Cybercriminalité au Niger : deux faux marabouts et un ex-militaire escrocs démantelés par la police judiciaire

La Direction de la Police Judiciaire (DPJ) a réussi deux coups de filet majeurs dans sa lutte contre la cybercriminalité. Le 24 octobre 2025, elle a mis hors d’état de nuire deux faux marabouts qui se faisaient passer pour des multiplicateurs de billets de banque. Dix jours plus tôt, le 14 octobre, un ancien élément des Forces de Défense et de Sécurité, reconverti en escroc numérique, a été arrêté après avoir piégé de jeunes Nigériens avec de fausses promesses de recrutement au sein des Forces Armées Nigériennes (FAN).

Niamey – Dans sa traque acharnée des fraudeurs du numérique, la Direction de la Police Judiciaire (DPJ), par le biais de sa Division de Lutte contre la Cybercriminalité, vient de mettre à nu deux réseaux criminels opérant sur des terrains très différents, mais avec la même finalité : soutirer de l’argent à des victimes par la ruse.

Le premier réseau, composé de deux Nigériens, a été démantelé le 24 octobre 2025. Ces escrocs se présentaient comme des marabouts dotés de pouvoirs surnaturels capables de “multiplier les billets de banque”. Leur stratagème reposait sur un scénario bien ficelé : après avoir contacté leurs victimes par téléphone, ils exigeaient d’importantes sommes d’argent pour l’achat de “parfums sacrés” censés permettre la multiplication des fonds.
Une fois l’argent récupéré, ils remettaient à leurs victimes un colis soigneusement emballé contenant une calebasse, de la cola, des parfums et quelques faux billets, avant de leur recommander de ne pas l’ouvrir avant leur signal, souvent en pleine nuit. À l’ouverture, la “magie” semblait avoir opéré, encourageant les victimes à verser davantage.

Mais la supercherie a fini par s’écrouler. Une perquisition au bureau du faux marabout a permis de saisir un impressionnant lot de faux billets — en francs CFA, euros et dollars — ainsi qu’un arsenal d’objets rituels destinés à crédibiliser l’arnaque : poudres, papiers découpés en forme de billets, bouteilles de liquides suspects, calebasses et même une perruque utilisée pour simuler la présence d’un “génie”.

Au total, 12 victimes ont été recensées pour un préjudice estimé à plus de 140 millions de FCFA.

Le second réseau, démantelé le 14 octobre 2025, a été révélé grâce à la collaboration entre la Brigade de Recherche de la Gendarmerie Nationale et la DPJ.
Son auteur, un ancien élément des Forces de Défense et de Sécurité, se faisait passer pour un officier supérieur des Forces Armées Nigériennes (FAN). Ciblant principalement de jeunes Nigériens âgés de 18 à 22 ans, il leur promettait une intégration rapide dans l’armée, moyennant des versements allant de 32 000 à 52 000 FCFA.

Pour rendre l’arnaque plus crédible, il exigeait de ses victimes qu’elles se rasent la tête, enfilent une tenue de sport et se tiennent prêtes à rejoindre un prétendu camp d’instruction, souvent de nuit. Une fois les paiements effectués, il coupait toute communication.

Face à ces nouvelles formes d’escroquerie, la Direction de la Police Judiciaire appelle les citoyens à la plus grande vigilance et à signaler toute activité suspecte.

“La cybercriminalité ne cesse d’évoluer. Seule une vigilance collective permettra de la contenir”, a confié une source policière proche du dossier.

Ces deux opérations réussies viennent une fois de plus confirmer la détermination de la DPJ à protéger les Nigériens contre les arnaques et manipulations de l’ère numérique.