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 semence Bandala Dankassari

Dans la commune rurale de Dankassari, région de Dosso, au Niger, une variété paysanne de voandzou, connue sous le nom de Badanda, a pris racine. Venue du Dendi, cette semence s’est progressivement imposée comme une source précieuse non seulement pour l’alimentation locale, mais aussi pour l’autonomisation des femmes et la résilience climatique. Le projet CROPS4HD, dans le cadre de ses actions pour la préservation des systèmes semenciers paysans (SSP), a mis en avant cette semence et ses avantages dans une étude de cas approfondie. Le voandzou Badanda incarne un exemple de la manière dont les communautés rurales peuvent maintenir des systèmes alimentaires durables et renforcer leur autonomie économique.

 

Zeyna commission0

 

Le voandzou, une plante herbacée annuelle originaire d’Afrique, est reconnu dans plusieurs pays pour sa résistance à la sécheresse. Présente dans des pays comme le Nigeria, le Cameroun, et la République centrafricaine, cette légumineuse joue un rôle crucial dans la sécurité alimentaire grâce à sa richesse en protéines et en hydrates de carbone. Dans le contexte du Niger, où la sécheresse et la désertification menacent l’agriculture, le voandzou est une culture de choix.

Badanda est aujourd’hui cultivée par des centaines de femmes agricultrices qui la considèrent non seulement comme une ressource alimentaire essentielle mais aussi comme un levier d’autonomisation économique. Avec l’appui du projet Crop4HD, financé par SwissAid, les paysannes de Dankassari ont pu renforcer leurs compétences dans la culture, la conservation et l’optimisation de la variété Badanda. Ce soutien s’inscrit dans une démarche agroécologique visant à promouvoir la résilience climatique et à améliorer les moyens de subsistance des communautés rurales.

Une semence résiliente qui allie productivité rapide et richesse culinaire à Dankassari

Le cycle de production de la semence Badanda est l’un de ses principaux atouts. Il dure environ trois mois, un temps relativement court pour une culture dans une région où les précipitations sont souvent incertaines. Les agriculteurs de Dankassari sèment Badanda dès la première pluie utile, garantissant ainsi une productivité optimale. Une caractéristique notable de cette semence est la taille de ses graines et de ses gousses, qui sont particulièrement grandes, ainsi que ses feuilles vert foncé, un signe de vigueur et de bonne adaptation aux conditions locales en font une culture prisée par les agricultrices locales. Ces femmes, qui jouent un rôle central dans la culture de cette variété, ont également intégré Badanda dans les habitudes alimentaires locales, transformant ses graines en divers plats traditionnels comme le Loubbatou, le Dawala et le GabdaBien que ces spécialités soient également préparées avec d’autres variétés de voandzou présentes dans la région, les femmes de Dankassari affirment que celles à base de Badanda sont particulièrement savoureuses. Les produits issus de cette variété surpassent en qualité ceux des variétés améliorées, notamment en termes de goût et de texture. Cette préférence alimentaire souligne l’importance culturelle et gastronomique de Badanda pour les communautés locales.

semence Bandala Dankassari BIS2

 

Le voandzou badanda, une semence qui autonomise les femmes de Dankassari

Le voandzou Badanda joue un rôle crucial dans l’autonomisation des femmes de la région. La production de cette semence offre aux femmes une source de revenus significative qui leur permet de subvenir aux besoins de leurs familles. Un sac de 25 kg de Badanda peut être vendu entre 15 000 et 36 000 FCFA, en fonction de la période de vente, tandis que les variétés améliorées se vendent à des prix inférieurs. Elles utilisent ces revenus pour financer des soins de santé, acheter des fournitures scolaires, et dans certains cas, inscrire leurs enfants dans des écoles privées. Le soutien financier qu’elles apportent s’étend même aux dépenses liées aux mariages de leurs enfants, aussi bien pour les filles que pour les garçons. Grâce à Badanda, ces femmes réussissent également à acheter des animaux et à pratiquer l’embouche, une activité génératrice de revenus supplémentaires.

En plus des graines, les feuilles de Badanda sont également un produit commercialisable, notamment dans les marchés locaux et même jusqu’à Niamey. Depuis 2015, le groupement de l’ONG Tsintsiya a permis aux femmes de développer une filière de vente de ces feuilles, très prisées par les éleveurs pour nourrir les animaux. Ces feuilles, très prisées pour leur valeur fourragère, sont commercialisées jusqu’à Niamey, la capitale du Niger.

 

Badanda, une semence résiliente qui défie le changement climatique à Dankassari

La variété Badanda se distingue par sa remarquable résistance aux conditions climatiques difficiles. Contrairement aux variétés améliorées introduites par certains projets agricoles, Badanda est particulièrement bien adaptée aux sols pauvres et aux périodes de sécheresse. Les femmes agricultrices de Dankassari attribuent cette résilience à une gestion proactive des semences, notamment à travers la sélection massale, une méthode traditionnelle qui consiste à choisir les meilleures plantes pour garantir la qualité des récoltes futures. Ce processus minutieux de conservation préserve la diversité génétique de la semence, renforçant ainsi sa résistance aux aléas climatiques.

Face aux défis posés par le changement climatique, les variétés améliorées ont révélé leurs limites, surtout en matière de sensibilité au stress hydrique et aux sols appauvris. À l'inverse, Badanda se révèle particulièrement résistante. Les agricultrices de Dankassari soulignent que cette semence, avec ses besoins écologiques réduits, est parfaitement adaptée aux sols locaux souvent dégradés. Les formations en agroécologie organisées par SWISSAID dans le cadre du projet CROPS4HD ont permis aux agricultrices de surmonter ces défis en adoptant des pratiques adaptées qui favorisent la préservation des sols et l’utilisation rationnelle de l’eau. Elles constatent que la combinaison de bonnes pratiques agroécologiques et de semences locales comme Badanda leur permet de maintenir des rendements stables, même dans des conditions climatiques défavorables.

Fassouma, première productrice de voandzou à Dankassari et agricultrice renommée pour sa production exceptionnelle, indique que sur ses deux hectares de terre, elle peut récolter jusqu'à 25 sacs de 25 kg de Badanda lors d'une bonne année. Même en cas de conditions pluviométriques défavorables, elle parvient tout de même à obtenir environ 15 sacs. En revanche, lors des années de pluviométrie abondante, les rendements sont encore plus impressionnants, attestant de la robustesse de cette semence.

 

Un pilier de la sécurité alimentaire à Dankassari et un héritage à préserver pour les générations futures

semence Bandala Dankassari BIS1

Malgré ses nombreux avantages, la culture de Badanda n’est pas exempte de défis. Les productrices signalent que, comme pour d’autres variétés de voandzou, la consommation de Badanda peut entraîner des gonflements de ventre. Cependant, elles ont découvert qu’en ajoutant un peu de sucre lors de la préparation, ce problème est évité, un avantage que les variétés améliorées ne partagent pas. Cette solution simple mais efficace a permis de rendre Badanda plus accessible et mieux accepté dans les habitudes alimentaires locales.

De plus, les attaques de ravageurs restent un défi constant pour toutes les variétés de voandzou. Cependant, les agricultrices affirment que Badanda est moins vulnérable aux attaques de ces ennemis, ce qui renforce encore sa valeur dans le contexte de l’agriculture locale.

Les femmes de Dankassari, véritables gardiennes de cette semence, sont conscientes de l’importance de préserver Badanda pour les générations futures. En tant que ressource locale, cette semence représente un élément central de la sécurité alimentaire de la région. Les résultats de cette étude  montrent que Badanda contribue non seulement à améliorer les revenus des ménages, mais également à fournir une alimentation nutritive pour les humains et les animaux.

 

L'essor des semences locales face au changement climatique et à l’autonomisation économique des ruraux

L’expérience des femmes de Dankassari montre que les semences locales, comme la variété Badanda, peuvent jouer un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique et l’autonomisation économique des communautés rurales. Alors que les pressions climatiques augmentent, la résilience agricole offerte par ces variétés adaptées devient de plus en plus cruciale.

Dans un contexte où la sécurité alimentaire est une priorité nationale, soutenir les semences locales telles que Badanda n’est pas seulement un choix agricole, mais une nécessité pour garantir un avenir durable aux communautés rurales du Niger. L’engagement des femmes de Dankassari est un modèle à suivre pour la conservation des ressources locales et l’adaptation aux défis climatiques futurs.

L’étude de cas de la variété Badanda à Dankassari offre un aperçu précieux de la manière dont les semences locales peuvent transformer la vie des agriculteurs dans des contextes difficiles. Alors que les menaces climatiques continuent de peser sur l'agriculture sahélienne, les semences locales, adaptées aux conditions spécifiques du Sahel, représentent une clé pour renforcer la résilience alimentaire et économique des communautés rurales.

En soutenant ces systèmes semenciers paysans, le projet CROPS4HD montre qu’il est possible de concilier modernité et pratiques ancestrales pour répondre aux défis du changement climatique. L’expérience des femmes de Dankassari témoigne de l’importance de protéger, promouvoir et valoriser ces semences pour assurer un avenir durable et équitable pour les générations futures.

Pour assurer la pérennité de cette culture, il est essentiel que l’État et ses partenaires continuent d’encourager ces pratiques locales. La création d’une chaîne de valeur autour de Badanda, incluant la recherche scientifique et la documentation des pratiques locales, pourrait renforcer l’intégration des semences locales dans les politiques agricoles nationales.

Abdoulkarim (actuniger.com)



Commentaires

0
Laouali Ali
3 semaines ya
Je suis fier des prouesses agricoles de mon pays. Ceci est en contradiction avec la position du belge Luc Genot qui est le Representant Adjoint de la FAO au Niger et qui ne fait que denigrer notre pays en disant que le Niger est un pays de paresseux incapable d'assurer son developpement agricole. Des individus comme Luc Genot devraient etre chasses du Niger.
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