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niebe Bakin Hantchi

Le Niger, pays sahélien en proie aux défis du changement climatique, de la pauvreté des sols et de la pression croissante sur ses ressources naturelles, se distingue cependant comme le deuxième producteur mondial de niébé après le Nigeria, les deux pays représentent à eux deux près de la moitié de la production mondiale. Le niébé, ou "haricot d'Afrique", joue un rôle fondamental dans l'économie nigérienne, tant par sa contribution à l'exportation que pour la sécurité alimentaire nationale. Avec une production annuelle dépassant 1,5 million de tonnes, cette légumineuse est essentielle à l’alimentation des ménages, particulièrement dans les zones rurales où l’agriculture de subsistance est prédominante. En effet, elle est riche en protéines, améliore la fertilité des sols grâce à ses propriétés de fixation de l'azote, et ses sous-produits tels que les fanes sont utilisés pour l'alimentation animale.

Toutefois, les défis du changement climatique, de la dégradation des terres et de la faible adoption de variétés adaptées ont entraîné une baisse de la productivité dans certaines zones. Pour répondre à ces contraintes, plusieurs initiatives ont été mises en place pour promouvoir des systèmes semenciers paysans, en particulier dans les zones rurales les plus affectées. C’est dans ce contexte que l'étude de cas sur la variété paysanne de niébé, Bakin Hantchi, cultivée dans la commune rurale de Matankari (région de Dosso), prend tout son sens. Cette étude met en lumière l'importance des variétés locales dans la lutte pour la résilience face aux défis climatiques et économiques.

L'étude de cas sur Bakin Hantchi, une variété traditionnelle de niébé, s’inscrit dans un contexte plus large de recherche sur la résilience des systèmes semenciers paysans au Niger. Contrairement aux variétés améliorées souvent promues par les politiques nationales, les semences paysannes, comme Bakin Hantchi, s'avèrent mieux adaptées aux conditions climatiques locales et jouent un rôle clé dans la sécurité alimentaire. L’appui du projet CROPS4HD, piloté par SWISSAID, vient renforcer cette dynamique en soutenant les producteurs dans la conservation, l’amélioration et la promotion des systèmes semenciers locaux, dans un cadre d’agroécologie.

 

Une semence ancestrale au cœur de la résilience agricole et de la souveraineté alimentaire à Matankari

Dans la commune rurale de Matankari, située au cœur de la région de Dosso au Niger, une semence paysanne continue de jouer un rôle crucial dans la vie des producteurs agricoles locaux. Le niébé Bakin Hantchi, une variété ancestrale à double usage, se distingue par sa résilience, ses rendements élevés, et son intégration profonde dans la chaîne de valeur de l’économie paysanne. En dépit des pressions croissantes pour adopter des semences dites améliorées, Bakin Hantchi demeure une source inestimable de sécurité alimentaire, d’autonomisation économique, et de résilience face aux défis climatiques.

L'un des principaux atouts de Bakin Hantchi réside dans sa capacité à s’adapter aux conditions climatiques changeantes. Les producteurs locaux rapportent que cette semence a démontré une résilience impressionnante face aux extrêmes climatiques, notamment les longues périodes de sécheresse qui ont ravagé d'autres cultures. Bien que Bakin Hantchi soit parfois attaqué par des ravageurs, il montre une plus grande résistance comparée aux variétés améliorées, renforçant ainsi la confiance des producteurs dans cette semence locale. Cette résilience climatique fait de Bakin Hantchi un atout essentiel pour assurer la souveraineté alimentaire dans un contexte où les défis environnementaux sont de plus en plus présents.

L'un des principaux défis de la production de niébé est le stockage, mais les paysans de Matankari ont développé des techniques pour conserver efficacement leurs semences. Ils utilisent notamment des barils et des jerrycans scellés pour étouffer les insectes nuisibles, ainsi que les sacs PICS, une innovation introduite par l'INRAN, qui permet une meilleure conservation des semences.

 

Un pilier économique et social pour les ménages

champ niebe

Dans la commune rurale de Matankari, Bakin Hantchi n'est pas seulement une semence, c'est une source de fierté et de richesse pour les producteurs. Les anciens racontent que les cultivateurs de cette variété jouissent d'un grand respect au sein de la communauté, et leurs familles sont perçues comme prospères. Le niébé Bakin Hantchi occupe une place centrale dans l’économie des ménages paysans de Matankari, en particulier au sein de l’organisation paysanne Noma Touchin Arziki. Cette semence locale est vendue tout au long de l’année, à différents moments stratégiques, garantissant aux producteurs un flux constant de revenus. Après les récoltes, le sac de 100 kg de Bakin Hantchi se vend entre 19 000 et 20 000 FCFA, mais en période de soudure, son prix peut atteindre jusqu'à 46 000 FCFA.

Ce revenu constitue une source de sécurité financière pour les familles, permettant non seulement de faire face aux dépenses quotidiennes, mais aussi d'investir dans l'avenir. Les producteurs de Bakin Hantchi soulignent également que cette variété est appréciée pour ses qualités gustatives et nutritionnelles, surpassant souvent les variétés améliorées introduites par les projets de développement. Contrairement à ces dernières, qui sont parfois associées à des inconforts digestifs, le Bakin Hantchi est préféré pour sa digestibilité et sa richesse en nutriments. 

Ce dynamisme économique fait de Bakin Hantchi un véritable levier de sécurité alimentaire pour la région. Cette variété a une double fonction : elle produit des gousses pour la consommation humaine et des fanes pour l'alimentation animale. Sa capacité à répondre à ces différents besoins en fait un atout précieux pour les communautés locales. La vente de ses fanes, très prisées pour l'alimentation animale, contribue également à l'agriculture intégrée, où la production végétale et animale se complètent harmonieusement, tout en générant des revenus supplémentaires pour les familles paysannes.

Dadé Ali, un producteur influent de la région et promoteur des semences locales, soutient que les revenus générés par la vente de Bakin Hantchi ont permis à de nombreux ménages de subvenir à leurs besoins, qu'il s'agisse de financer les mariages, l'éducation des enfants ou d'autres besoins essentiels.

Pour les agriculteurs comme Mohamed Maïnouma, Bakin Hantchi est plus qu’une simple semence : "C’est une partie de notre histoire et de notre culture. Cette semence nous permet de nourrir nos familles, même pendant les saisons difficiles. Le soutien du projet nous a aidés à améliorer nos pratiques et à préserver cette variété."

 

Bakin Hantchi : un héritage et un symbole de fierté

Au-delà de sa valeur économique, Bakin Hantchi représente un héritage culturel et social précieux pour les communautés locales. Les paysans de Matankari considèrent cette semence comme un patrimoine à préserver pour les générations futures. Cultiver ou posséder un stock de Bakin Hantchi est perçu comme un privilège, et ceux qui en sont les gardiens jouissent d’un grand respect au sein de la communauté.

Les femmes, en particulier, attribuent à Bakin Hantchi un rôle central dans leur statut social. Les épouses des hommes qui cultivent cette variété sont respectées, et les revenus tirés de la vente de Bakin Hantchi leur permettent de s'assurer que leurs enfants ne manquent jamais de vêtements ou d’autres nécessités. Le lien entre cette semence et la fierté communautaire est profondément enraciné, et son rôle dans la vie quotidienne des familles va bien au-delà de la simple subsistance.

Selon Bawa Bachirou, un paysan de 66 ans, Bakin Hantchi était cultivé bien avant sa naissance, témoignant de sa longue histoire dans la région. Ce niébé fait partie intégrante du patrimoine agricole de Matankari, et les producteurs s'efforcent de le préserver.

 

Une semence aux rendements supérieurs et polyvalents

niebe Bakin Hantchi BIS

Le niébé Bakin Hantchi est une variété à cycle moyen, s'étendant sur 90 à 100 jours, qui produit à la fois une abondante fane et des graines de qualité supérieure. Ses performances agronomiques sont remarquables, avec des rendements pouvant atteindre jusqu’à 1,2 tonne par hectare durant les bonnes années, et encore 0,4 tonne par hectare lors des saisons plus difficiles, ce qui reste supérieur aux rendements des variétés améliorées dans des conditions similaires.

Issa Miringuija, un paysan de 74 ans et père de 10 enfants, explique avec fierté que cette variété locale, cultivée depuis des générations, continue de prospérer même dans les conditions les plus défavorables, garantissant à sa famille une récolte décente même en période de sécheresse. Il souligne que, contrairement aux semences hybrides, Bakin Hantchi ne nécessite pas d’intrants chimiques coûteux, rendant ainsi sa culture plus accessible et durable pour les petits exploitants. 

L’étude de cas sur Bakin Hantchi met en lumière l’importance des systèmes semenciers paysans en tant que modèles durables pour faire face aux défis actuels du changement climatique. En plus d’assurer une production agricole résiliente, ces systèmes permettent aux communautés rurales de prospérer, tout en s'inscrivant dans les principes de l’agroécologie. Ils proposent une approche intégrée qui allie performance économique, préservation de l’environnement et valorisation du savoir-faire paysan. Cependant, malgré leur efficacité prouvée, ces systèmes sont souvent marginalisés par les politiques publiques, qui favorisent la promotion des semences hybrides et des monocultures. Cette tendance menace la biodiversité et réduit l’autonomie des agriculteurs.

Pourtant, les semences paysannes, comme Bakin Hantchi, représentent un patrimoine agricole précieux qui assure non seulement la sécurité alimentaire, mais aussi la préservation des écosystèmes locaux. Bakin Hantchi symbolise ainsi la lutte pour la souveraineté alimentaire et la préservation de l’agro-biodiversité au Niger, tout en renforçant l’autonomie des agriculteurs dans leur quête de résilience face aux changements environnementaux.

A.Karim Moumouni (actuniger.com)



Commentaires

1
Sanda
2 semaines ya
Votre mensonge sur le rang mondial du Niger ne résiste pas lui ! On ne bâtira pas un pays avec des mensonges savamment distillés. Il faut travailler avec ardeur, intelligence et compétence pour y parvenir. Makaryatan wofi !
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0
Yahaya Moussa Arzika
2 semaines ya
Je confirme, Bakin Hatsi est une variété de niebé que moi aussi je cultive sur plusieurs hectares avec un gros rendement par hectare.

#Demande : je cherche des ONG qui peuvent m'appuyer à acheminer et vendre mes produits tirés de la culture de Bakin Hatsi .
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0
Ah ça ira..
2 semaines ya
Demandez à la Russie.
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Idriss B Ali
2 semaines ya
Le Niger est le deuxième producteur de niebe, en Afrique derrière le Nigeria.
Mais le Nigeria est loin devant alors que sa surface plantée en niebe est inférieur à celle du Niger. Cà s'explique par un problème de rendement au Niger 300 kilos par hectare et au Nigeria 900 kilos par hectare. C'est un problème de moyens et de structure des exploitations du Niger.
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L Observateur
2 semaines ya
https://theconversation.com/le-niebe-une-alternative-pour-la-souverainete-alimentaire-des-pays-dafrique-subsaharienne-181912

Article de 2022.
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Tenna
2 semaines ya
))) Filles chaudes vous attendent sur - - Hot4.eu
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