Mali-France : Escalade diplomatique après l’arrestation d’un français, Paris expulse deux diplomates maliens et suspend sa coopération antiterroriste
Un mois après l’arrestation de l’agent français Yann Vezilier au Mali, les relations entre Paris et Bamako connaissent une escalade majeure. Ce vendredi 19 septembre 2025, la France a riposté avec fermeté : elle a expulsé deux diplomates maliens en poste à Paris et suspendu sa coopération antiterroriste avec le Mali, en réaction à l’arrestation, le 15 août, de ce ressortissant présenté par Paris comme membre de ses services de renseignement et accusé par Bamako d’avoir, en complicité avec des officiers maliens, organisé un réseau visant à déstabiliser la Transition en mobilisant des relais politiques, des acteurs de la société civile et des militaires de haut rang.
Bamako confirme : deux de ses diplomates accrédités à Paris ont été déclarés persona non grata par la France. Ils ont jusqu’à ce 20 septembre 2025 pour quitter le territoire français.
Les deux diplomates maliens – un officier de gendarmerie et un policier – ont été déclarés persona non grata et doivent quitter le territoire français avant samedi. Cette mesure s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes depuis l’arrestation du ressortissant français, officiellement reconnu comme agent diplomatique et accusé par Bamako de participer à une conspiration visant les institutions maliennes.
Le Mali dirigé par le président Assimi Goïta, au pouvoir après deux coups d’État en 2020 et 2021, a accusé « un groupuscule d’éléments marginaux des forces armées » et des « États étrangers » de tenter de déstabiliser le pays. Pour Paris, ces accusations sont « sans fondement » et la détention de son agent constitue « une violation flagrante des règles fondamentales du droit international ».
En réponse, la France a suspendu toute coopération antiterroriste avec le Mali, qui représentait jusqu’alors un volet clé de la lutte contre les groupes jihadistes opérant depuis plus d’une décennie dans le pays. Elle a également prévenu Bamako que de nouvelles mesures seraient prises si la libération de son ressortissant n’était pas immédiate.
Du côté malien, la réaction ne s’est pas fait attendre : cinq membres de l’ambassade de France à Bamako ont été déclarés persona non grata mercredi, bien que ces derniers aient quitté le Mali dès dimanche.
Cette crise, la plus grave depuis le retrait des troupes françaises du Mali en 2022, illustre l’effondrement complet de la relation de confiance entre Paris et Bamako. Elle acte la fin d’une ère de coopération sécuritaire, aussi tendue fût-elle, et enterre définitivement l’héritage de l’opération Barkhane.
A.K.Moumouni (actuniger.com)