.

Au moment où les responsables font l’éloge de leurs actions, le cinéma au Niger s’appauvrit de plus en plus, et la production nationale reste ridicule et limitée à deux ou trois films vidéo par an. A titre illustratif de l’aberration de la politique actuelle, on peut noter que dans notre pays, il ne reste plus qu’une seule salle de cinéma en 2013 : le Studio Jan Gorzo, laissé en désuétude. Les promesses de sa réhabilitation n’ont servi qu’à orner les discours officiels. Depuis 2008, le gérant attend 17 millions de FCFA; 17 millions seulement pour la rénovation de sa salle, pendant que le Ministère de la culture et le CNCN ont acquis un terrain avec les 300 millions qui ont été donnés en 2009 et qu’on s’apprête à gaspiller un milliard six cent millions de francs CFA supplémentaires.

Bibliographie

— Gadjigo, Samba. 1995. « Le cinéma africain dans le monde : étape ou état d’enfance ». Dans L’Afrique et le centenaire du cinéma, p. 69-79. Paris : Présence Africaine.

— Cheriaa, Tahar. 1995. « La Fepaci et nous ». Dans L’Afrique et le centenaire du cinéma, p. 253-268. Paris : Présence Africaine.

— Cheriaa, Tahar. 2005. « Le cinéma africain et les “réducteurs de têtes”. Regards rétrospectifs sur une stratégie de libération. Dans Afrique 50, singularités d’un cinéma pluriel, p. 155-157. Paris : L’Harmattan. 



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