ombre femmeLa vengeance est un plat qui se mange froid, dit l’adage. Et Mani va en faire l’amère expérience. Il ne s’était jamais imaginé que derrière le visage si doux de sa nouvelle conquête se cachait la vengeance de son ex fiancé.

A peine deux mois après sa dispute et sa séparation avec Atou que par un bel après midi il avait rencontré celle qui allait faire son malheur. Bien évidemment, Soraya n’avait pas manifesté son intention de nuire. Charmante et attirante, elle n’avait pas eu besoin de donner plus que ce que la nature lui a donné pour faire tomber Mani dans son piège. Puis les choses sont parties comme sur des roulettes entre le tourtereau et la tourterelle. Contrairement à ses précédentes victimes, Soraya ne se laissait pas faire. Sans doute parce qu’elle savait d’avance avec quelle sauce, Mani dévorait ses « plats ». Disons qu’elle a été bien préparée pour la circonstance. Elle savait ce qu’elle voulait. Son objectif était bien ficelé dès le départ : donner une leçon inoubliable à ce briseur de coeur. Et c’était sa soeur Atou qui l’a mise sur ce coup. Cette dernière était une des nombreuses victimes de Mani.

Il lui avait vraiment brisé le coeur. Il y avait de quoi faire payer à Mani ce qu’il lui avait fait. Le mec avait pris des engagements auprès de ses parents qu’il n’avait pas respectés. Et pas n’importe lesquels ! Une date était convenue entre les deux amoureux pour la demande en mariage. Le jour j, alors que les parents et connaissances de la fille attendaient la délégation du futur jeune marié, coup de théâtre ! La demande avait été formulée dans un autre lieu, pour une autre fille. Et Atou de connaitre la plus grande dépression de sa vie. Difficilement, elle réussit à surmonter la terrible épreuve. Dans sa douleur, elle avait soigneusement échafaudé son plan, celui de rendre à Mani la monnaie de sa pièce, d’où l’intrusion de Soraya dans sa vie. Voilà pour la parenthèse. Soraya, la demi-soeur d’Atou, s’était bien prêtée au jeu. Auparavant, Mani ne connaissait rien de son existence. Du moins, il ne l’avait jamais vu de telle sorte qu’il ne pouvait pas s’attendre à un piège.

Car Soraya n’habitait pas Niamey comme sa grande soeur. Elle vivait même hors du pays depuis sa tendre enfance et était rentrée au bercail pour les grandes vacances. Mani s’était donc affolé pour la pulpeuse vacancière. Il la voulait pour lui tout seul. Responsable d’une grande boite de transit, il dépensait l’argent sans compter. En l’espace d’un mois, le « Casanova » avait offert à sa nouvelle conquête une voiture RAV 4. Jusque-là, il n’avait rien détecté d’anormal. Soraya vivait au quartier Poudrière, chez une de ses tantes, loin du Lazaret d’Atou. Il ne pouvait donc faire une quelconque connaissance entre les deux âmes. Il ne pouvait s’imaginait que dans les deux corps vivait le même esprit : celui de la vengeance. Mani avait pris la sérieuse décision de demander la main de Soraya. Il avait exprimé à la jeune fille sa noble intention de faire le premier pas, c'est-à-dire de venir rencontrer ses parents. Le rendez vous fut pris un samedi après la dernière prière du jour.

Vers 21 heures, donc, Mani, flanqué de deux de ses amis, se pointa chez les Soraya. La surprise fut totale pour lui. Il se retrouva nez à nez avec avec Atou, ses parents et certaines de ses amies. C’est sous une pluie d’insultes et de pierres que Mani et ses accompagnants quittèrent le lieu. Voilà qui prendra du temps avant de se fiancer.

Maizoumbou

LE TROISIEME OEIL