Affaire des assassinats rituels : le procureur général confirme l’Implication présumée de l’ancien ministre Ibrahim Yacoubou
Face aux rumeurs et aux spéculations, le procureur général près la Cour d’appel de Niamey a apporté ce dimanche 14 septembre des précisions sur l’affaire criminelle qui secoue la capitale. Il a confirmé que l’ancien ministre d’État, plusieurs fois membre de gouvernements, Président du Mouvement patriotique nigérien (MPN-Kiishin Kassa), Ibrahim Yacoubou, déjà interpellé, figure parmi les personnes citées par un marabout récidiviste accusé d’une série d’assassinats rituels d’une extrême gravité.
Lors de son interrogatoire, le marabout Mahamadou Noura, âgé de 51 ans, récemment libéré de prison après quatre années de détention pour des faits similaires a déclaré que tous ces assassinats avaient été commis à des fins de sacrifice pour le compte de plusieurs personnalités, citant nommément : Issa Ali Maiga et son patron Ibrahim Yacoubou, Ismael Morou Karama, Elh Hadji Bilya et Issa Seybou Hama. Selon le parquet, toutes ces personnes ont été interpellées et entendues dans le cadre de l’enquête.
L’affaire actuelle trouve son origine dans une tentative d’assassinat signalée le 29 juillet dernier au quartier Sory Bené, à la périphérie de Niamey. Alertée, la police judiciaire a ouvert une enquête qui a rapidement conduit à l’arrestation, à Dosso, d’un marabout du nom de Mahamadou Noura.
Lors de son interrogatoire, le suspect a reconnu son implication dans cette tentative visant un certain Ibrahim Ousseini et a livré de troublantes révélations. Il a avoué être l’auteur de plusieurs meurtres perpétrés ces derniers mois : Abdoul Nasser et Issoufou Ahmed, retrouvés sans vie à la cité des enseignants-chercheurs ; Mohamed Ali, découvert sur la colline de Séno ; Ousmane Rachid Samber, dont le corps gisait à une dizaine de kilomètres de Niamey ; un inconnu près de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS) ; ainsi qu’un autre nommé Saddam.
Selon ses propres déclarations, son mode opératoire consistait à attirer ses victimes par la ruse, les droguer, les ligoter puis les agresser sexuellement avant de les étrangler ou de les égorger pour recueillir leur sang.
La justice insiste sur la rigueur de la procédure
Le procureur général a précisé que la procédure reste en cours. Après une première transmission du dossier au parquet de Niamey, la procureure de la République a ordonné un complément d’enquête afin d’obtenir un procès-verbal complet, conformément à l’article 12 du Code de procédure pénale qui fait d’elle la directrice de l’enquête.
« Il est important de souligner que ces injonctions sont purement procédurales et ne procèdent d’aucune manipulation », a insisté Maazou Oumarou, rappelant que la gravité des faits impose de conduire les investigations avec célérité et rigueur.
Le parquet général, garant de l’application de la loi, a réaffirmé sa détermination à faire toute la lumière sur ce dossier « pour la sauvegarde des droits de tous, mis en cause comme victimes ». Enfin, le procureur a appelé les citoyens à faire confiance à la justice et à son indépendance dans le traitement de cette affaire hors norme.
Un parcours politique et judiciaire mouvementé
Homme politique de premier plan, Ibrahim Yacoubou avait occupé jusqu’au 26 juillet 2023 le poste de ministre d’État, de l’Énergie et des Énergies renouvelables dans le gouvernement de Ouhoumoudou Mahamadou, avant d’être emporté par le coup d’État militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum. Dès les premières heures du putsch, il avait publiquement dénoncé la rupture de l’ordre constitutionnel.
Quelques mois plus tard, le 4 janvier 2024, il est interpellé et arrêté à Niamey. Le Tribunal militaire l’inculpe alors pour " atteinte à la sécurité nationale " et " crime de trahison ". En juillet 2024, la Chambre de contrôle du Tribunal militaire lui accorde une liberté provisoire, mais la décision ne sera jamais exécutée. Pour maintenir sa détention, de nouvelles poursuites pour " association de malfaiteurs " sont engagées contre lui. Ibrahim Yacoubou restera ainsi derrière les barreaux durant 452 jours, avant de bénéficier d’une libération le 3 avril 2025, dans le cadre d’une décision gouvernementale élargissant les prisonniers politiques liés aux événements du 26 juillet 2023.
Ibrahim Issa (actuniger.com)