50 ans de lutte traditionnelle : le Sabre national de Kokowa officiellement ouvert à Tahoua

Tahoua a renoué avec l’un de ses plus puissants marqueurs identitaires dans une ferveur populaire et culturelle exceptionnelle. À l’arène des jeux Hamedine Maïdaré, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Sidi Mohamed Almahmoud, a officiellement donné le coup d’envoi de la 46e édition du Sabre national de Kokowa, grand rendez-vous de la lutte traditionnelle nigérienne, marquant le cinquantenaire de l’institutionnalisation de la compétition. Pendant 10 jours, 128 grands lutteurs, 16 par région, s’affronteront dans la fraternité et le respect pour conquérir le prestigieux titre de "Roi de l’arène".

Placée sous le thème « 50 ans de Kokowa : au cœur de la Souveraineté, du Patriotisme et de la Refondation du Niger », cette édition dépasse le simple cadre sportif. Elle se veut un moment de mémoire, de transmission et de réaffirmation des valeurs fondatrices de la nation. Devant une foule nombreuse, rehaussée par la présence de plusieurs personnalités civiles, militaires, coutumières et sportives, le ministre a rendu un hommage appuyé aux pionniers de la discipline, qualifiée de "sport roi" au Niger.

« Coïncidant avec le cinquantenaire de l’institutionnalisation du championnat national de la lutte traditionnelle, cette édition ne célèbre pas seulement une compétition, mais cinquante années d’histoire, d’héritage, de passion, de sueur et de victoires », a-t-il déclaré, salué par les applaudissements d’un public porté par la richesse culturelle et artistique de la cérémonie d’ouverture.

Pour le ministre Sidi Mohamed Almahmoud, Kokowa a su traverser le temps sans perdre son âme. « Cinquante années durant lesquelles notre lutte a préservé son authenticité, devenant un symbole d’unité, d’identité et de résilience pour l’ensemble du peuple nigérien, tout en s’adaptant aux exigences du sport moderne », a-t-il souligné, voyant dans la forte mobilisation populaire « la preuve de l’attachement des Nigériens à la patrie, à leurs valeurs culturelles et ancestrales, ainsi que de leur détermination à les défendre ».

Appelant à vivre pleinement cet événement, il a exhorté les participants et le public à être fiers de « cet engagement individuel et collectif qui, au-delà de la symbolique sportive, plonge le pays au cœur de son identité culturelle ».

Un héritage vivant, transmis de génération en génération

Dans un discours empreint de solennité, le ministre a rappelé que Kokowa est bien plus qu’un sport. « Elle est un héritage transmis par nos ancêtres, un art, un rite, une école de courage et de loyauté », a-t-il affirmé. Selon lui, dans chaque village, chaque canton et chaque région, la lutte traditionnelle a façonné des générations, forgé des caractères et révélé des champions dont la renommée dépasse les frontières nationales.

À travers le Sabre national, ce sont, a-t-il insisté, « nos valeurs les plus nobles qui s’expriment : le respect, la bravoure, l’honneur, la solidarité et l’excellence ». Des valeurs qui, a-t-il précisé, fondent la vision portée par le Président de la République, Chef de l’État, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, pour bâtir l’avenir de la jeunesse dans un Niger « libre, souverain et prospère ».

Le membre du gouvernement a également tenu à inscrire cette célébration dans le devoir de mémoire. « C’est le moment de penser à ceux qui, il y a un demi-siècle, ont posé les premières pierres de cet événement. Leur vision et leur engagement ont permis à ce rêve sportif de devenir une réalité durable », a-t-il témoigné, avant de rendre, au nom du Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine, un hommage appuyé aux anciens lutteurs, encadreurs, champions d’hier, fédérations successives, promoteurs et mécènes. À tous ceux qui, dans l’ombre ou la lumière, ont contribué à faire de la lutte une fierté nationale, il a exprimé « la gratitude et la reconnaissance de la Nation ».

Les médias salués pour leur rôle de relais

Dans cette dynamique de reconnaissance, le ministre n’a pas oublié le rôle des médias. Il a adressé une mention spéciale à la RTN, la TDN, l’ONEP, l’ANP, la presse privée et en ligne, ainsi qu’aux web-activistes et influenceurs, grâce auxquels « cet événement est suivi à travers le monde ».

Avant lui, le président de la Fédération nigérienne de lutte (FENILUTTE), M. Ounfana Moussa, avait pris la parole pour situer les enjeux de cette édition. Dans le contexte actuel, a-t-il déclaré, « le Sabre national Kokowa est plus qu’un événement sportif et culturel ; il s’inscrit dans une logique de valorisation des traditions nationales et constitue un outil stratégique pour renforcer l’unité et raviver les repères dans le vaste chantier de la Refondation engagé depuis 2023 ».

Il a appelé à la transmission de la discipline aux jeunes générations, estimant qu’il est du devoir des acteurs de la lutte de promouvoir cette pratique afin d’assurer la pérennité de la culture et des valeurs ancestrales, au service de la souveraineté nationale.

128 lutteurs en lice et un appel au fair-play

Cette 46e édition réunit 128 grands lutteurs, à raison de 16 par région, qui s’affronteront durant dix jours dans un esprit de fraternité et de respect, avec à la clé le titre convoité de "Roi de l’arène". Le président de la FENILUTTE a salué l’engagement des partenaires traditionnels, notamment Niger Télécom, sponsor officiel, ainsi que la RTN, la CNSS, la SONIBANK, la NIGELEC, ANIMAS SUTURA, la SONIDEP, la presse privée et les opérateurs économiques.

Souhaitant donner un éclat particulier à la compétition, M. Ounfana Moussa a lancé un appel ferme à la discipline et au respect des règles. Il a exhorté les responsables fédéraux et ligues à bannir les comportements préjudiciables, invité les arbitres à faire preuve d’impartialité et rappelé aux lutteurs que leur détermination et leur talent constituent une source d’inspiration nationale.

Avant de conclure, il a adressé ses remerciements aux autorités administratives et coutumières ainsi qu’à la population de Tahoua, saluant « leur hospitalité légendaire et chaleureuse ».

À Tahoua, le Sabre national Kokowa 2025 est désormais lancé, dans une ambiance où se mêlent tradition, compétition et fierté nationale, fidèle à cinquante ans d’histoire et résolument tourné vers l’avenir.

actuniger.com avec ANP