Finances: le Niger obtient près de 153 millions de dollars US du FMI au titre de la FEC et de la FRD
Dans un communiqué publié ce mardi 9 mai 2023, le FMI et le Niger ont annoncé avoir conclu un accord au niveau des services sur la troisième Revue de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) et un nouveau Programme au titre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD). L'Accord qui sera soumis à l'approbation du Conseil d'administration de l'institution financière internationale va donner droit à un décaissement de 19,74 millions de dollars au titre de la FEC et 133,4 millions de dollars au titre de la FRD. Selon le FMI, les perspectives économiques sont favorables à court et moyen terme et la croissance devrait atteindre 7 % cette année en dépit des risques baissiers qui pèsent toutefois sur ces perspectives encourageantes, en particulier provenant des chocs exogènes liés au changement climatique et l’insécurité. Le financement au titre de la FRD va permettre d'épauler les autorités dans la conduite de réformes structurelles et dans la réalisation d’investissements aux fins de l’adaptation au changement climatique et de l’atténuation de ses effets.
Dans le communiqué, le Fonds Monétaire International (FMI) a annoncé que du 25 avril au 9 mai 2023, une équipe de ses services du dirigée par M. Antonio David, a organisé des réunions portant sur la troisième revue de l’accord triennal appuyé par la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur du Niger, ainsi que sur la mise en place d’un nouveau programme appuyé par la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). À l’issue de la mission, M. David a fait la déclaration suivante : "Les autorités nigériennes et les services du FMI ont conclu un accord sur la troisième revue du programme économique appuyé par la facilité élargie de crédit et sur la mise en place d’un nouveau programme au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité. Cet accord au niveau des services doit recueillir l’approbation de la direction et du conseil d’administration du FMI ; la réunion correspondante du conseil d’administration devrait avoir lieu en juillet. L’achèvement de la revue du programme FEC permettrait un décaissement à hauteur de 19,74 millions de DTS (environ 26,7 millions de dollars, soit 15 % de la quote-part du Niger) pour couvrir les besoins de financement extérieur du pays".
Selon le FMI, les estimations indiquent que la croissance du PIB réel a accéléré à 11,9 % en 2022, principalement en conséquence du fort rebondissement de la production agricole et de l’avancement de grands projets d’investissement. Les tensions inflationnistes se sont estompées. Les perspectives économiques sont favorables à court et moyen terme, et la croissance devrait atteindre 7 % cette année, tirée par l’achèvement de la construction de l’oléoduc qui permettra d’accroître la production de pétrole et par la reprise de la production agricole. Des risques baissiers pèsent toutefois sur ces perspectives encourageantes, en particulier du fait de la vulnérabilité du pays aux chocs climatiques et à l’insécurité.
Aussi, indique le communiqué, la politique budgétaire a été accommodante l’année dernière et les données provisoires montrent que le déficit budgétaire a atteint 6,8 % du PIB due aux dépenses urgentes pour atténuer les effets de la crise alimentaire et de l’insécurité. Par ailleurs, la trajectoire du déficit est calibrée de manière à respecter l’engagement pris par les autorités d’atteindre d’ici 2025 le critère de convergence régional de l’UEMOA de 3 % du PIB, ce qui est d’autant plus indispensable dans la mesure où les conditions financières se durcissent.
"L’accord triennal au titre de la FEC vise à renforcer la stabilité macroéconomique, tout en jetant les bases d’une croissance résiliente, inclusive et portée par le secteur privé. La mise œuvre du programme est globalement satisfaisante. La plupart des objectifs quantitatifs et repères structurels ont été atteints. Des mesures d’accroissement des recettes intérieures restent indispensables pour élargir l’espace budgétaire consacré aux dépenses prioritaires et pour favoriser la consolidation budgétaire à moyen terme. Les initiatives des autorités en cours pour simplifier le régime fiscal, promouvoir la dématérialisation de l’administration fiscale et adopter une stratégie de gestion des recettes pétrolières constituent des réformes fondamentales dans ce domaine. En outre, il est nécessaire de renforcer la qualité et l’efficacité des dépenses pour améliorer la prestation des services publics", a indiqué le chef de mission.
Par ailleurs, poursuit la même source, il convient d’accélérer les initiatives visant à éliminer les principaux obstacles au développement du secteur privé. La mise en œuvre récente d’initiatives transversales, comme par exemple, la dématérialisation des procédures d’enregistrement des entreprises, du registre foncier et du guichet unique pour le commerce extérieur, ainsi que les mesures visant à améliorer l’accès au financement, s’inscrivent dans ce cadre. Les autorités sont également déterminées à obtenir des résultats tangibles dans la lutte contre la corruption, notamment en mettant en œuvre la stratégie de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) et en appliquant le plan d’action correspondant.
Selon l'institution de Breton Wood, le financement au titre de la FRD, pour sa part, viendra appuyer les réformes structurelles et les investissements visant à remédier aux difficultés et aux risques de plus en plus prononcés que pose le changement climatique, ce qui permettra de renforcer la capacité d’adaptation de la population et de préserver ses moyens de subsistance. "Les réformes appuyées par le financement au titre de la FRD contribueront à intégrer les enjeux climatiques dans la politique macroéconomique du Niger en renforçant la planification et la budgétisation des dépenses liées au climat ; en rendant la gestion des investissements publics plus soucieuse des enjeux climatiques ; en améliorant la planification et la gestion budgétaires pour mieux tenir compte des risques de catastrophes ; et en favorisant le recours à des sources d’énergie renouvelables", reflète-t-on.
Au cours de leur séjour, indique le communiqué, les membres de la mission ont rencontré le Premier Ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, et le Président de l’Assemblée Nationale, Seini Oumarou. Ils ont également organisé des séances de travail avec le ministre des Finances, Dr. Ahmat Jidoud, le ministre du Plan, Dr. Rabiou Abdou, le ministre de l’Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes, M. Laouan Magagi, la ministre de l'Environnement et de la Lutte contre la Désertification, Mme. Garama Saratou Rabiou Inoussa, le directeur national de la BCEAO, M. Maman Laouane Karim, ainsi que d’autres hauts représentant de l’État, des représentants du secteur privé et des partenaires techniques et financiers. « L’équipe du FMI tient à remercier les autorités nigériennes pour leur coopération et pour les échanges constructifs et fructueux qui ont eu lieu pendant cette mission. », a conclu le communiqué.
Commentaires
De ce nouvel ordre émergent économique, politique et démographique, le questionnement de TOTO A DIT est de savoir ces machins FMI , BANQUE MONDIALE et autres et leurs conditionnalités, seront ils supplées, supplantées, évincées ou dégommées?
Dans une nouvelle réflexion, l’Ambassadeur Jean-Pierre A. EDON, Spécialiste des questions internationales, a présenté le poids des BRICS sur l’économie actuelle dans le monde.
Quand TOTO A DIT partage, es tu tenu d'aller à la ligne ?
BRICS est un acronyme pour désigner un groupe de cinq pays qui se réunissent depuis 2011 en sommets annuels à savoir : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Pour Jean-Pierre A. EDON, le succès et la pertinence de la raison d’être des BRICS, se mesurent aujourd’hui par la volonté d’une vingtaine de pays s’apprêtant à les rejoindre. Sur cette liste d’attente figurent le Nigéria, l’Arabie Saoudite, le Mexique, les Emirats Arabes Unis, l’Egypte, l’Indonésie, l’Argentine, la Turquie etc.…Le diplomate voit une nécessité de se conformer à l’ordre mondial nouveau en gestation parce qu’il y aura de bouleversement dans l’ordre ancien, selon lui. Lisez plutôt.
Le monde évolue en changeant des paramètres qu’on croyait immuables. Depuis quelques années, sont apparues sur la scène internationale, des nations émergentes,
A suivre
qui au fil du temps, sont devenues incontournables dans l’économie du monde. Elles constituent aujourd’hui un groupe appelé BRICS. Quelles sont-elles ces nations, leurs objectifs et comment évoluent-elles dans l’économie internationale ?
Créé en 2008 avec trois pays membres, le BRIC est devenu BRICS en 2011 avec l’adhésion de l’Afrique du Sud. Dès lors il comprend cinq nations que sont le Brésil (B), la Russie (R), l’Inde (I), la Chine (C) et South Africa (S).
Ses objectifs sont la promotion de la paix, de la sécurité, de la coopération au niveau mondial, et la contribution au développement de l’humanité. Cette organisation défend la non-ingérence et vise à promouvoir la multipolarité, la réforme de l’ONU pour la rendre plus représentative, et surtout l’évolution de la gouvernance et des règles du jeu de l’économie mondiale, pour les rendre plus justes.
Alliance économique et politique qui se veut une alternative aux structures internationales traditionnelles, ce groupe de nations représente plus de 40% de la population du monde et près d’un quart de son PIB. Le but de leur sommet annuel est d’affirmer leur place majeure sur la scène internationale, et de mettre en relief leur poids politico-économique,
en particulier au regard des Etats-Unis et de l’Union Européenne.
Considéré comme un contrepoids à la triade composée de l’Amérique du Nord, de l’Europe occidentale et du Japon, ce groupe représente un espoir pour tous les pays qui ont souffert pendant des décennies d’un ordre international qui les mettait dans la domination et la marginalisation.
Le succès et la pertinence de la raison d’être des BRICS, se mesurent aujourd’hui par la volonté d’une vingtaine de pays s’apprêtant à les rejoindre. Sur cette liste d’attente figurent le Nigéria, l’Arabie Saoudite, le Mexique, les Emirats Arabes Unis, l’Egypte, l’Indonésie, l’Argentine, la Turquie etc.…
La part considérable dans l’économie mondiale
Leur poids économique est de plus en plus considérable. Les données chiffrées du FMI datant d’Avril 2023, font état de ce que leur PIB en 2000 représentait 18,1% du PIB mondial en Parité de Pouvoir d’Achat (PPA). Aujourd’hui il est monté à 32,1% et pourrait atteindre 33,6% en 2028, beaucoup plus en 2030.
Le FMI prévoit que ce PIB va continuer à augmenter parce que la croissance des BRICS tirée par la Chine et l’Inde, est beaucoup plus forte que celle des pays occidentaux.
Le général français Dominique Delaware indique, d’après ses analyses, que le déclin des économies occidentales se poursuit inexorablement dans l’économie mondiale. C’est ainsi que le PIB américain qui ww à lui seul 50% du mondial au sortir de la guerre en 1945,
1945, est passé à 20,3% en l’an 2000, aujourd’hui il avoisine 15,4% et cette part se réduit d’année en année.
Quant aux Européens, la tendance est la même. Leur PIB qui était de 20,3% du PIB PPA mondial en l’an 2000 n’est que 14,6% aujourd’hui et continue de se réduire d’année en année.
Il en découle le constat que le poids économique des BRICS augmente, pendant que celui du monde occidental diminue. On pourrait alors imaginer ce que serait cette force économique dans les années à venir, lorsque la vingtaine de pays qui tapent actuellement à sa porte, finiront par l’intégrer. On assistera alors à la création d’un nouveau pôle qui confirmera le caractère multipolaire inévitable du monde.
Selon les prévisions de Goldman Sachs, à l’horizon 2050, 4 des 5 membres actuels de ce groupe qui dispose déjà d’une Banque de Developpement, feront partie du Top 5 des principales économies mondiales.
Or la domination de l’économie et de la finance mondiales par l’Occident relevait de son poids économique lourd, et surtout de la force du dollar devenu une monnaie internationale incontournable dans les échanges mondiaux, depuis qu’il a supplanté le livre sterling.
La contestation du dollar comme devise de réserve mondiale
Voilà que contre toute attente, et comme conséquence des sanctions occidentales infligées à la Russie du fait de son invasion de l’Ukraine,
cet Etat économiquement soutenu par les autres membres du BRICS, entreprend activement des initiatives pour dédollariser le commerce international.
En effet, Moscou prône de plus en plus les échanges en devises nationales pour vendre son pétrole et son gaz à ses partenaires. Une stratégie qui donne des idées à d’autres puissances régionales. Ces derniers mois, la Russie a entrepris diverses opérations visant à ne plus commercer avec la devise américaine dans le secteur énergétique.
Cette nouvelle politique commerciale a été confirmée par M. Alexandre Novak, vice-premier ministre russe à travers cette déclaration : « Les tendances vont vers la réduction de l’utilisation des dollars et Euros…Nous passons presque exclusivement au monnaies nationales. Nos partenaires en Chine paient déjà le gaz en Yuans, ainsi qu’une partie du pétrole. Ils paient aussi en roubles… »
Cette opération commence à faire tâche d’huile au sein des BRICS. En fin Mars 2023, la Chine a payé en yuans l’achat de 65.000 tonnes de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) aux Emirats Arabes Unis. La Russie vend déjà son pétrole et gaz en Roupie à l’Inde et en yuan à la Chine. De son côté, l’Inde aussi s’oriente vers cette direction.
Aussi a-t-elle récemment présenté sa nouvelle politique du commerce extérieur qui prévoit de mettre le paquet sur la roupie pour en faire une monnaie mondiale au détriment du dollar.
Le Brésil et l’Argentine se préparent à s’engager dans cette voie. Il en est de même de la Bolivie qui est disposée à vendre en monnaie nationale son minerai le lithium. Mieux, il est même envisagé la création d’une monnaie devise commune aux pays BRICS.
Au sujet de la mise en valeur des monnaies nationales au détriment du billet vert, l’analyste politique français, Monsieur Dominique Delawarde pense que : « Cette dédollarisation qui ne fait que commencer pourrait avoir des effets d’une ampleur inédite sur l’économie mondiale, boostant les économies s’affranchissant du dollar et précipitant le déclin des Etats qui s’accrochent aux règles désormais obsolètes du passé » Fin de citation.
La contestation du statut international du dollar que mijotaient depuis quelques années la Chine et la Russie en accumulant d’importantes quantités d’or, a été précipitée par la réaction occidentale dans son soutien à l’Ukraine. Il s’agit des sanctions économiques ainsi que du gel des réserves de change de la Russie et la confiscation des actifs des citoyens russes évalués à plusieurs milliers de milliards de dollars déposés dans les institutions financières américaines et européennes.
Dès lors, beaucoup de pays détenant des devises dans ces Etats, sont devenus frileux à l’idée que ce sort pourrait leur être réservé un jour pour une raison donnée ou par représailles.
Cette pratique injuste de nature à ne plus garantir la sécurité des avoirs étrangers dans ces lieux, a contribué à la justification de la politique de mise en cause du dollar en tant que devise de réserve mondiale.
La politisation du billet vert et de l’Euro, rendue tangible par le conflit ukrainien, renforce la détermination des BRICS à persévérer dans leur option. Le Gel et la confiscation des biens des pays et des citoyens étrangers dans les Etats occidentaux pour des raisons politiques, contredisent la conception fondamentale de l’économie libérale selon laquelle la propriété privée est inviolable, voire sacrée et minutieusement protégée.
La remise en cause progressive de l’ordre ancien avec l’émergence de nouvelles nations, mouvement à caractère irréversible, entrainera à l’avenir la perte de l’influence économique de l’occident, face à une puissance économique chinoise de plus en plus forte, au point d’en devenir à moyen terme la première mondiale.
Nécessité de la conformité à l’ordre mondial nouveau en gestation
La probabilité est forte quant à l’inacceptation de la première puissance mondiale de perdre sa place privilégiée actuelle. D’attentifs observateurs des scènes internationales, prévoient le recours à l’usage de la force pour empêcher la prédominance de la puissance économique chinoise, membre influent des BRICS.
Selon d’autres analystes, la création d’un nouveau foyer de tension dans cette zone d’Asie, n’est pas une solution dans la mesure où cette mutation s’inscrit dans l’ordre normal de l’évolution du monde qui, dans l’histoire ancienne, a connu à un moment donné, la décadence du tout-puissant Empire romain au bénéfice de nouvelles puissances émergentes.
En effet, depuis 50 ans déjà en 1973, Alain Peyrefitte, homme politique français avait prédit que « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». A cette époque, rares sont ceux qui y croyaient. L’auteur de cette prophétie était alors considéré comme un plaisantin. Aujourd’hui, les évènements lui donnent raison.
Comme l’a reconnu en 2020 un chef d’Etat européen, dans sa déclaration à la réunion de ses Ambassadeurs à l’étranger, « la fin de l’hégémonie occidentale s’annonce ». Le monde est en perpétuelle mutation et le refus ou la résistance à s’y adapter peut être source d’ennuis et de grandes difficultés.
Celui qui reconnait la force de la nature doit comprendre ces mutations qui relèvent de la volonté du Tout-Puissant. De ce point de vue, aucune force ne peut l’arrêter. Au lieu de la confrontation violente inutile et inopportune, le monde occidental ferait mieux de se conformer à ce nouveau paradigme, par une coopération sincère et mutuellement avantageuse avec les BRICS,
de s’y adapter par des stratégies appropriées en vue d’en tirer profit. Il s’agira de privilégier désormais la complémentarité au détriment de l’hégémonie qui a montré ses limites. Avec une volonté politique cela est possible.
TOTO A DIT dit Ooooo , crédit se doit d'être donné
à......
Jean-Pierre A. EDON
Ambassadeur, Spécialiste des questions internationales.